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Gestion administrative et pédagogique des établissements et rendement interne des écoles: cas des lycées du département de la Kabbia au Tchad


par Kadakna BAISSANA
Université de Maroua - Master 2 2014
  

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I.2. La subjectivité dans l'orientation des élèves dans leur série

L'orientation est un conseil donné aux jeunes par un personnel spécialisé afin de les aider à choisir les programmes d'enseignement, la profession ou la carrière qui correspondent les mieux à leurs aptitudes et à leurs centres d'intérêts tout en tenant compte de leurs résultats scolaires. Selon nos entretiens et en référence au tableau no 16, 44 soit 86,27 répondants ont reconnu la subjectivité dans l'orientation contre 7 soit13, 72%. Ces données reparties selon les établissements nous laissent voir que 23 soit 45,09% reconnaissent cet état des faits dans les collèges publics, 9 soit 17,64% les reconnaissent dans les collèges communautaires, 2 soit 3,92% dans les collèges privés et 10 soit 19,60% dans les lycées. Voici comment ils s'expriment. Faisant un aperçu historique, notre répondant du collège de Djodo-Gassa souligne que par le passé, pour l'orientation, on remettait une fiche que l'intéressé avant de remplir, la présente aux parents en cochant la série qu'il désire et le chef d'établissement à son tour fait recourt à ses bulletins depuis l'entrée de l'élève en sixième. C'était donc de cette manière qu'on orientait les élèves. Il note que de nos jours, les enfants sont orientés par rapport à leurs deux bulletins sans tenir compte de leur parcours. Ceci intègre l'opinion de notre répondant du lycée Maldom-Bada-Abbas de Gounou-Gaya qui reconnait quant à lui que c'est le retard, les lacunes dans les écoles primaires et les colleges qui poursuivent les élèves au second cycle. C'est donc le manque du sérieux au fondamental qui poursuit les élèves aux secondaires.

Au lycée de Leo Mbassa, on nous fait comprendre que toutes les formes des pratiques entrent en jeux dans l'orientation des élèves. Certains professeurs choisissent uniquement les classes de seconde sous prétexte qu'ils sont pour l'orientation et orientent les élèves non pas selon le mérite mais plutôt selon le désir des élèves. À ce sujet, on note l'absence de contrôle strict dans les évaluations précisément en seconde occasionnant la tricherie qui aboutit souvent à une orientation boiteuse. Le manque de rigueur dans les évaluations fait que les sujets de troisième sont donnés en seconde. Suite à la campagne de série que font certains enseignants pour attirer les élèves dans la série scientifique, les élèves trichent pour se jeter dans cette série sans connaissance de la matière. Cette campagne en faveur de la série scientifique embarque les élèves dans un choix par ambition, juste de nom. Cette campagne ou publicité de série embarquent même les nulards dans la série non préférée. C'est pourquoi certains élèves font une auto-orientation en négociant soit avec les professeurs principaux, soit avec le chef d'établissement car, ils trouvent que la réussite est beaucoup plus dans la série scientifique et il faut y aller par tous les moyens.

Certains parents à travers leur vision sollicitent que leurs enfants soient orientés en série scientifique pour vite réussir. Pour ces raisons, on assiste à une orientation des élèves par affinité d'où l'attribution des notes fictives par les professeurs. Il y a aussi selon lui une orientation par copinage. Les relations enseignant-élève jouent un rôle important et les élèves évoluent à cette manière de faire. La présence nombreuse des enseignants contractuels à la recherche d'un petit moyen de vivre fait que ceux-ci marchandent les notes avec les élèves pour les orienter dans leur série préférée.

Ce qui fait dire à notre répondant du collège Maldom-Bada Abbas de Gounou-Gaya que l'orientation des élèves n'est pas bien faite en ce sens que malgré la décision du conseil d'orientation, les élèves négocient leur orientation soit par le biais de leurs frères enseignants ou directement avec le chef d'établissement. C'est une lourde responsabilité souligne un chef d'établissement qui reconnait qu'il n'y a pas une orientation faite par les techniciens, en l'occurrence des enseignants qualifiés qui maitrisent les élèves. Les parents préfèrent négocier avec l'équipe d'orientation pour que leurs enfants soient orientés en série scientifique. C'est pourquoi, certains professeurs font l'avocat des élèves qui en réalité ne méritent pas d'être orientés en série scientifique.

La part de responsabilité des chefs d'établissement dans l'orientation des élèves est non négligeable. Tout commence depuis l'entrée en sixième où chaque chef d'établissement cherche un meilleur pourcentage pour son école. Pour cette raison, ils grossissent les moyennes pour faire passer les élèves. Au secondaire, bien que le chef d'établissement soit le président du conseil d'orientation, bien que sa voix soit prépondérante, certains chefs d'établissement abusent de leur pratique dans la remise en cause du conseil d'orientation. Cette manière de faire se traduit par l'acceptation des revendications des élèves d'où la corruption dans l'orientation de ceux-ci.

Pour un autre répondant, les chefs d'établissement falsifient les bulletins des élèves pour les orienter. Ces notes sont donc attribuées en contrepartie pour favoriser les élèves dans leur choix d'orientation. Il n'y a pas un travail sérieux fait par les enseignants et les chefs d'établissement dans l'orientation des élèves.

Au collège de Djodo Bissera par exemple, on nous fait comprendre que l'orientation n'est pas bien faite car la grande partie des élèves sont orientés en première scientifique. Pour ce répondant, le directeur n'a pas provoqué un conseil d'orientation et a orienté les élèves seul. C'est pourquoi note l'intéressé que tous ces élèves orientés par le directeur, arrivés au grand lycée de Djodo-Gassa ne tiennent plus et demandent eux-mêmes qu'on les réoriente. Ce qui n'est pas du tout normal selon l'intéressé qui reconnait que l'orientation des élèves relève de la compétence du conseil d'orientation.

Toujours à ce sujet, un autre répondant, reconnaissant le manque des enseignants qualifiés et le manque de professionnalisme des chefs d'établissement, nous apprend que ceux-ci modifient les notes sur les bulletins d'élèves et les chefs d'établissement demandent aux élèves qui veulent passer en classe supérieure ou aller dans la série scientifique de donner une somme de 10000 FCFA. C'est pourquoi selon toujours l'intéressé, certains parents vont directement voir le chef d'établissement pour négocier l'orientation de leurs enfants tout comme le passage en classe supérieure. Ainsi, l'intéressé conclut que les bulletins sont refaits soit par le chef d'établissement lui-même ou encore remis à un des ses enseignants. Ce qui fait qu'on ne peut parler d'une orientation dans la mesure où les élèves sont orientés sur la demande et les chefs d'établissement prennent eux de l'argent pour orienter ces derniers.

Le problème d'orientation se pose et peut en être une des causes de l'interruption du cursus scolaire des élèves qui ont subi une mauvaise orientation. Cette mauvaise orientation poursuit les élèves même dans les études supérieures. En effet, il arrive que certains étudiants fassent leur choix de filière par ordre de préférence et se retrouvent en fin de compte dans une filière qu'ils préfèrent moins ou même qu'ils n'ont même pas choisie. Cette mauvaise orientation décourage souvent les étudiants qui se sentent obligés de poursuivre des études qu'ils n'aiment pas ou n'ont pas envisagé faire. Par conséquent, leur rendement scolaire se trouve affecté causant la plus part du temps des redoublements et des renvois en cours de cycle. Cela interpelle une fois de plus les comités d'orientation des élèves et étudiants à respecter la première option du candidat pour éviter la contestation par les élèves.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway