I.4. Le recrutement
imposé aux chefs d'établissement
Après le recrutement par
besoin et intérêt, une autre forme de recrutement s'opère
dans les établissements scolaires. C'est le recrutement imposé.
C'est l'influence extérieure que les chefs d'établissement
subissent quand il s'agit de recruter les élèves. Cette
manière d'imposer le recrutement des enfants ne répond à
aucun texte.
Dans nos entretiens avec les chefs
d'établissements, certaines personnes, y compris les
élèves eux-mêmes, imposent leur recrutement, malgré
leur difficulté à passer en classe supérieure. Au
lycée de Tagal par exemple, on nous fait apprendre que les parents
d'élèves interviennent auprès de l'administration pour lui
demander de recruter tous les élèves qui se présentent
dans l'établissement sans aucune condition. C'est qui entraine souvent
la mésentente entre les associations des parents d'élèves
et l'administration. C'est pourquoi note un enquêté que les
enfants imposent leur inscription en classe supérieure et s'ils ne sont
pas acceptés, ils quittent soit pour aller dans un autre
établissement soit pour regagner le quartier abandonnant l'école.
Cette crainte de laisser les enfants périr amène les responsables
à les accepter bien qu'ils sont imposés. Cela ne tient
guère compte tenu des normes comme soulignent les textes portant
recrutement des élèves dans l'enseignement secondaire.
Dans un autre établissement comme celui de Pont
Carol par exemple, les élèves en grande majorité ont de
problème à s'exprimer, et ce sont leurs parents et leurs
frères professeurs qui bousculent l'administration pour leur inscription
et réinscription. En cas de refus, pour incohérence, ils
contournent le chef d'établissement et s'inscrivent part la
complicité des collaborateurs ou le comité des parents
d'élèves. Ainsi, défié, l'élève est
inscrit et suit normalement ses cours. Ce dernier sera découvert lors
d'un contrôle ou pendant le remplissage des bulletins où il n'est
plus facile de prendre une décision le concernant. Dans un autre
lycée, un chef d'établissement note l'intervention des parents
qui imposent leurs enfants au chef d'établissement. Le refus d'une telle
imposition est donc couronné par de menaces tant du coté des
parents que des élèves. C'est pourquoi dans un collège, le
répondant nous informe que le recrutement des élèves est
caractérisé par un comportement violent. Quand ces redoublants et
exclus ne sont pas réinscrits, ils vous menacent, vous traitent de tous
et tiennent des propos tribalistes comme quoi ils sont chez eux, et que
l'école leur appartient. Cette manière de faire décourage
le chef d'établissement qui, au lieu de s'en tenir à la rigueur,
croupit sous le poids de la menace et aide ces enfants à avancer dans
l'ignorance puisqu'il n'a pas la liberté de faire ce qu'il est venu
faire.
Cette situation a été également
reconnue par Adoum Mahamat Konto (1992 :5), que
: « à chaque rentrée, il y'a toujours des parents
qui viennent tenter de justifier pourquoi leur enfant n'a pas pu passer tel ou
tel autre contrôle. Ils tentent par la même occasion d'obtenir le
passage en classe supérieure de leurs progénitures alors que le
problème du passage en cours supérieure est clos depuis la fin de
l'année scolaire écoulée ». Selon lui, le chef
d'établissement qui, d'une manière stricte refuse de céder
à ce jeu est soumis à une pression terrible des parents ou des
amis qui viennent supplier pour demander l'inscription de leurs enfants. Il est
dans ce cas impossible de dire non à tout le monde. Il y a
également des autorités, des hommes bien placés, des
supérieurs hiérarchiques qui par un mot ou un coup de
téléphone, sollicitent l'admission d'un frère, d'un cousin
ou d'une copine.
Pour arriver à leur fin ils n'hésitent pas
à proposer de l'argent, à vous rappeler l'amitié qui vous
lie depuis très longtemps. Une inscription non réussie dans
l'établissement d'origine pour raison d'insuffisance de travail aboutit
à un transfert dans un autre.
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