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Gestion administrative et pédagogique des établissements et rendement interne des écoles: cas des lycées du département de la Kabbia au Tchad


par Kadakna BAISSANA
Université de Maroua - Master 2 2014
  

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I.1.L'installation anarchique des redoublants en classe supérieure

C'est un nouveau système qu'utilisent les élèves pour exprimer leur mécontentement face à leur redoublement. Les élèves qui, ayant été déclarés échoués pour n'avoir déployé d'effort maximum pour être admis en classe supérieure, ne cherchent ni à retirer leurs bulletins ni à voir l'administration pour être orienter dans une classe. Comme les autres camarades admis, ils se choisissent une salle et s'installent. Dès lors, ils assistent frauduleusement aux cours et ne cherchent ni à s'inscrire pour être découverts tôt par l'administration qui peut à tout moment les ramener à leur niveau. Selon nos informateurs, les élèves expliquent cette pratique par le manque des moyens financiers. C'est pourquoi, au collège de Fegue I, l'on nous laisse entendre que « les élèves en position d'échec, refusent de retirer leurs bulletins et préfèrent s'installer dans les classes supérieures avec un autre frais d'inscription ». Ils justifient cette manière de faire selon notre informateur par le fait qu'ils n'ont pas le moyen pour reprendre leur classe. C'est pourquoi, quand ils sont ramenés conformément à la décision du conseil d'orientation, ils quittent sans souci, abandonnent ainsi l'école. Cette réalité a été relevée au collège de Goh Valang où l'intéressé nous explique que quatre cas ont été décelés dans son établissement. Voulant ainsi mettre de l'ordre dans l'établissement, il les a ramenés dans leur classe respective, où il s'est rendu compte que trois d'entre eux ont abandonné l'école.

L'installation anarchique s'explique aussi par l'âge des élèves car les élèves âgés ne veulent pas une reprise de classe qu'ils considérent comme une perte de temps à leur égard. Ils veulent vite avancer comme souligne un des nos répondants pour : « devenir des fonctionnaires ». Cela veut dire qu'ils ont une ambition de devenir le plus tôt possible des fonctionnaires et peu importe le niveau d'acquisition des connaissances.

Cette pratique est soutenue par les parents d'élèves et aussi les autorités de la place. Ce qui amène souvent le désaccord entre les chefs d'établissement et le comité des parents d'élèves. Selon un chef d'établissement, le comité des parents d'élèves souhaite qu'il faille laisser les élèves s'ils ont la volonté de fréquenter malgré leur échec. Pour le comité, le refus d'accepter les élèves anarchiquement installés entrainerait leur départ vers d'autres établissements ou à l'abandon de ceux-ci. C'est donc là le point de discordance entre le comité et l'administration pour la simple raison que c'est avec ces frais d'inscription qu'il prenne en charge les contractuels.

Pour certains parents qui comprennent à peine, la scolarité de leurs enfants, le fait de s'acquitter de la scolarité d'un élève lui donne droit à l'admission en classe supérieure. Pour cette raison, les parents affirment selon un répondant que : « les élèves qui reprennent leur classe sont ceux qui n'ont pas payé leurs frais d'inscription ». Ainsi, pour les parents, tout élève ayant payé son droit d'écolage doit automatiquement passer en classe supérieure. Cela dit, les parents conçoivent aussi mal le redoublement de leurs enfants. Dans la même direction, un autre répondant affirme selon un élève, en ce qui concerne l'installation anarchique ce qui suit : « mon papa m'a dit de venir rester en classe supérieure ». Cette déclaration prouve à suffisance que les élèves n'acceptent pas reprendre leur classe trouvant comme issue un moyen d'aller en classe supérieure.

La place des autorités locales est non négligeable dans cette manière de faire. Elles mettent souvent le bâton dans les roues des chefs d'établissement qui cherchent à mettre de l'ordre dans leur établissement. C'est pourquoi dans un autre lycée, le chef d'établissement nous fait savoir à propos de l'installation anarchique des élèves que cela est un véritable casse-tête lorsqu'un élève est détecté après un semestre de cours. Il est donc très difficile pour un chef d'établissement de trouver solution à ce problème quand on sait que le politique est derrière. Pour preuve, il nous fait savoir que «  le sous-préfet de la localité a dressé une liste des élèves non admis et exclus de l'établissement qui sont anarchiquement installés dans des salles des classes que le proviseur doit les accepter si non en cas de quelque chose il serait responsable ». Ce qui enfonce davantage de clou dans la responsabilité de chef d'établissement placé entre le marteau et l'enclume ; donc il n'a pas les mains libres de faire son travail comme il se doit.

L'installation anarchique des élèves est encouragée de même par les enseignants surtout les contractuels. C'est donc une entente entre les élèves et les enseignants contractuels dont une ou deux places leurs sont accordées pour exonérer leurs petits frères comme les font les titulaires. Ils profitent de cette occasion pour prendre une grosse somme avec un élève exclu, transféré d'un autre établissement ou encore qui a redoublé et est à la recherche de passage en classe supérieure. Ceux-ci se présentent à la direction juste avec les noms de leurs parrains et les inscrits aux frais de COGES qui est de 1250f pendant que l'élève est déjà installé en salle de classe.

Ce qui fait dire à notre répondant de Djodo Gassa que c'est l'octroi d'une place au professeur qui occasionne l'inscription des exclus. Cette situation est un phénomène pour les chefs d'établissement qui ne font que se lamenter de ces cas trop frequants. Dans cette optique un chef d'établissement note que ces élèves décelés trois mois après les cours, sont acceptés pour éviter des perturbations dans les classes. On comprend par là qu'il y a un problème sérieux qui est celui d'installation anarchique des élèves redoublants et exclus en classe supérieure. Ceci est donc un problème qu'il faut gérer avec beaucoup de précaution car cela peut naitre un conflit comme souligne un autre responsable que certains élèves tiennent des propos menaçants comme quoi l'école est à eux. Si l'installation anarchique des élèves leur donne une occasion des s'inscrire en classe supérieure, il est de même que pour la reconstitution d'effectif de l'établissement.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci