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Gestion administrative et pédagogique des établissements et rendement interne des écoles: cas des lycées du département de la Kabbia au Tchad


par Kadakna BAISSANA
Université de Maroua - Master 2 2014
  

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II. 2. Le clientélisme des chefs d'établissement

Le clientélisme est le fait pour un homme ou un parti, de chercher à augmenter son pouvoir en s'appuyant sur une clientèle gagnée et entretenue à l'aide des procédés démagogiques d'attribution des avantages.

Dans le domaine éducatif, c'est donc un acte qui consiste à jouer sur la conscience d'un individu à travers un moyen financier ou matériel pour obtenir des facilités ou des services. De manière plus pratique, c'est le fait de soudoyer un professeur, un chef d'établissement afin d'obtenir des notes ou d'inscrire un protégé. Il s'agit donc en un mot de satisfaire par des moyens très souvent illégaux. C'est une pratique qui est en cours dans les établissements scolaires en général et ceux du département de la Kabbia en particulier. Elle se caractérise par des actions injustes des chefs d'établissement dans le recrutement des élèves et leur admission en classe supérieure.

Les établissements sont donc des véritables centres de corruption. Les administrateurs, les parents d'élèves et les élèves eux-mêmes se livrent au clientélisme et font de cette pratique un moyen pour satisfaire leur insuffisance. En effet, dans beaucoup d'établissements, les chefs se livrent aux pratiques de corruption vis-à-vis des parents d'élèves et des élèves eux-mêmes. Les administrateurs assoiffés n'encouragent pas les élèves au travail sous entendu qu'ils viendront négocier leur admission en classe supérieure. À leur arrivée une somme leur est fixée et sans inquiétude de leur niveau d'études. Ces élèves trouvent en cela une porte de sortie, raison pour laquelle ils versent sans condition la somme exigée pour leur passage en classe supérieure. Cela devient une habitude pour ces élèves aimant la facilité. Ils deviennent ainsi des clients et des amis incontournables des chefs d'établissement se livrant à cette pratique illégale.

Dans les classes les notes s'achètent. Les enseignants souvent traités des pauvres, se livrent à cette pratique et oublient la mission qui leur est confiée, celle de relever le défi du système éducatif. C'est ainsi que les élèves qui ratent leur moyenne viennent plaider leur sort par rapport à leurs notes. Les négociations se terminent toujours par une somme d'argent qu'ils doivent à l'enseignant avant de voir la note rehaussée.

Dans une étude sur la corruption réalisée par le Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Éducation (2007), la corruption se manifeste dans la falsification des bulletins de notes, les recrutements des élèves, le transfert d'un établissement à un autre et les attributions des bourses. Cette corruption met en face les correcteurs et les parents d'élèves qui ont pour souci la réussite de leurs élèves. Dans nos entretiens à ce sujet, il ressort que le passage des élèves en classe supérieure résulte du fait de la corruption dans les établissements.

À Djodo-Gassa, l'organisation de concours d'entrée en sixième n'est qu'une formalité, souligne le directeur. Selon lui, les élèves affirment que pour aller l'entrée en 6ème, il suffit d'avoir le moyen de côté pour passer. Pour le directeur de collège de Dogom, il existe normalement la corruption dans le passage des élèves en classe supérieure. Selon lui, les notes sont arbitrairement attribuées aux élèves par les enseignants et les chefs d'établissement se sont spécialisés dans la falsification des bulletins de notes. Pour cet enquêté, lors de remplissage des bulletins de notes, les enseignants se livrent aux pratiques qui n'honorent pas la profession enseignante. Cela dit, ils attribuent les notes par affinité et par copinage. Toujours selon ce répondant, les chefs d'établissements ont une part importante en ce qui concerne le passage des élèves en classe supérieure. Ceux-ci se livrent comme les enseignants à falsifier les bulletins des redoublants et des exclus pour les faire passer en classe supérieure.

Cette opinion intègre parfaitement le propos du directeur de Bellé qui affirme que : « les chefs d'établissement sont responsables de la falsification des bulletins de notes des élèves ». À travers ces opinions, il est à noter que l'admission des élèves en classe ne tient pas compte du mérite des élèves. Pour le directeur du collège de Goh-Valang par contre ce sont les contractuels qui sont à l'origine de passage non mérité des élèves en classe supérieure. Il affirme ce qui suit : « les contractuels font passer les élèves avec une somme de 10000f ». Ce répondant explique ce passage par l'existence des faux bulletins et changements dont la source n'est pas connue qui sont délivrés aux élèves selon lui par les contractuels. Aussi, lors de remplissage des bulletins, 68% de nos enquêtés affirment que les enseignants modifient les notes de leurs frères.

Pour le président de la fédération nationale des parents d'élèves du Mali cité par ROCARE (2007), la corruption à l'école est encouragée par la facilité, la paresse intellectuelle, l'insouciante de lendemain et l'absence de goût des études. Il invite les partenaires de l'école à rétablir les établissements scolaires dans leurs rôles originels des lieux d'études et de la préparation à la vie.

Pourtant, l'ordonnance no09/PR/CNS/MJ du 23 février 1976 portant répression des fraudes aux examens et concours publics en son article 1 stipule que : constitue un délit, toute fraude aux examens et concours publics ayant pour objet soit l'entrée dans une administration soit l'acquisition d'un diplôme délivré par l'état ou d'un titre permettant l'accès à une classe supérieure. L'article 2, quiconque se sera rendu coupable de fraude aux examens et concours publics, notamment en communiquant, avant ou pendant l'examen ou le concours le texte de l'épreuve à un tiers ou bien en substituant une tierce personne au véritable candidat sera puni d'un emprisonnement de un mois à deux ans et d'une amande de 25000f à 100000f. Ce texte est toujours négligé et les élèves profitent de ce favoritisme et clientélisme des chefs d'établissement pour passer en classe supérieure avec des faibles moyennes.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon