I.1.L'installation
anarchique des redoublants en classe supérieure
C'est un nouveau système qu'utilisent les
élèves pour exprimer leur mécontentement face à
leur redoublement. Les élèves qui, ayant été
déclarés échoués pour n'avoir déployé
d'effort maximum pour être admis en classe supérieure, ne
cherchent ni à retirer leurs bulletins ni à voir
l'administration pour être orienter dans une classe. Comme les autres
camarades admis, ils se choisissent une salle et s'installent. Dès lors,
ils assistent frauduleusement aux cours et ne cherchent ni à s'inscrire
pour être découverts tôt par l'administration qui peut
à tout moment les ramener à leur niveau. Selon nos informateurs,
les élèves expliquent cette pratique par le manque des moyens
financiers. C'est pourquoi, au collège de Fegue I, l'on nous laisse
entendre que « les élèves en position d'échec,
refusent de retirer leurs bulletins et préfèrent s'installer dans
les classes supérieures avec un autre frais d'inscription ».
Ils justifient cette manière de faire selon notre informateur par le
fait qu'ils n'ont pas le moyen pour reprendre leur classe. C'est pourquoi,
quand ils sont ramenés conformément à la décision
du conseil d'orientation, ils quittent sans souci, abandonnent ainsi
l'école. Cette réalité a été relevée
au collège de Goh Valang où l'intéressé nous
explique que quatre cas ont été décelés dans son
établissement. Voulant ainsi mettre de l'ordre dans
l'établissement, il les a ramenés dans leur classe respective,
où il s'est rendu compte que trois d'entre eux ont abandonné
l'école.
L'installation anarchique s'explique aussi par
l'âge des élèves car les élèves
âgés ne veulent pas une reprise de classe qu'ils
considérent comme une perte de temps à leur égard. Ils
veulent vite avancer comme souligne un des nos répondants
pour : « devenir des fonctionnaires ». Cela veut
dire qu'ils ont une ambition de devenir le plus tôt possible des
fonctionnaires et peu importe le niveau d'acquisition des connaissances.
Cette pratique est soutenue par les parents
d'élèves et aussi les autorités de la place. Ce qui
amène souvent le désaccord entre les chefs d'établissement
et le comité des parents d'élèves. Selon un chef
d'établissement, le comité des parents d'élèves
souhaite qu'il faille laisser les élèves s'ils ont la
volonté de fréquenter malgré leur échec. Pour le
comité, le refus d'accepter les élèves anarchiquement
installés entrainerait leur départ vers d'autres
établissements ou à l'abandon de ceux-ci. C'est donc là
le point de discordance entre le comité et l'administration pour la
simple raison que c'est avec ces frais d'inscription qu'il prenne en charge les
contractuels.
Pour certains parents qui comprennent à peine,
la scolarité de leurs enfants, le fait de s'acquitter de la
scolarité d'un élève lui donne droit à l'admission
en classe supérieure. Pour cette raison, les parents affirment selon un
répondant que : « les élèves qui
reprennent leur classe sont ceux qui n'ont pas payé leurs frais
d'inscription ». Ainsi, pour les parents, tout élève
ayant payé son droit d'écolage doit automatiquement passer en
classe supérieure. Cela dit, les parents conçoivent aussi mal le
redoublement de leurs enfants. Dans la même direction, un autre
répondant affirme selon un élève, en ce qui concerne
l'installation anarchique ce qui suit : « mon papa m'a dit
de venir rester en classe supérieure ». Cette
déclaration prouve à suffisance que les élèves
n'acceptent pas reprendre leur classe trouvant comme issue un moyen d'aller
en classe supérieure.
La place des autorités locales est non
négligeable dans cette manière de faire. Elles mettent souvent
le bâton dans les roues des chefs d'établissement qui cherchent
à mettre de l'ordre dans leur établissement. C'est pourquoi dans
un autre lycée, le chef d'établissement nous fait savoir à
propos de l'installation anarchique des élèves que cela est un
véritable casse-tête lorsqu'un élève est
détecté après un semestre de cours. Il est donc
très difficile pour un chef d'établissement de trouver solution
à ce problème quand on sait que le politique est derrière.
Pour preuve, il nous fait savoir que « le sous-préfet de la
localité a dressé une liste des élèves non admis et
exclus de l'établissement qui sont anarchiquement installés dans
des salles des classes que le proviseur doit les accepter si non en cas de
quelque chose il serait responsable ». Ce qui enfonce davantage de
clou dans la responsabilité de chef d'établissement placé
entre le marteau et l'enclume ; donc il n'a pas les mains libres de faire
son travail comme il se doit.
L'installation anarchique des élèves
est encouragée de même par les enseignants surtout les
contractuels. C'est donc une entente entre les élèves et les
enseignants contractuels dont une ou deux places leurs sont accordées
pour exonérer leurs petits frères comme les font les titulaires.
Ils profitent de cette occasion pour prendre une grosse somme avec un
élève exclu, transféré d'un autre
établissement ou encore qui a redoublé et est à la
recherche de passage en classe supérieure. Ceux-ci se présentent
à la direction juste avec les noms de leurs parrains et les inscrits aux
frais de COGES qui est de 1250f pendant que l'élève est
déjà installé en salle de classe.
Ce qui fait dire à notre répondant de
Djodo Gassa que c'est l'octroi d'une place au professeur qui occasionne
l'inscription des exclus. Cette situation est un phénomène pour
les chefs d'établissement qui ne font que se lamenter de ces cas trop
frequants. Dans cette optique un chef d'établissement note que ces
élèves décelés trois mois après les cours,
sont acceptés pour éviter des perturbations dans les classes. On
comprend par là qu'il y a un problème sérieux qui est
celui d'installation anarchique des élèves redoublants et exclus
en classe supérieure. Ceci est donc un problème qu'il faut
gérer avec beaucoup de précaution car cela peut naitre un conflit
comme souligne un autre responsable que certains élèves tiennent
des propos menaçants comme quoi l'école est à eux. Si
l'installation anarchique des élèves leur donne une occasion des
s'inscrire en classe supérieure, il est de même que pour la
reconstitution d'effectif de l'établissement.
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