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Gestion administrative et pédagogique des établissements et rendement interne des écoles: cas des lycées du département de la Kabbia au Tchad


par Kadakna BAISSANA
Université de Maroua - Master 2 2014
  

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III. LES CONSÉQUENCES DU RECRUTEMENT ET DE LA PROMOTION DES ÉLÈVES

Le recrutement abusif des élèves dans les établissements secondaires et leur promotion dans les classes supérieures ont des conséquences directes sur le fonctionnement des établissements. Dans cette section, il sera question de mettre l'accent sur la saturation des salles de classes et des enseignants, de la réduction des évaluations séquentielles par les enseignants, de la démotivation dans les études et de la déperdition des élèves.

III.1. La saturation des salles des classes et des enseignants

Dans le département de la Kabbia, il se pose énormément le problème des structures scolaires surtout dans les établissements secondaires. En dehors du seul lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya, les restes des établissements fonctionnent dans des salles de classe en Secko et en tige de mil. Le rapport départemental de rentrée 2011-2012 souligne que la plus part des écoles fonctionnent dans des hangars. Ainsi, pour les écoles primaires le document note que le nombre des structures d'accueil s'élève dans l'ordre de huit cent trente-quatre ( 834) salles de classes dont deux cent un ( 201) salles de classes en dur, cent vingt-neuf (129) en semi dur, quarante-huit (48) en potopoto et quatre cent cinquante-six (456) en Seko pour 50923 élèves.

Pour le mobilier 2564 tables-bancs ont été enregistrées parmi lesquelles 607 sont en mauvais état soit un ratio de 19 élèves par tables bancs.

Si dans les écoles primaires on compte quelques bâtiments construits, cela n'est pas le cas dans l'enseignement moyen ou presque tous les établissements fonctionnent dans des hangars en Secko ou en tiges de mil. Ainsi, sur un total de 143 salles de classes, on note treize 13 salles de classes en dur et 130 salles de classes en Secko pour 9427 élèves. En ce qui concerne les mobiliers, on dénombre selon le rapport 476 tables bancs dont 39 en mauvais état soit un ratio de 19 élèves par table-banc. Ce qui est toujours à notre avis très impossible.

L'enseignement secondaire quant à lui manque des informations en ce qui concerne les bâtiments. Mais le document souligne en ce qui concerne les matériels qu'il y a 824 tables bancs pour 9389 élèves, soit si on peut dire un ratio de 11 élèves par table-banc.

L'effectif pléthorique a été souvent décrié comme un des facteurs qui entravent le bon déroulement de l'apprentissage. Du point de vue politique, l'accroissement des effectifs est perçu comme un indice de réduction de taux d'analphabétisme. Mais du point de vue pédagogique, ces effectifs pléthoriques entrent en contradiction avec les structures d'accueil et bousculent les ratios élèves/professeurs qui en principe devaient être pour 50 élèves au secondaire.

Ces effectifs d'élèves très mal repartis dans les établissements de la Kabbia font qu'on rencontre dans certaines écoles plus d'élèves que dans d'autres. Au lycée de Pont Carol par exemple, dans les classes de terminale surtout, l'on compte 190 à 200 élèves par classe. Cela est de même au collège de Pont Carol où l'effectif dans les classes varie de 120 à 150 élèves. Dans ces salles de classes, il est très difficile pour l'enseignant de faire passer son message à tous les élèves. Dans cette condition, le professeur ne s'intéresse qu'à ceux qui sont au devant de lui, abandonnant ceux qui sont au fond en train de causer ou dormir.

Ne pouvant interroger tous les élèves, le professeur se résume à l'usage de moyen de bord très courant qui consiste à ignorer la grande majorité des élèves de la classe et ne travaille qu'avec ceux qui répondent à ses questions. Ainsi, la majorité des élèves se sentent très moins concernés par le travail et le professeur de son coté demeure incertain quand il s'agit de voir « qui a appris, qui n'a pas appris ». Ce qui ne permet pas aux élèves d'avoir une formation de qualité. Or, une éducation de bonne qualité repose notamment sur la taille raisonnable des classes et sur le taux d'encadrement. Le taux d'encadrement est mesuré par rapport au nombre d'élèves-enseignant. Plus ce nombre est faible, plus l'enseignant peut consacrer davantage de temps à chaque élève individuellement et lui assurer un meilleur encadrement pédagogique.

Dans le cadre précis des établissements de la Kabbia le ratio enseignant-élèves est de plus de 100 à 170 élèves dans certains établissements secondaires. Cela ne permet pas un bon encadrement. Or, Selon l'UNESCO (1998), au dessus de 40 élèves, l'apprentissage est entravé, car des classes surchargées se soldent souvent par des résultats négatifs quant à l'attitude des professeurs et à leur comportement pédagogique, et par plus de stress des enseignants et des apprenants.

Ainsi, souligne le document, la plupart des pays en développement, optent pour la quantité que pour la qualité de l'éducation. Dans ces pays, l'importance de la taille des classes a pour effet de réduire les coûts salariaux de l'enseignant par élève. Ainsi, le nombre d'élèves par enseignant demeure trois fois plus élevé dans les pays en voie de développement que dans les pays développés.

Analysant l'efficacité de l'enseignement et les progrès des élèves issus des classes de tailles différentes (12 à 30 élèves dont les deux tiers ont entre 16 et 25), Suchaut et Le Bastard (2000), cités par Kalamo (2011) trouvent un effet positif de la taille des classes jusqu'à 23 élèves, négatif ensuite au seuil de 1%. Brossard (2003), toujours cité par le même auteur trouve au Bénin que la taille des classes exerce un léger effet négatif sur la réussite à l'examen. En moyenne, les écoles de plus de 65 élèves par maître affichent une probabilité de réussite, pour leurs élèves, inférieure de 1, 2 point de pourcentage. La saturation des classes entraine pour la plus part des cas la réduction des évaluations séquentielles par les enseignants qui se justifient par le pléthore des élèves.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe