III.4. Les
déperditions scolaires
La déperdition scolaire est un
phénomène qui touche le monde en général et le
système éducatif en particulier. Pour le dictionnaire actuel de
l'éducation, c'est un gaspillage de matériels et de temps pour le
système éducatif et de formation ainsi que pour la
société dans son ensemble occasionné par les
problèmes de redoublement et d'abandon au cours d'études.
À ces deux composantes s'ajoutent également d'autres
paramètres comme la non certification des compétences qui se
manifeste par l'insuffisance des connaissances et des compétences que
les élèves sont sensés maitriser à la sortie d'un
cycle de formation.
Pour Kantabazé (2010), la déperdition
est la diminution des effectifs d'un cohorte d'élèves suite
à l'abandon scolaire volontaire ou forcé , au redoublement, aux
décès et au changement de domicile de l'élève au
cours de l'année ; c'est aussi la non certification des
compétences qui se manifeste par la non maitrise des
éléments du cursus scolaire et enfin, c'est le ``gaspillage'' des
ressources humains et matérielles engagées dans la formation.
Cette définition illustre à suffisance le cas des
établissements secondaires dans le département de la Kabbia. Dans
notre étude, l'accent est mis sur le redoublement, l'abandon et
l'exclusion des élèves au cours d'une année scolaire.
En effet, l'on constate que mis à part la non
certification des connaissances, un nombre important d'élèves
redoublent leur classe, ou sont exclus de l'établissement ou encore
abandonnent l'école. Le tableau no21 ci après nous
permet de comprendre les déperditions des élèves dans les
établissements secondaires de la Kabbia.
De manière générale, on note que
10046 soit 51,99% des élèves sont en déperdition dans le
département de la Kabbia. Cette statistique prouve à suffisance
que les ressources matérielles, humaines et le temps d'enseignement
utilisés pour former ces élèves sont
« gaspillés ». Ce pourcentage très
élevé des élèves en déperdition est
inquiétant dans ce Département. Comme rappel, l'exemple de la
confession de l'église catholique de Gounou-Gaya inquiétée
par le nombre important des décrocheurs à organiser un cours de
soutien pour récupérer ces élèves en
déperdition.
On peut à travers cela comprendre que la
déperdition des élèves constitue non seulement un handicap
pour les établissements mais pour la société toute
entière car ces élèves sont les futurs piliers du
développement de demain. À ce sujet, un de nos répondants
laisse entendre en ce qui concerne la déperdition que tout le monde est
responsable : « L'État ne met pas du sérieux dans la
formation des formateurs, la politique s'est immixée dans le
système éducatif où les techniciens ne sont pas
impliqués dans la prise des décisions. La fuite de
responsabilité des parents dans le suivi de leurs enfants et la
démobilisation des enseignants due au manque de suivi auront des graves
conséquences sur l'avenir des décrocheurs ». Pour lui,
les conséquences sont la préparation des gens de la rue qui
deviennent des improductifs, des délinquants, des rebelles bref de
dangers publics ; certains se déguiseront en ganguisters et on
assistera à un chaos si l'on ne redresse pas cette situation. Toujours
selon l'intéressé, si les élèves sont en
déperdition, cela constitue un danger pour l'Etat que pour le public.
C'est pourquoi il appelle tout le monde à une prise de conscience. Il
est vrai de convenir avec cet intéressé car le constat prouve que
la déperdition scolaire constitue un mal pour ce Département.
Tableau no
21 : Statistiques des élèves en déperdition
dans la Kabbia
Etablissements
|
Effectifs
|
abandons
|
%
|
Redoublants
|
%
|
Exclus
|
%
|
Collèges
|
10074
|
756
|
7,50%
|
3321
|
32,96%
|
989
|
9,81%
|
Lycées
|
9248
|
644
|
6,94%
|
3410
|
36,82%
|
953
|
10,30%
|
Total
|
19322
|
1400
|
7,24%
|
6731
|
34,83%
|
1942
|
10,05%
|
Source de tableau :
Donnés des enquêtes
Dans ce tableau, la statistique nous montre que 1400 soit
7,24% des élèves ont abandonné les cours, 6731 soit 34,82%
ont redoublé leur classe et 1942 soit 10,05% des élèves
ont été exclus des établissements. Cela nous donne un
effectif de 10073 élèves soit un pourcentage
général de 52,13% des élèves en déperdition
dans les établissements secondaires de la Kabbia. Cette situation des
élèves en déperdition selon un de nos répondants a
des conséquences négatives non seulement sur la vie des
élèves mais sur le développement du Département de
manière générale. Ainsi, dans certains coins du
Département, certains décrocheurs qui se sont transformés
en dockers, pousseurs et autres deviennent des drogueurs pour faire leur
travail. Ils perdent toutes consciences et deviennent non seulement violent
mais agressif, prés à faire du mal. Malheur à celui qui
ose les provoquer, il risque de se retrouver sous le sac qu'il porte.
En somme, le recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure exercent une influence sur le
rendement de l'école. Au regard de développement ci-dessus, les
données d'analyse permettent de confirmer l'hypothèse trois (3)
de notre recherche sur la gestion de recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure. En effet, l'on retient que
les élèves sont recrutés de manière anarchique dans
le but, soit de constituer l'effectif de l'établissement, soit pour
l'intérêt égoïste des chefs d'établissement.
Aussi, les élèves sont promus en classe supérieure avec
des faibles moyennes. Tous ces éléments ne sont pas sans
conséquence sur le fonctionnement de l'établissement. C'est ainsi
qu'on assiste à la saturation des salles de classe et des enseignants,
à la réduction des évaluations séquentielles, bref
à la démotivation des élèves dans les études
et les déperditions scolaires. Ainsi, le recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure impactent negativement le
rendement interne faible des établissements secondaires de la Kabbia.
CHAPITRE VI : LE
SYSTÈME DE GESTION DE L'ORIENTATION DES ÉLÈVES PAR LES
CHEFS D'ÉTABLISSEMENTS
L'orientation est le décryptage de l'information sur
les filières de formation et les métiers. Elle consiste à
mettre l'individu en mesure de prendre conscience de ses
caractéristiques personnelles et les développer en vue du choix
de ses études et de ses activités professionnelles. C'est
l'affectation dans telle ou telle filière de formation. Cependant, elle
découle d'un conseil appelé conseil d'orientation.
I. L'INSTITUTION DU
CONSEIL DE CLASSE ET D'ORIENTATION
Conformément à l'arrêté
no 96/MENCJS/83 portant modification et élargissement de
l'arrêté no 070/CSN/ENCNJS relatif à
l'organisation des conseils de classe et d'orientation en son article 6, il est
institué dans chaque établissement du second degré des
conseils de classe et d'orientation. Le rôle de conseils de classes et
d'orientation est de décerner aux élèves à la fin
de chaque trimestre ou semestre, des mentions telles que : tableau
d'honneur, félicitation, encouragement, avertissement ou blâme
d'une part et proposer, dans la première quinzaine de juin et d'autre
part, la liste des élèves :
-Admis dans les classes supérieures ;
-Autorisés à redoubler ;
-Orientés dans les différentes séries. A,
B, C, D. du second cycle ;
-Jugés définitivement inaptes à
poursuivre des études secondaires.
Sont membre des conseils de classes et d'orientation, tous les
professeurs de l'établissement ainsi que le personnel de la
surveillance, les délégués des élèves, les
représentant de l'association des parents d'élèves, un
conseiller d'orientation scolaire et professionnelle et une assistance sociale.
Le conseil de classe est présidé par le chef
d'établissement assisté du censeur et du directeur des
études qui le supplée en cas d'absence. Le conseil d'orientation
se réunit dans la première quinzaine de juin et fait des
propositions conformément à l'article 6 du présent
arrêté. Le conseil des classes et d'orientation pourra en outre,
appeler, à titre consultatif, toute personne susceptible de
l'éclairer.
Au titre du passage en classe supérieure, l'article 10
nous fait comprendre que tout élève ayant une moyenne
égale ou supérieure à 10/20 est admis en classe
supérieure. Il appartient selon l'article 11, au conseil de classe et
d'orientation de faire des propositions d'admission dans les classes
supérieure pour tout élève qui, n'ayant pas la moyenne
requise mais faisant preuve d'une bonne conduite et d'une bonne
assiduité d'une part et d'autre part bénéficie des
circonstances atténuantes justifiant l'insuffisance de cette
moyenne : maladie en cours d'année ou au moment des
contrôles, difficultés matérielles et
événements familiaux etc. A condition que cette moyenne
insuffisante soit la plus proche de la moyenne exigée.
Parlant du redoublement, l'article 12, mentionne que deux
redoublements sont autorisés par cycle. Ce qui signifie qu'un
élève qui a redoublé la 6ème peut
redoubler le 5ème mai pas la 4ème ni la
3ème. Tout triplement est formellement interdit dans le
1er comme dans le second cycle. L'article 14, pour sa part note que
tout élève depuis la 6ème jusqu'en classe de la
1ère ayant une moyenne annuelle comprise entre 8 et 10 sur 20
est autorisé à redoubler sa classe s'il ne l'a pas encore fait.
Aussi tout élève de la classe de la 3ème ;
titulaire de BEPC, n'ayant pas une moyenne annuelle égale ou
supérieure à 10 sur 20 pour passer en classe de seconde, peut
redoubler sa classe s'il n'a pas encore eu deux redoublements dans le
1er cycle. En terminale, l'article 16 souligne que tout
élève ayant une moyenne annuelle comprise entre 7 et 10 sur 20
est autorisé à redoubler sa classe s'il ne l'a pas encore fait.
Le passage en second est soumise selon l'article 17 à deux
conditions :
- Etre titulaire de BEPC ;
- Avoir une moyenne supérieure ou égale
à10/20.
En ce qui concerne l'exclusion, l'article18, note que tout
élève de la classe de 6ème jusqu'en classe de
1ère ayant une moyenne annuelle inferieure à
8 /20 est jugé inapte aux études secondaires et ait exclu
définitivement de tous les établissements secondaires du Tchad.
Aussi tout élève de la classe de la terminale ayant une moyenne
annuelle inferieure à 7/20 est exclu définitivement de tous les
établissements secondaires du Tchad.
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