III. LES
CONSÉQUENCES DE LA COMPLAISANCE DANS LE CHANGEMENT DE SERIE
La complaisance dans le changement de série des
élèves a toujours des conséquences néfastes sur
leur scolarité. Même si certains d'entre eux réussissent
par cette manière de faire comme dit un des répondants, bon
nombres sont en déperdition. D'après les informations recueillies
à ce sujet, 39 soit 76,47% des répondants reconnaissent que la
complaisance dans le changement de série a des conséquences sur
l'apprentissage de l'élève contre 12 soit 23,52%. La statistique
du tableau no18, les réponses des répondants ont
été répartis comme suit : 24 soit 47,05 % aux
collèges publics, 8 soit 15,64% dans les collèges communautaires,
4 soit 7,84% aux collèges privés et 4 soit 7,84% dans les
lycées. Les enquêtés avancent comme conséquences la
complaisance de changement de série, la démotivation des
élèves et la déperdition scolaire.
III.1. La
démotivation des élèves
La démotivation des élèves intervient
après plusieurs échecs quand ceux-ci n'arrivent pas à
passer en classe supérieure, ou à obtenir un diplôme qui
leur permet de s'intégrer dans la vie active. Depuis la
déclaration de l'an 1 de la renaissance de l'école tchadienne, la
démotivation des élèves est grandissante de manière
générale au Tchad et particulièrement dans le
département de la Kabbia. L'admission en classe supérieure
devient de plus en plus difficile, l'ouverture à la vie active semble
obscure du fait de l'obtention d'un diplôme comme le baccalauréat
que tous les élèves espèrent.
Ainsi, pendant nos entretiens, nos répondants
affirment que la démotivation des élèves est assez grande
et s'observe à travers le désengagement des élèves
dans les études.
C'est pourquoi, à la rentrée, les
élèves trainent le pas avant de reprendre le chemin de
l'école. Certains conservent leur place en s'inscrivant et continuent
à s'occuper de leur champ, alors que d'autres attendent le mois de
janvier avant de se réveiller de l'école. Bien qu'ils soient
inscrits, ils sont irréguliers aux cours et se justifient de leur
redoublement, oubliant que leur échec résulte d'une insuffisance
des connaissances acquises. Ce qui les surprend toujours dans les examens et
concours.
Au lycée de Pont Carol, par exemple dans les classes
de terminale, un nombre important des inscrits ne viennent pas à
l'école. Certains élèves choisissent quelques
matières où ils peuvent juste venir assister au cours et le reste
des matières ne leur dit absolument rien. C'est pourquoi, en terminale
scientifique, les élèves assistent massivement aux cours de
mathématique, de biologie et de physique et chimie. Par contre en
série littéraire, ils sont nombreux aux cours de français,
de philosophie, d'anglais et d'histoire géographie. Ces
décrocheurs qui se considèrent comme des tomes assistent à
certains cours juste pour perturber le professeur dans sa progression. Ils se
contentent non pas de suivre les cours mais de poser des questions juste une
manière de retarder la progression et perturber les nouveaux
élèves.
On ne peut faire la différence entre ces
élèves confondus aux paysans devant la boisson oubliant
même qu'ils sont des élèves. La révision des cours,
les entrainements et autres activités ne sont pas faits par ces
élèves. Ils n'ont donc aucun emploi personnel de travail et se
contentent des promenades inutiles qui font partie de leur première
activité.
Ainsi, dans certains villages par exemple on ne peut voir un
élève sortir avec un cahier pour étudier. Dans les classes
intermédiaires malgré les notes catastrophiques, les
élèves ne s'engagent guère dans les études afin de
fournir des efforts pour passer en classe supérieure. Certains
élèves, une fois fourni les dossiers, quittent pour regagner le
village et ne reviennent que le jour d'examen juste pour composer. D'autres par
contre commencent les cours en janvier juste une manière de fournir les
dossiers. La composition des devoirs ou d'un examen blanc n'est pas leur
affaire. Ils ne composent ni les devoirs de classe ni le bac blanc
organisé par la direction sauf au bac noir.
Dans un autre établissement, on nous fait savoir que
les élèves n'ont pas le goût de l'école.
Malgré que les professeurs aient la volonté d'organiser les cours
de soutien, on constate que très peu d'élèves sont
motivés. Ce qui aboutit souvent à la suspension de cette
activité qui va plus dans l'intérêt des
élèves. C'est pourquoi le répondant nous fait comprendre
qu'il n'existe pas de groupe d'entrainement entre élèves et
enseignants.
Dans certains lycées, on constate une pratique qui
démotive l'élève dans les études surtout en classe
de terminale quand il s'agit de constituer les dossiers au baccalauréat.
Ce dossier renferme certaines pièces parmi lesquelles le bulletin de
notes de premier trimestre avec une moyenne supérieure ou égale
à 10 sur 20. Cependant, d'après nos enquêtes, les
bulletins sont disponibles et en vente. C'est ainsi que note
l'enquêté en ce termes : « Les notes pour
constituer les dossiers de bac sont établies par l'administration et
vendues aux élèves au prix de 2000fcfa ». Selon
l'intéressé, les élèves ne déploient pas
assez d'efforts pour avoir même les moyennes au premier trimestre ni
même au semestre. Ce qui les amène souvent à abandonner
l'école.
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