III. LES
CONSÉQUENCES DU RECRUTEMENT ET DE LA PROMOTION DES
ÉLÈVES
Le recrutement abusif des élèves dans les
établissements secondaires et leur promotion dans les classes
supérieures ont des conséquences directes sur le fonctionnement
des établissements. Dans cette section, il sera question de mettre
l'accent sur la saturation des salles de classes et des enseignants, de la
réduction des évaluations séquentielles par les
enseignants, de la démotivation dans les études et de la
déperdition des élèves.
III.1. La saturation des
salles des classes et des enseignants
Dans le département de la
Kabbia, il se pose énormément le problème des structures
scolaires surtout dans les établissements secondaires. En dehors du seul
lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya, les restes des
établissements fonctionnent dans des salles de classe en Secko et en
tige de mil. Le rapport départemental de rentrée 2011-2012
souligne que la plus part des écoles fonctionnent dans des hangars.
Ainsi, pour les écoles primaires le document note que le nombre des
structures d'accueil s'élève dans l'ordre de huit cent
trente-quatre ( 834) salles de classes dont deux cent un ( 201) salles de
classes en dur, cent vingt-neuf (129) en semi dur, quarante-huit (48) en
potopoto et quatre cent cinquante-six (456) en Seko pour 50923
élèves.
Pour le mobilier 2564 tables-bancs ont
été enregistrées parmi lesquelles 607 sont en mauvais
état soit un ratio de 19 élèves par tables bancs.
Si dans les écoles primaires on compte
quelques bâtiments construits, cela n'est pas le cas dans l'enseignement
moyen ou presque tous les établissements fonctionnent dans des hangars
en Secko ou en tiges de mil. Ainsi, sur un total de 143 salles de classes, on
note treize 13 salles de classes en dur et 130 salles de classes en Secko pour
9427 élèves. En ce qui concerne les mobiliers, on dénombre
selon le rapport 476 tables bancs dont 39 en mauvais état soit un ratio
de 19 élèves par table-banc. Ce qui est toujours à notre
avis très impossible.
L'enseignement secondaire quant à lui manque
des informations en ce qui concerne les bâtiments. Mais le document
souligne en ce qui concerne les matériels qu'il y a 824 tables bancs
pour 9389 élèves, soit si on peut dire un ratio de 11
élèves par table-banc.
L'effectif pléthorique a été
souvent décrié comme un des facteurs qui entravent le bon
déroulement de l'apprentissage. Du point de vue politique,
l'accroissement des effectifs est perçu comme un indice de
réduction de taux d'analphabétisme. Mais du point de vue
pédagogique, ces effectifs pléthoriques entrent en contradiction
avec les structures d'accueil et bousculent les ratios
élèves/professeurs qui en principe devaient être pour 50
élèves au secondaire.
Ces effectifs d'élèves très mal
repartis dans les établissements de la Kabbia font qu'on rencontre dans
certaines écoles plus d'élèves que dans d'autres. Au
lycée de Pont Carol par exemple, dans les classes de terminale surtout,
l'on compte 190 à 200 élèves par classe. Cela est de
même au collège de Pont Carol où l'effectif dans les
classes varie de 120 à 150 élèves. Dans ces salles de
classes, il est très difficile pour l'enseignant de faire passer son
message à tous les élèves. Dans cette condition, le
professeur ne s'intéresse qu'à ceux qui sont au devant de lui,
abandonnant ceux qui sont au fond en train de causer ou dormir.
Ne pouvant interroger tous les élèves,
le professeur se résume à l'usage de moyen de bord très
courant qui consiste à ignorer la grande majorité des
élèves de la classe et ne travaille qu'avec ceux qui
répondent à ses questions. Ainsi, la majorité des
élèves se sentent très moins concernés par le
travail et le professeur de son coté demeure incertain quand il s'agit
de voir « qui a appris, qui n'a pas appris ». Ce qui ne
permet pas aux élèves d'avoir une formation de qualité.
Or, une éducation de bonne qualité repose notamment sur la taille
raisonnable des classes et sur le taux d'encadrement. Le taux d'encadrement est
mesuré par rapport au nombre d'élèves-enseignant. Plus ce
nombre est faible, plus l'enseignant peut consacrer davantage de temps à
chaque élève individuellement et lui assurer un meilleur
encadrement pédagogique.
Dans le cadre précis des établissements
de la Kabbia le ratio enseignant-élèves est de plus de 100
à 170 élèves dans certains établissements
secondaires. Cela ne permet pas un bon encadrement. Or, Selon l'UNESCO (1998),
au dessus de 40 élèves, l'apprentissage est entravé, car
des classes surchargées se soldent souvent par des résultats
négatifs quant à l'attitude des professeurs et à leur
comportement pédagogique, et par plus de stress des enseignants et des
apprenants.
Ainsi, souligne le document, la plupart des pays en
développement, optent pour la quantité que pour la qualité
de l'éducation. Dans ces pays, l'importance de la taille des classes a
pour effet de réduire les coûts salariaux de l'enseignant par
élève. Ainsi, le nombre d'élèves par enseignant
demeure trois fois plus élevé dans les pays en voie de
développement que dans les pays développés.
Analysant l'efficacité de l'enseignement et
les progrès des élèves issus des classes de tailles
différentes (12 à 30 élèves dont les deux tiers ont
entre 16 et 25), Suchaut et Le Bastard (2000), cités par Kalamo (2011)
trouvent un effet positif de la taille des classes jusqu'à 23
élèves, négatif ensuite au seuil de 1%. Brossard (2003),
toujours cité par le même auteur trouve au Bénin que la
taille des classes exerce un léger effet négatif sur la
réussite à l'examen. En moyenne, les écoles de plus de 65
élèves par maître affichent une probabilité de
réussite, pour leurs élèves, inférieure de 1, 2
point de pourcentage. La saturation des classes entraine pour la plus part des
cas la réduction des évaluations séquentielles par les
enseignants qui se justifient par le pléthore des élèves.
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