II.3. L'admission au rabais
des élèves en classe supérieure
Après neuf mois (9) d'activités
scolaires, les élèves des classes intermédiaires tout
comme ceux qui passent les examens s'attendent chacun à des
résultats de fin d'année. Ces résultats seront
publiés après la décision du jury pour les examens et
concours et la tenue de conseil d'orientation pour les classes
intermédiaires. Ceux-ci seront déclarés admis ou
échoués conformément à la moyenne obtenue par
rapport au barème fixé à atteindre.
Selon le Ministre en charge de l'Éducation
Nationale, le passage des élèves en classe supérieure est
fixé à une moyenne supérieure ou égale à
10/20 pour les classes intermédiaires. Pour les candidats à
l'entrée en sixième, ceux-ci doivent totaliser en moyenne 55
points pour être déclarer admis en sixième et 155 points
pour décrocher son Brevet d'Etude du Premier Cycle. En un mot il s'agit
de déclarer tous ceux qui ont mérité le passage en classe
supérieure.
Dans nos entretiens il ressort conformément
au tableau no 15 que 42 soit 82,35% de nos répondants ont reconnu que
l'admission des élèves en classe supérieure n'est pas
rigoureuse. 26 soit 50,98% dans les collèges publics ont reconnu ces
faits, 7 soit 13,72% dans les collèges communautaires, 2 soit 3,93% dans
les collèges privés et 7 soit 13,72% dans les lycées. Nos
répondants avancent comme argument la faible moyenne permettant aux
élèves de passer en classe suivante. Ainsi, pour le directeur de
Djodo Gassa, l'admission des élèves n'est pas rigoureuse car sur
140 admis en sixième 30 seulement sont déclarés admis
d'office et 121 repêchés alors qu'il se retrouve avec 200 et
quelques élèves à la rentrée des classes.
Cette admission fait suite aux notes arbitrairement
attribuées pendant les examens et concours par les enseignants qui se
permettent de copier également les résultats au tableau, aux
élèves. Ce qui fait que le passage en classe de
6ème est très lamentable car les enfants sont
recrutés avec une très faible moyenne : 20 points pour
certains établissements et 15 points pour d'autres.
Ainsi, pour un répondant, il y manque de
sensibilisation des parents d'accepter l'échec de leurs enfants. Il n'y
a pas de rigueur dans le recrutement des élèves. Pour ce
répondant, dans son centre de concours d'entrée en
6ème, il note 137 admis parmi lesquels il y a 126
repêchés. Dans ce centre l'enquêté nous fait
comprendre que le jury était descendu à 25 points pour chercher
à passer les élèves. Pour un autre chef
d'établissement, sur 502 élèves présentés au
concours d'entrée en 6ème, 132 sont
déclarés admis parmi lesquels 87 admis d'office et 45
repêchés. Selon cet enquêté, l'inspecteur de pool
associé à cette organisation a fui la délibération
en laissant la tâche aux directeurs en ces termes : « vous
connaissez mieux vos élèves ». Ce qui les a
amenés selon le répondant à descendre jusqu'à 25
points pour recruter les élèves.
Face à cette situation, nous disons que la
promotion des élèves en classe supérieure n'est pas
rigoureuse et ne tient pas compte de mérite de ceux derniers quand on
sait que la moyenne pour recruter les enfants est très faible. Pour un
autre répondant, l'organisation du concours d'entrée en
6ème n'est qu'une formalité quand on sait que
même les élèves du cours moyen première année
sont recrutés. L'enquêté nous précise qu'il a
rencontré une telle situation dans son établissement où un
élève du CM1se retrouve en 6ème. Ce qui nous
permet de deviner que les élèves qui sont admis par voie de
concours ne sont pas tous les élèves du cours moyen
deuxième année comme souligne le texte. Pour le directeur du
collège Djarao Boro, l'admission en classe supérieure en
général et celle de l'entrée en 6ème en
particulier n'est pas rigoureuse. Il souligne en ces
termes : « il faut ramasser car l'école est devenue
politique ». Pour lui le mérite ne compte pas assez dans le
passage des élèves en classe supérieure mais plutôt
l'on vise la quantité.
Le passage par mérite des élèves
en classe supérieure non seulement crée de problème entre
les élèves et les parents mais aussi les chefs
hiérarchiques. Ainsi en 2012, tenant compte de mérite des
élèves, un chef d'établissement était contraint par
son chef hiérarchique à déclarer pour une deuxième
fois le résultat de concours d'entrée en sixième où
ce dernier était redescendu à 15 points pour ramasser les
élèves. Cette situation a coûté le départ de
ce dernier pour avoir résisté devant son chef
hiérarchique. On comprend donc quelque fois que les chefs ont une part
de responsabilité dans la promotion des élèves en classe
supérieure. Le recrutement et la promotion des élèves en
classe supérieure ont des conséquences négatives sur le
fonctionnement des établissements scolaires.
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