II. LA CONTESTATION
D'ORIENTATION PAR LES ÉLÈVES
La contestation est l'action de contester ou remettre
en cause quelque chose. C'est une discussion, un désaccord sur le bien
fondé d'un fait, d'un droit différant. C'est la remise en
question systématique de l'ordre, de conceptions dominantes au sein d'un
groupe de la société. Dans nos entretiens il ressort que 40 soit
80,39% des répondants ont reconnu que l'orientation des
élèves est toujours contestée. Conformément au
tableau no17, nous avons répartis les données comme
suit : 22 soit 43,13% dans les collèges publics, 7 soit 13,72% de
répondants aux collèges communautaires, 3 soit 5,88% aux
collèges privés et 9 soit 17,64% dans les lycées. Nos
enquêtés expliquent cette contestation par l'ambition de choix de
série des élèves et la non prise en compte du conseil
d'orientation par les chefs d'établissement.
II.1. L'ambition de choix
de série des élèves
De nos jours, la campagne ou publicité en
faveur de série fait que l'enfant s'embarque par ambition dans une
série où il ne maitrise pas. Pour la plus part des
répondants, l'orientation des élèves dans leur
série est faite par un choix d'ambition. Ce choix de série par
les élèves s'explique par diverses raisons selon eux.
- L'avènement de la nouvelle technologie de
l'information et de la communication est pour les élèves, une
source tendant à déterminer le choix de ces derniers. Cette
nouvelle technologie attire beaucoup des personnes en général et
les élèves en particulier, les amène à opter pour
une série scientifique. Chacun cherche par tous les moyens à
devenir un technicien pour se prendre en charge que de continuer à faire
des longues études. Cette réalité se vit bien dans
l'enseignement secondaire en général et celui du
Département de la Kabbia en particulier. C'est pourquoi conclut un de
nos répondants qui note que l'orientation des élèves est
basée sur un choix d'ambition et par imitation.
-La campagne en faveur de la série
scientifique embarque bon nombre des
élèves rien que de nom. En effet, certains enseignants
scientifiques passent tout leur temps en salle en train de faire l'éloge
de cette série considérée comme la seule vraie
série. Attirés par ce commentaire et en voulant imiter
l'enseignant, les élèves optent pour cette série qui selon
eux les conduirait sur la trace de ce professeur. C'est pourquoi un chef
d'établissement nous laisse entendre que l'ambition de choix de
série par les élèves est juste un plaisir de se glorifier
en soit disant qu'on est en terminale D, C ou E. C'est un simple orgueil des
élèves qui les amène à ce choix dont ils ne sont
pas capables de mesurer les conséquences. Ainsi, ils négligent la
série littéraire considérée comme une série
des femmes et une orientation dans une telle série est toujours
contestée. Au lycée de Tagal par exemple, notre
enquêté nous apprend que l'orientation des élèves
est faite par un choix d'ambition. Les élèves orientés en
première littéraire se retrouvent en première scientifique
et tiennent des propos comme quoi la série littéraire est une
série des femmes. C'est pour cette raison que certains
élèves imitent leurs camarades dans cette option.
- L'envie de gagner rapidement son pain pousse
également les élèves à choisir la série
scientifique qu'ils considèrent comme une série d'embauche. Vu le
besoin qui se pose à l'État en matière des enseignants
scientifiques et plus précisément le quota qu'accorde celui-ci
pour le recrutement de ces derniers à la fonction publique, le choix de
cette série devient une nécessité pour les
élèves. Ils optent pour cette série, une manière de
réduire le tes de chômage après leur formation. C'est donc
dans ce souci de gagner le plus tôt que possible son pain que les
élèves, malgré leurs insuffisances dans la connaissance
des matières scientifiques, optent dans celle-ci sans s'inquiéter
de leur niveau. Ce choix est pour eux une manière d'éviter de
chômer longtemps après leur formation, car ils constatent que la
plupart des chômeurs sont des littéraires.
-La promesse de certains parents amène les
élèves à choisir une série qu'ils ne
métrisent pas, donc un choix par ambition. Selon un répondant,
certains parents demandent à leurs enfants d'opter pour la série
scientifique avec promesse de les envoyer à l'extérieur
après l'obtention de leur baccalauréat. Attirés par une
telle promesse et pour ne pas perdre une telle chance, les élèves
malgré leur lacune, utilisent tous les moyens nécessaires afin
d'en arriver à ce choix qui a pour ambition d'aller étudier
à l'extérieur. C'est pourquoi un répondant souligne que
certains parents mêmes lettrés interviennent pour demander
l'orientation de leurs enfants en série scientifique. Selon lui, ces
parents ont une vision de leurs enfants après leur réussite au
baccalauréat scientifique. Pour ces raisons, certains parents, bien que
leurs enfants soient orientés en série littéraire,
interviennent auprès de chef d'établissement pour plaider leur
réorientation et avancent comme raison qu'il s'en chargera
personnellement d'eux.
- Le choix de série est occasionné par
les pratiques des enseignants et des chefs d'établissement. La part des
enseignants se traduit par l'attribution des notes d'affinité en vue
d'aider leurs petits frères à choisir la série
scientifique. C'est pourquoi un enquêté souligne que : «
la mauvaise orientation est l'oeuvre des enseignants du milieu ».
Selon lui, ce sont les enseignants du milieu qui favorisent le choix aux
enfants en leur attribuant des notes fictives. C'est ainsi que dans un
établissement, l'enquêté nous fait comprendre qu'un
professeur de mathématique a attribué aux élèves
des notes arbitraires allant de 10/20 à 18/20 dans l'objectif de les
orienter en série scientifique. Pour cet intéressé non
seulement les enseignants attribuent des notes arbitraires mais font l'avocat
des élèves quand il s'agit de leur orientation.
-Parlant des évaluations non rigoureuses, les
intéressés reconnaissent que le choix par ambition trouve sa
source dans les évaluations qui ne sont pas surveillées
occasionnant la tricherie qui aboutit à une orientation boiteuse. Cette
manière de faire relève du non qualification des enseignants et
leur manque de morale professionnelle. Comme les évaluations ne sont pas
surveillées dans les établissements, on aboutit souvent à
une orientation qui est celui de choix des élèves. Ainsi, au
collège privé Doungkangson, notre répondant laisse
entendre que « les élèves sont orientés sous
leur demande du choix de série et non sur leur
mérite ». Ceci est donc de la responsabilité du chef
d'établissement. Il pointe du doigt le favoritisme des enseignants et la
corruption dans l'orientation. Pourtant, le conseil d'orientation est le seul
organe de régulation de l'orientation des élèves. Mais il
semble selon un autre informateur qu'il est difficile de suivre le principe
d'orientation des élèves. C'est donc ce manque de principe qui
affecte l'orientation des élèves ; d'où on assiste au
choix de série par ambition, encouragé par les parents, les
enseignants et même les administrateurs.
Cette orientation est perçue par notre
répondant du collège de Berem Ngola comme une situation
lamentable. Pour lui, si certains élèves se retrouvent sans
série, c'est parce qu'ils ont été
désorientés par les parents, les chefs d'établissement et
les enseignants suite à l'attribution des notes arbitraires et
achetées. Pour l'intéressé, les enseignants attribuent
d'une part des notes aux élèves et les chefs
d'établissement falsifient d'autre part les bulletins pour les orienter.
C'est donc cette facilité qui permet aux élèves de changer
comme ils veulent leur série. Cette idée intègre l'opinion
de notre répondant du lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya qui
soutient que le changement de série est une bonne manière dans la
mesure où certains élèves réussissent. Cela
n'intègre par contre pas l'opinion du répondant du lycée
et collège de Domo Dambali qui soutient que changer une série
n'est pas bon dans la logique des choses. Pour lui même si
l'élève arrive à obtenir le diplôme, il a toujours
des difficultés à poursuivre ses études supérieures
et les conséquences de son ballotage retombent sur les
élèves quant celui-ci sera recruté pour enseigner. Ainsi,
le changement de série est accepté par les chefs
d'établissement qui accordent les chances aux élèves en
échec. Ce changement de série ne tient guère du conseil
d'orientation qui est dont l'organe suprême.
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