II.2. La non prise en
compte du conseil d'orientation
Le conseil d'orientation est l'organe suprême qui permet
aux établissements d'orienter les élèves
conformément dans leur série et selon leur mérite. C'est
pourquoi, un élève qui a subi une bonne orientation ne peut avoir
de grandes difficultés dans sa série. Constatant l'échec
constant ces dernières années, le problème d'orientation
se révèle d'une importance capitale. Dans nos entretiens, les
informations recueillies nous laissent entendre que la décision du
conseil d'orientation n'est pas prise en compte par les chefs
d'établissement. Ce manque de prise en compte de conseil d'orientation
s'explique par diverses raisons selon nos informateurs.
Pour un des répondants, les chefs
d'établissement pour maintenir leur relation sociale, acceptent
réorienter les élèves considérés comme des
cas sociaux. Le répondant note qu'au lycée de Ngueté, ce
cas a été signalé où trois élèves ont
été réorientés quand ils ont changé
l'établissement pour se retrouver en ballottage au lycée moderne
de Kélo. Cela est donc un risque, souligne l'intéressé qui
se plaint de cette manière de désorienter les
élèves et s'interroge sur les causes de cette
désorientation. Les impressions de notre enquêté au
lycée de Pont Carol apportent quelques éléments de
réponse. L'intéressé souligne que le retour des chefs
d'établissement contre le conseil d'orientation s'explique par le manque
de protection. Pour lui la hiérarchie n'est pas présente dans ce
que font les chefs d'établissement et écoute plus la population
que ces derniers.
Ainsi, mécontent d'une décision prise par un
chef d'établissement pour arranger une situation pourrie dans
l'établissement, un paysan se met à écrire contre ce
dernier et son écrit est toujours pris en compte. L'État
écoute plus la population que les techniciens sur le terrain et pour
vous intimider, on vous brandit la démocratie. C'est ce qui se passe de
nos jours dans le Département de la Kabbia. Cette manière
d'écrire sur les fonctionnaires en général et les chefs
d'établissement en particulier a poussé le gouverneur de la
région du Mayo- kebbi Est lors de sa tournée à attirer
l'attention de la population de leurs écrits sur les responsables en ces
termes : « j'ai assez mare de vos écrits et que trop
c'est trop, je ne veux plus recevoir les écrits de la population contre
les agents de l'État ». Cela signifie que les agents de
l'État sont quelque fois frappés par des écrits de la
population à l'egard de toutes innovations dans un établissement.
C'est pourquoi le conseil d'orientation n'est pas pour la plupart pris en
compte par les chefs d'établissement.
Pendant la tenue du conseil d'orientation, il est
décidé le passage des élèves en classe
supérieure et l'orientation des élèves dans leur
série. De manière générale, un élève
doit avoir une moyenne générale de 10/20 pour aller en classe
supérieure. Compte tenu du niveau des élèves, le conseil
décide à sa manière de faire passer les
élèves. Ainsi, il peut descendre en dessous de cette moyenne pour
déclarer l'admissibilité des élèves. Cette moyenne
arrêtée est donc connue de tous le personnel de
l'établissement en général et des professeurs en
particulier.
Ainsi, au remplissage comme au calcul
des moyennes, les enseignants savent déjà les admis et les
redoublants. Ces bulletins sont déposés à la signature
avec la liste des élèves qui reprennent, qui sont admis et
exclus. Ainsi, validé par la signature et le cachet administratif, le
travail des élèves est donc consommé. Cependant, on
constate à la reprise suivante que non seulement les
élèves qui redoublent passent en classe supérieure, mais
également ceux qui sont exclus. C'est pourquoi dans un
établissement, un proviseur intérimaire a fait passer en seconde
tous les élèves de la troisième qui ont repris leur classe
avec une moyenne de 8,00/20. Ce qui était donc considéré
comme une trahison pour le conseil d'orientation et le chef
d'établissement. Pourtant, le redoublement d'un élève est
dû à un déficit d'acquisition des connaissances par
celui-ci.
Ce déficit s'il n'est pas comblé
poursuit l'élève tout au long de son parcours scolaire. Cette
manière de faire non seulement a des conséquences néfastes
sur les élèves mais également décourage les
enseignants qui sont les décideurs de ce conseil. Cette pratique n'exclu
pas l'orientation même des élèves dans leur série
respective. En effet, les élèves subissent une
réorientation à la rentrée suivante. Surpris de les voir
dans une série dans laquelle ils n'ont pas été
orientés, l'on finit par se demander comment ceux-ci ont fait ?
Certains élèves mecontents de leur orientation négocient
avec le chef d'établissement en vu de changer l'établissement.
Les cas sont multiples. Dans un établissement, un parent demande au chef
d'établissement d'établir un bulletin pour son enfant qui
redouble afin qu'il passe tout en lui changeant l'établissement. Ainsi,
la non prise en compte du conseil d'orientation a des conséquences
néfastes sur l'orientation des élèves.
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