I.2. La
subjectivité dans l'orientation des élèves dans leur
série
L'orientation est un conseil donné aux jeunes
par un personnel spécialisé afin de les aider à choisir
les programmes d'enseignement, la profession ou la carrière qui
correspondent les mieux à leurs aptitudes et à leurs centres
d'intérêts tout en tenant compte de leurs résultats
scolaires. Selon nos entretiens et en référence au tableau
no 16, 44 soit 86,27 répondants ont reconnu la
subjectivité dans l'orientation contre 7 soit13, 72%. Ces
données reparties selon les établissements nous laissent voir que
23 soit 45,09% reconnaissent cet état des faits dans les collèges
publics, 9 soit 17,64% les reconnaissent dans les collèges
communautaires, 2 soit 3,92% dans les collèges privés et 10 soit
19,60% dans les lycées. Voici comment ils s'expriment. Faisant un
aperçu historique, notre répondant du collège de
Djodo-Gassa souligne que par le passé, pour l'orientation, on remettait
une fiche que l'intéressé avant de remplir, la présente
aux parents en cochant la série qu'il désire et le chef
d'établissement à son tour fait recourt à ses bulletins
depuis l'entrée de l'élève en sixième.
C'était donc de cette manière qu'on orientait les
élèves. Il note que de nos jours, les enfants sont
orientés par rapport à leurs deux bulletins sans tenir compte de
leur parcours. Ceci intègre l'opinion de notre répondant du
lycée Maldom-Bada-Abbas de Gounou-Gaya qui reconnait quant à lui
que c'est le retard, les lacunes dans les écoles primaires et les
colleges qui poursuivent les élèves au second cycle. C'est donc
le manque du sérieux au fondamental qui poursuit les
élèves aux secondaires.
Au lycée de Leo Mbassa, on nous fait comprendre que
toutes les formes des pratiques entrent en jeux dans l'orientation des
élèves. Certains professeurs choisissent uniquement les classes
de seconde sous prétexte qu'ils sont pour l'orientation et orientent les
élèves non pas selon le mérite mais plutôt selon le
désir des élèves. À ce sujet, on note l'absence de
contrôle strict dans les évaluations précisément en
seconde occasionnant la tricherie qui aboutit souvent à une orientation
boiteuse. Le manque de rigueur dans les évaluations fait que les sujets
de troisième sont donnés en seconde. Suite à la campagne
de série que font certains enseignants pour attirer les
élèves dans la série scientifique, les
élèves trichent pour se jeter dans cette série sans
connaissance de la matière. Cette campagne en faveur de la série
scientifique embarque les élèves dans un choix par ambition,
juste de nom. Cette campagne ou publicité de série embarquent
même les nulards dans la série non préférée.
C'est pourquoi certains élèves font une auto-orientation en
négociant soit avec les professeurs principaux, soit avec le chef
d'établissement car, ils trouvent que la réussite est beaucoup
plus dans la série scientifique et il faut y aller par tous les moyens.
Certains parents à travers leur vision sollicitent que
leurs enfants soient orientés en série scientifique pour vite
réussir. Pour ces raisons, on assiste à une orientation des
élèves par affinité d'où l'attribution des notes
fictives par les professeurs. Il y a aussi selon lui une orientation par
copinage. Les relations enseignant-élève jouent un rôle
important et les élèves évoluent à cette
manière de faire. La présence nombreuse des enseignants
contractuels à la recherche d'un petit moyen de vivre fait que ceux-ci
marchandent les notes avec les élèves pour les orienter dans leur
série préférée.
Ce qui fait dire à notre répondant du
collège Maldom-Bada Abbas de Gounou-Gaya que l'orientation des
élèves n'est pas bien faite en ce sens que malgré la
décision du conseil d'orientation, les élèves
négocient leur orientation soit par le biais de leurs frères
enseignants ou directement avec le chef d'établissement. C'est une
lourde responsabilité souligne un chef d'établissement qui
reconnait qu'il n'y a pas une orientation faite par les techniciens, en
l'occurrence des enseignants qualifiés qui maitrisent les
élèves. Les parents préfèrent négocier avec
l'équipe d'orientation pour que leurs enfants soient orientés en
série scientifique. C'est pourquoi, certains professeurs font l'avocat
des élèves qui en réalité ne méritent pas
d'être orientés en série scientifique.
La part de responsabilité des chefs
d'établissement dans l'orientation des
élèves est non négligeable. Tout commence depuis
l'entrée en sixième où chaque chef d'établissement
cherche un meilleur pourcentage pour son école. Pour cette raison, ils
grossissent les moyennes pour faire passer les élèves. Au
secondaire, bien que le chef d'établissement soit le président du
conseil d'orientation, bien que sa voix soit prépondérante,
certains chefs d'établissement abusent de leur pratique dans la remise
en cause du conseil d'orientation. Cette manière de faire se traduit
par l'acceptation des revendications des élèves d'où la
corruption dans l'orientation de ceux-ci.
Pour un autre répondant, les chefs
d'établissement falsifient les bulletins des élèves pour
les orienter. Ces notes sont donc attribuées en contrepartie pour
favoriser les élèves dans leur choix d'orientation. Il n'y a pas
un travail sérieux fait par les enseignants et les chefs
d'établissement dans l'orientation des élèves.
Au collège de Djodo Bissera par exemple, on
nous fait comprendre que l'orientation n'est pas bien faite car la grande
partie des élèves sont orientés en première
scientifique. Pour ce répondant, le directeur n'a pas provoqué un
conseil d'orientation et a orienté les élèves seul. C'est
pourquoi note l'intéressé que tous ces élèves
orientés par le directeur, arrivés au grand lycée de
Djodo-Gassa ne tiennent plus et demandent eux-mêmes qu'on les
réoriente. Ce qui n'est pas du tout normal selon
l'intéressé qui reconnait que l'orientation des
élèves relève de la compétence du conseil
d'orientation.
Toujours à ce sujet, un autre répondant,
reconnaissant le manque des enseignants qualifiés et le manque de
professionnalisme des chefs d'établissement, nous apprend que ceux-ci
modifient les notes sur les bulletins d'élèves et les chefs
d'établissement demandent aux élèves qui veulent passer en
classe supérieure ou aller dans la série scientifique de donner
une somme de 10000 FCFA. C'est pourquoi selon toujours
l'intéressé, certains parents vont directement voir le chef
d'établissement pour négocier l'orientation de leurs enfants tout
comme le passage en classe supérieure. Ainsi, l'intéressé
conclut que les bulletins sont refaits soit par le chef d'établissement
lui-même ou encore remis à un des ses enseignants. Ce qui fait
qu'on ne peut parler d'une orientation dans la mesure où les
élèves sont orientés sur la demande et les chefs
d'établissement prennent eux de l'argent pour orienter ces derniers.
Le problème d'orientation se pose et peut en
être une des causes de l'interruption du cursus scolaire des
élèves qui ont subi une mauvaise orientation. Cette mauvaise
orientation poursuit les élèves même dans les études
supérieures. En effet, il arrive que certains étudiants fassent
leur choix de filière par ordre de préférence et se
retrouvent en fin de compte dans une filière qu'ils
préfèrent moins ou même qu'ils n'ont même pas
choisie. Cette mauvaise orientation décourage souvent les
étudiants qui se sentent obligés de poursuivre des études
qu'ils n'aiment pas ou n'ont pas envisagé faire. Par conséquent,
leur rendement scolaire se trouve affecté causant la plus part du temps
des redoublements et des renvois en cours de cycle. Cela interpelle une fois de
plus les comités d'orientation des élèves et
étudiants à respecter la première option du candidat pour
éviter la contestation par les élèves.
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