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Gestion administrative et pédagogique des établissements et rendement interne des écoles: cas des lycées du département de la Kabbia au Tchad


par Kadakna BAISSANA
Université de Maroua - Master 2 2014
  

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III. 2. La réduction des évaluations séquentielles par les enseignants

L'un des principaux actes professionnels qu'un enseignant doit poser dans sa tâche quotidienne est l'évaluation pédagogique. Elle fait partie d'enseignement-apprentissage pour vérifier dans quelle mesure les résultats des efforts déployés par les élèves permettent d'atteindre les objectifs visés par l'enseignant. À cet effet trois, types d'évaluations se dégagent : évaluation initiale, formative et sommative.

L'évaluation initiale est d'une utilité absolue en début de l'année scolaire, elle permet à l'enseignant de commencer un nouvel enseignement. Ce sont les connaissances pré-acquises qui permettent à l'enseignant d'élaborer ses enseignements en prenant en compte la spécificité des élèves. Il importe également à cette phase initiale d'exploiter les différentes procédures d'apprentissage en fonction des connaissances antérieures. Quant à l'évaluation formative, elle consiste à aider pédagogiquement les apprenants à améliorer leur style d'apprentissage et à chercher à comprendre les différents processus de réalisation d'une activité d'apprentissage. En fait, lors d'une évaluation, il ne s'agit pas de juger essentiellement le travail de l'apprenant, mais beaucoup plus de lui montrer ses erreurs, identifier les mobiles de ces erreurs, corriger les insuffisances en fixant définitivement les connaissances non acquises.

L'évaluation sommative : « c'est une activité de synthèse sur un thème ou une des unités didactiques développées, ou un cours d'un niveau académique précis ». L'objectif est ici de savoir à travers les exercices de synthèse proposés aux apprenants, de voir s'ils ont atteint les résultats escomptés en fonction des situations d'enseignement et d'apprentissage proposées initialement. Cette évaluation peut avoir lieu à la fin d'un trimestre ou d'une séquence. Selon le Ministère de l'Éducation, 4 à 5 évaluations doivent être effectuées par enseignant et selon la discipline enseignée par trimestre pour évaluer les acquis des élèves.

Pendant nos entretiens, nous avons cherché à savoir le nombre des évaluations fréquentes ou séquentielles effectuées par les enseignants dans le trimestre. Ainsi, 33 répondants soit 64,70% affirment que deux évaluations seulement sont organisées par enseignant, 11 répondants soit 21,56% affirment que trois évaluations sont organisées par les enseignants et 7 répondants soit 13,73% affirment que quatre évaluations sont organisées par les enseignants. Le chef d'établissements de Ngueté affirme que certains enseignants compte tenu de l'effectif des élèves s'arrêtent à deux devoirs et d'autres s'efforcent pour aller à trois devoirs. Pourtant les études menées par bon nombre de chercheurs ont montré que les évaluations fréquentes, opérées au moment approprié, constituent un atout favorable pour la réussite des élèves. Duru-Bellat et all. (1992) cités par Kantabazé (op cite : 122) ont révélé que la fréquence élevée des devoirs associée à des exigences à l'endroit des élèves constitue un paramètre influant beaucoup sur les performances scolaires. En effet, plus l'élève s'exerce, plus il découvre ses talents ou ses faiblesses.

Abondant dans le même sens, Schiefelbein et Simmons (1981) cités aussi par cet auteur ont montré dans leur étude que les enseignants qui donnent beaucoup de travaux à domicile réussissent mieux que ceux qui restent réticents face à cette pratique. De même, l'auteur cite également Caillods et Postlethwaite (1989) qui appuient les auteurs précédents et concluent que les apprenants tirent profit de l'effet d'entraînement. L'évaluation fréquente est souvent considérée par ces auteurs comme un indicateur de «l'effet-établissement» pour la bonne raison que cette pratique revient à la politique globale de l'école.

Selon MEPS (1993), cité enfin par l'auteur, le nombre d'évaluations équivaut à la charge horaire hebdomadaire de la discipline. Pour un cours de 6 heures par semaine, l'enseignant est tenu à donner six travaux d'évaluation au cours d'un trimestre. Cependant, il n'est pas rare d'observer des enseignants qui donnent un seul travail à la place de quatre ou cinq, au moment où d'autres sont en normes, dépassant même pour certains le nombre de travaux exigés. En outre, l'évaluation doit être polarisée sur la matière enseignée et s'étendre sur tout le programme enseigné.

En effet, dans bien des cas, les mauvaises performances observées au sein des établissements sont imputables à l'évaluation mal opérée, portant sur la matière hors du programme en vigueur. On peut reprocher aux enseignants d'appliquer trop souvent des critères excessivement exigeants eu égard à l'année d'études des élèves qu'ils ont à juger. Le plus souvent, on repère des questions d'examens qui portent sur la matière prévue aux programmes de l'année à venir.

Tout se passe comme si les enseignants ne s'attachent pas à évaluer les acquis de l'année qui se termine, mais plutôt à pronostiquer dans quelle mesure leurs élèves sont à même de maîtriser les compétences qui seront les objectifs de l'année à venir. Ceci constitue un argument avancé pour justifier pourquoi certains élèves doublent une année d'études, pour la simple raison qu'ils ont échoué à un examen portant, dans une large mesure, sur la matière non enseignée au cours de l'année. De telles révélations ont été vérifiées par De Landsheere (1984). En analysant le contenu des examens de 2ème primaire, ce dernier a dénombré 400 exercices de français sur un total de 650 qui portaient sur des matières dont le programme officiel ne faisait mention qu'en 3ème année. De surcroît, certains enseignants adaptent les questions au niveau des élèves les plus avancés.

De Landsheere (1994) propose une formulation synthétique de la manière suivante : « Quand un maître sait ou croit d'avance que tous les élèves ignorent une matière, il ne pose pas de questions d'examens à ce propos. De même, quand il sait ou croit savoir d'avance que tous les élèves réussissent une question, il l'évite. Bref, le maîtres s'arrête de préférence aux matières qui différencient les élèves entre eux. Il n'évalue donc ni le déficit commun, ni l'acquis commun de leur classe, ce qui le conduit à une surestimation de l'hétérogénéité de leur classe ». Pour cet auteur, les enseignants n'évaluent donc ni le déficit commun des élèves, ni l'acquis commun de la classe, ce qui conduit souvent ceux-ci aux résultats médiocres. Ce qui les amène souvent à se démotiver dans leurs études.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo