II. LA PROMOTION DES
ÉLÈVES EN CLASSE SUPÉRIEURE
Le passage en classe supérieure
des élèves est déterminé par leur niveau
d'acquisition des connaissances du programme. Cette admission prend de nos
jours d'autres tournures qui se résument par la facilité
entrainant les élèves dans la paresse au travail. Dans nos
entretiens, des données ont été recueillies sur la
promotion des élèves en classe supérieure. Par rapport au
tableau 14, nos répondants ont reconnu unanimement que la promotion des
élèves en classe supérieure a un effet negatif sur le
rendement interne faible de l'école. Ces enquêtés
expliquent la promotion des élèves par le favoritisme et le
clientélisme.
II.1. Le favoritisme des
chefs d'établissement
Le favoritisme est une tendance à accorder des
faveurs illégales ou injustes à quelqu'un. C'est donc une
disposition de traiter quelqu'un avec une bienveillance, à lui accorder
une préférence. Cette pratique qui est monnaie courante n'exclut
pas les établissements scolaires en général et ceux de
l'enseignement secondaire en particulier où les chefs
d'établissement abusent de leur autorité dans l'octroi des
faveurs à certaines personnes. Ce favoritisme se manifeste par des liens
d'amitié, de parentés en passant par la tricherie dans
l'organisation des examens et concours ; bref dans l'admission des
élèves en classe supérieure. Intéressé par
la question, nous nous sommes entretenus avec les chefs d'établissement
pour recueillir leur avis concernant la place du favoritisme dans l'admission
des élèves en classe supérieure.
Il ressort de nos entretiens que les chefs
d'établissement font assez de faveur aux élèves dans leur
progression.
Dans une lettre au droit de réponse à
la pétition des chefs d'établissement (2010 :1-2),
l'Inspecteur Départemental de l'Éducation Nationale de la Kabbia
écrit en ces termes : « les vrais problèmes
qui minent le système éducatif dans le département de la
Kabbia se situent plutôt au niveau de l'organisation des examens et
concours... ». Selon le document, les responsables se
comportent très négativement pendant l'organisation des examens
et concours. Pour preuve, le document souligne qu'un proviseur a
été surpris par le président de centre en train de traiter
le sujet à une candidate et l'autre a fait composer un candidat à
la place d'un gendarme. Après ceux-ci, se fut le tour des censeurs qui
se sont enfermés dans leur bureau pour traiter et multiplier au carbone
et procéder à la distribution dans les salles de classes. Le
document conclut que les chefs d'établissement signent des cartes
d'identité scolaire aux individus pour composer à la place des
autres.
En effet, il est à noter que la part des
responsables des établissements dans le passage en classe
supérieure des élèves est non négligeable. Pour un
autre enquêté, l'entrée en 6éme par exemple est
politisée et les chefs d'établissement ne veulent pas que
certains élèves reprennent. Selon lui, le chef
d'établissement demande aux surveillants de laisser le temps libre aux
élèves et aux correcteurs d'alléger la correction. Pour le
directeur de Djodo Bissera, la pratique du favoritisme est non seulement au
secondaire mais aussi au primaire. Selon lui les directeurs des écoles
primaires, pour envoyer la liste des admis au concours d'entrée en
6ème dans les collèges glissent les noms des non
admis et il n'est pas facile de rejeter l'élève dans la mesure
où certains établissements sont en quête d'effectif. Le
favoritisme des chefs d'établissement aboutit pour la plus part au
clientélisme ou les établissements deviennent des centres de
corruption.
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