I.3. Le recrutement
parallèle des chefs d'établissement
Le recrutement parallèle se résume par
la pratique des chefs d'établissements dans sa manière de
recruter des élèves. En tant que chef d'établissement, il
a le droit d'accepter ou de refuser tel ou tel élève dont les
conditions ne sont pas réunies. Dans nos entretiens, certains chefs
affirment avoir mis de la rigueur dans la gestion de recrutement des
élèves et d'autres non. Pour notre enquêté du
collège de Hori Zoundula, les redoublants, les exclus, quittent
l'établissement et se présentent dans un autre
établissement sans bulletins, ni dossier de transfert et sont
recrutés. Pour ces élèves souligne t-il, il suffit d'avoir
de l'argent puisse que certains chefs d'établissement exigent une somme
allant de 5000 à 10000f et même au-delà.
Ainsi, les élèves en position
d'échec ne voulant pas reprendre leur niveau préfèrent
changer d'établissement pour s'inscrire en classe supérieure. Ces
élèves une fois inscrits n'arrivent pas pour la plupart des cas
à franchir ce niveau qu'ils n'ont pas du tout mérité. Pour
certains chefs d'établissement, c'est juste une manière de ne pas
les perdre. C'est dans le souci de les récupérer que d'autres
chefs d'établissement utilisent la clémence, comme c'est le cas
au lycée de Berem où l'on nous fait savoir que parmi ces exclus
figure un élève qui a totalisé une moyenne annuelle de
1/20.
Ce genre d'élèves pour être
accepté dans une classe débourse une somme qui est toujours
supérieure à celle fixée par le comité des parents
d'élèves. C'est dans cette optique qu'un de nos répondants
note que les chefs d'établissement prennent de l'argent avec les
élèves pour les inscrire en classe supérieure. Cet
intéressé illustre cette pratique par le propos d'un enseignant
qui disait ceci : « je donne des mauvaises notes aux
élèves pour faire de l'argent à mon
chef d'établissement ». Nous comprenons à travers cette
réalité que les élèves subissent quelquefois de
l'injustice des enseignants qui manquent considérablement de la
conscience professionnelle. Ce mauvais traitement d'élèves par
les enseignants décourage aussi ces derniers qui pensent que leur
redoublement n'est pas toujours mérité. C'est qui entraine le
plus souvent des changements d'établissement.
C'est pourquoi dans un autre établissement, un
autre répondant s'inquiète de ce nomadisme fréquent des
élèves dans les établissements. Ainsi, quand
l'élève constate qu'il n'est pas admis, il change
d'établissement pour être en classe supérieure. Le
recrutement de ces élèves devient selon un autre
répondant, un intérêt égoïste pour les chefs
d'établissement qui prennent avec ces élèves une somme de
10000 FCFA et plus. L'intéressé conclut que ce sont les chefs
d'établissement qui enfoncent le clou aux élèves ignorant
de leur avenir.
Au lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya, ces
élèves qui redoublent rencontrent des difficultés à
se réinscrire en classe supérieure dans leur établissement
d'origine. C'est pourquoi ils quittent pour un autre établissement et
font les va-et-vient entre les établissements. Selon
l'enquêté, les élèves en difficultés disent
que l'inscription est une négociation avec le chef
d'établissement. Qu'on les réinscrive ou pas, ils ont les moyens
d'aller s'inscrire dans un autre établissement sans difficulté.
Ainsi, nous retenons à travers le nomadisme
des élèves une facilité dans leur recrutement et la
disponibilité des moyens qui leur permettent de consentir moins
d'efforts en vue de franchir une classe donnée dont ils ont souvent de
sérieux problème. Cette facilité est selon un
répondant le manque de rapport entre les différents chefs
d'établissement au sujet de recrutement des élèves. Ainsi,
ces derniers sont soient imposés par leurs parents ou soient s'imposent
d'eux mêmes bien qu'ils n'ont pas des connaissances acquises.
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