I.5. Le transfert des
exclus et les redoublants
Le transfert est un acte administratif autorisant le
déplacement d'un élève dans une école autre que
celle qu'il aurait dû normalement fréquenter.
L'élève peut être transféré dans une
école si l'école qu'il aurait dû fréquenter ne
possède pas des locaux adéquats ou en nombre suffisant, s'il est
impossible de former des classes.
Les élèves pour manifester leur
mécontentement face à leur redoublement et exclusion demande le
transfert dans un autre établissement pour être en classe
supérieure. À cet effet, ils négocient avec le chef
d'établissement d'origine qui leur facilite la tâche en leur
falsifiant le bulletin et leur déclarant admis en classe
supérieure. C'est ainsi que pendant nos entretiens, des sources
recueillies nous font comprendre que plusieurs techniques sont utilisées
pour le changement d'établissement des élèves.
Pour un des nos répondants, les chefs
d'établissements délivrent des changements
d'établissements aux redoublants et aux élèves exclus en
leur déclarant admis en classe supérieure. Selon
l'intéressé, après avoir falsifié le bulletin d'un
élève redoublant et une fois l'avoir déclaré admis,
ils apprécient dans le nouveau bulletin « admis à
redoubler ». Ainsi, arrivée dans le nouvel
établissement, l'élève est accueilli et recruté
comme prescrit.
Une autre technique qui laisse penser
un autre répondant est l'existence des bulletins en vente au quartier.
Selon cet intéressé, il existe des bulletins en vente au quartier
dûment signés par le chef d'établissement et il est
très difficile de remettre en cause un tel bulletin. Toujours selon
lui, tous les élèves qui reprennent ou qui sont exclus se
procurent de ces bulletins pour aller s'inscrire dans un autre
établissement sans aucune inquiétude. Cette situation
considérée comme une solution au problème des abandons,
les exclus et des redoublants est considérée comme un
désordre dans l'établissement. Le chef d'établissement en
voyant les bulletins dûment signés ne peut plus remettre en cause
un tel papier. Or au fond ce papier n'est qu'une fausseté.
Toujours à ce sujet, un autre
enquêté note ce qui suit : « les sans-papiers
mettent l'huile de côté ». Selon lui, tous les
élèves qui arrivent dans son établissement n'ont aucun
papier, justifiant qu'ils sont réellement des élèves
réguliers. Ils avancent comme argument ce qui
suit : « j'ai déserté les cours
l'année dernière, mes bulletins ont été
détruits par la pluie... ». Or, ce sont des exclus,
redoublants et même des abandons de longue date qui ne veulent pas
présenter leurs bulletins de peur d'être rejetés par le
chef d'établissement. Ils comptent plus sur l'argent dont ils
possèdent, car la présentation de leurs bulletins leur
compliquerait la situation et entrainerait pour eux, un refus par le chef
d'établissement.
Ainsi, certains se présentent tout au moins
avec leur carte d'identité scolaire de l'année
écoulée où ils ont eu à fréquenter.
Prêts à accepter toutes les exigences financières, ils sont
finalement recrutés selon leur désir. C'est pourquoi notre
enquêté conclut que les élèves peuvent n'avoir aucun
papier mais le moyen suffit pour qu'ils s'inscrivent. Pour les candidats
à l'entrée en 6ème qui ont connu l'échec
dans un centre lointain, ils se présentent également sans papier
afférent, avançant comme argument fondamental le refus du chef
d'établissement à leur délivrer le changement
d'établissement. Ceux-ci sont également recrutés par les
chefs d'établissement.
Ce recrutement des élèves qui n'honore
personne a fait l'objet d'une note circulaire de l'Inspecteur
Départemental de la Kabbia qui a attiré l'attention des chefs
d'établissement comme suit : « mon attention a
été attirée à cette pratique du fait que les
classes des examens sont bondés des élèves de niveau non
requis. Cette pratique constitue l'une des causes majeures de la
délinquance de notre système éducatif avec son corolaire
de baisse de niveau, de fort taux de redoublement et des résultats
médiocres aux examens et concours ». Selon l'auteur, si le
Département enregistre un taux élevé d'échec
scolaire, cela est due par le fait que l'on recrute n'importe quel
élève sans tenir compte de son niveau scolaire.
Il est dont à souligner que cette manière
de faire est monnaie courante dans les établissements. Pour le proviseur
de Domo Dambali, il existe un nomadisme croissant des élèves dans
les établissements. Les enfants mecontents de leur redoublement quittent
pour aller ailleurs où ils sont inscrits en classe supérieure et
ceux qui continuent dans l'établissement s'installent aussi dans les
classes suivantes. En cas de renvoi pour regagner leur classe normale, ceux-ci
abandonnent l'école. Pour ce répondant il y a un problème
qui se pose dans les établissements concernant le recrutement des
élèves. Le chef d'établissement est devant un fait qu'il
doit gérer avec beaucoup de patience. Ce phénomène est
semblable à celui de la promotion des élèves en classe
supérieure dont l'admission n'est pas rigoureuse.
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