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Gestion administrative et pédagogique des établissements et rendement interne des écoles: cas des lycées du département de la Kabbia au Tchad


par Kadakna BAISSANA
Université de Maroua - Master 2 2014
  

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III.2. L'absentéisme des élèves et des enseignants

L'absentéisme se définit communément comme l'attitude de toute personne qui est régulièrement absente de son lieu de travail ou de tout endroit où elle est tenue d'être présente. Legendre (1993) définit l'absentéisme comme le fait d'être absent des cours ou des jours de classe ; ou comme le comportement d'un élève ou d'un enseignant qui s'absente souvent.

L'absentéisme est un précurseur important de l'abandon scolaire. C'est un phénomène qui est apparu avec la massification à la fin des années 70. Défini par son caractère répété, volontaire et injustifié des absences, ce phénomène touche de nos jours un nombre important des établissements qui doivent y faire face. C'est le cas des établissements secondaires de la Kabbia où on fait face au sérieux problème de l'absentéisme des élèves et des enseignants. Selon nos entretiens, 50 chefs d'établissements soit 98,03% affirment être confrontés au problème d'absentéisme et seulement 1 chef d'établissement soit 1,96% affirme que les absences sont moins enregistrées dans son établissement. Cette statistique a été repartie selon les répondants comme suit : 27 soit 52,03% dans les collèges publics, 9 soit 17,64% dans les établissements communautaires, 3 soit 5,8% dans les collèges privés et 11 soit 21,56% dans les lycées. Ils avancent plusieurs raisons liées aux absences : marchés hebdomadaires, cas des deuils, réunions familiales.

Ces faits ont été constatés lors de nos entretiens. Le cas de lycée de Tagal peut être cité comme un des exemples. Lors de notre descente dans l'établissement, nous avons constaté que la cour était déserte. Notre répondant nous laisse entendre que : « les enfants ne se sont pas présentés à l'école à cause du décès d'un homme dans le village ». Selon notre enquêté, le village est constitué des personnes de même clan et en cas d'un décès, c'est tout le monde qui se réunit pour l'organisation de funérailles. Ce cas de malheur dans le village est une occasion pour les élèves de s'absenter. Cela crée toujours des absences justifiées ou injustifiées. Dans un autre établissement où le marché hebdomadaire se tient tout le mercredi les élèves n'ont pas d'autre choix que de s'absenter. Le répondant de cet établissement nous explique que : « Pendant le jour du marché, des élèves créent des stratégies en venant sans tenue ou en demi tenue pour gagner un renvoi en vue d'aller faire le marché ». Pour ce répondant, les élèves ne sont pas motivés à faire cours le jour du marché. C'est pourquoi ils s'absentent volontairement à la recherche des moyens ou encore sont obligés par leurs parents pour s'absenter. Pendant les jours ordinaires, ils sont plus absents toutes les premières et les dernières heures. Dans nos entretiens, les absences relevées dans les établissements secondaires de la Kabbia varient de 15 heures minima à 85 heures maximum. Pour les absences à la première heure, notre répondant de Gounou Gaskala souligne que les élèves manifestent un sentiment de peur de sortir tôt. L'intéressé nous explique que ce canton considéré de nos jours comme le bastion de la culture mousseille conserve toujours certaines pratiques mystiques. Ainsi, pour chasser le malheur, certains individus déposent après sacrifice au carrefour une calebasse contenant le malheur et le premier à toucher, emporte avec lui ce malheur. Cette crainte amène souvent les élèves à être en retard à l'école.

Au lycée de Koumou, le répondant affirme que : « les chefs des classes ont suspendu les appels à cause des absences abusives ». L'on se pose dont la question de savoir s'il est encore utile d'élire les chefs des classes dont le rôle est celui de contrôler les absences des élèves ? C'est ce que note le répondant de collège de Goh Valang qui souligne que, certains parents viennent retirer de la classe leurs enfants pour les envoyer derrière les boeufs. Quant au directeur de Djodo Gassa confronté aux retards des élèves au cours dans la soirée, il souligne que malgré que les cours commencent à 12 h 45mn, les enfants viennent à 13 h alors qu'ils ne peuvent pas faire 5 heures du temps à cause de l'obscurité qui gagne le temps. Pour lui les élèves sont aussi absents à la première heure qui est celle de 12 h 45 mn.

Dans un autre établissement, un responsable souligne avoir interrogé les élèves au sujet des absences les jours du marché et la réponse était pour certains qu'ils étaient envoyés par leurs parents pour le besoin de vendre quelque chose et pour d'autres, c'est le goût de commerce et l'envie de boire. Bien que les absences agissent sur la note de conduite, cela n'a pas un grand effet sur ces élèves. C'est pourquoi dans un collège du canton Djarao, les élèves en état de retard sont très contents quand ils sont empêchés d'entrée en salle, à la première heure. Le répondant de cet établissement nous livre ses propos en ces termes : « Les retardateurs, empêchés d'entrer en salle non seulement se réjouissent de ce temps perdu, mais repartent chez eux pour toute la journée ». Pour cet intéressé, les élèves considèrent l'absence comme un phénomène sans conséquence sur leur apprentissage. C'est ainsi que des cas d'absence sont également signalés selon nos informateurs pendant le cas de deuil dans le village, les fêtes traditionnelles, la pêche collective.

D'autres absences sont enregistrées beaucoup plus en période froide à cause du froid excessif. Pour le Proviseur du lycée de Guetté, les élèves se livrent dans les activités commerciales. Il souligne que ces élèves exercent des petits commerces les jours du marché hebdomadaire. Ceux-ci ne viennent pas à l'école, les garçons deviennent des pousseurs et des vendeurs ambulants, alors que les filles deviennent des vendeuses de fruits et de l'eau. Selon cet auteur par contre, les parents forcent les élèves à aller à l'école le jour de marché mais ceux-ci refusent. Ainsi, la situation économique embarque bon nombre d'élèves à la recherche des moyens financiers pour résoudre certaines situations scolaires.

En ce qui concerne les absences chez les enseignants, l'entretien révèle que ceux-ci brillent également par leur absence dans les établissements. Pour le directeur de collège Djarao Boro, les absences des enseignants a une influence directe sur l'apprentissage des élèves et il regrette le sort des enseignants qui une fois obtenu l'autorisation d'absence, la prolongent. L'intéressé affirme ce qui suit : « les enseignants, une fois obtenu une autorisation d'absence de trois jours, la prolongent jusqu'à un mois ». Pour lui les enseignants ont une manière de s'absenter quand ils obtiennent une autorisation d'absences. Il pointe du doit les directeurs des écoles qui ont la responsabilité du contrôle et de bon fonctionnement des établissements scolaires. Il conclut qu'en absence du chef d'établissement, les enseignants ne font pas bien leur travail. Cette manière de faire ne peut en aucun cas aider l'établissement dans la réalisation de ces objectifs.

Un autre répondant abonde dans le même sens et souligne que : « les absences des enseignants sont plus enregistrées avant et après la période de vacances ou d'un congé ». Pour ce répondant, à la veille d'un congé, les enseignants se créent des occasions des absences allant du suivi des dossiers à la cérémonie de funérailles en passant par la cérémonie de mariage. À cet effet, certains déposent une autorisation et quittent soit avant une semaine ou trois jours avant le congé. D'autres ne cherchent pas à obtenir l'autorisation et appellent juste le chef d'établissement pour le signaler de leur absence. Cette attitude selon notre enquêté est répètitif à la reprise où on assiste à une semaine ou trois jours de retard de certains enseignants à regagner leur poste. Nous convenons avec cet enquêté car le constat prouve qu'à la veuille ou la reprise des cours après un congé, les absences des enseignants sont fréquents et plusieurs heures de cours ne sont pas faites.

Pour un autre répondant, les enseignants, se croyant de la localité s'absentent comme ils veulent et justifient leurs absences par les réunions et les problèmes familiaux. Nous croyons avec cet enquêté car au vu de notre constat, il est donc à noter que la plupart des enseignants sont des contractuels recrutés dans le compte de l'association des parents d'élèves. Ce sont dont les fils de la localité qui sont appelés à aider leurs petits frères et ils estiment que rien ne peut leur arriver malgré leurs absences répétées. Ainsi, mises à part les absences répétées ceux-ci ne donnent aucun respect à l'administration dans ce qu'elle fait.

Pendant le virement, un chef d'établissement souligne que les enseignants sont obligés de parcourir plusieurs kilomètres pour percevoir leur salaire. Ce long déplacement de 50 à 75 kilomètres entraine des absences d'un ou de deux jours à chaque fin de mois. Cela occasionne une perte de temps d'enseignement. Cette réalité est bien observée dans le Département de la Kabbia. Nous avons également constaté cet état de fait pendant la période de virement. Certains enseignants une fois perçu ne se rendent plus dans leur poste de travail. Cette manière de se comporter a poussé l'un des inspecteurs pédagogiques à suspendre le salaire de deux directeurs pour une durée de trois mois. Cette sanction intervient non seulement dans le but de réguler les absences à ces deux directeurs mais aussi une manière de dire à tous que les absences au lieu de travail ne sont pas bonnes.

Or, la loi no 17/PR/2001 du 31 décembre 2001 à son article 20 souligne que tout fonctionnaire est tenu d'être présent et ponctuel à son poste de travail, d'assurer par lui-même les tâches qui lui sont confiées et respecter toutes les obligations que lui impose l'exercice de ses fonctions.

Des nombreuses études empiriques effectuées un peu partout par les chercheurs sur les absences dans le monde ont abouti à une corrélation constante entre le temps consacré aux études et les connaissances acquises par les enfants.

Ainsi, le document note que l'absentéisme des enseignants impacte négativement les apprentissages des élèves, à tous les niveaux et atteint des proportions importantes. Les administrateurs scolaires renonceraient de plus en plus à leur fonction de contrôle et de sanction des agents qui ne se conforment pas à la réglementation sur l'éducation et que les textes édités en la matière sont de moins en moins respectés.

En ce qui concerne le retard, les répondants sont unanimes que c'est le problème le plus récurent dans l'établissement ou à la première heure des cours 1/3 d'élèves sont en état de retard. Pour ceux-ci, les élèves expliquent leur retard par la distance, l'occupation domestique, le froid en période froide, et la table commune. Certains répondants ont affirmé que le retard des élèves serait lié au retard au lit. Pour le proviseur du lycée de Gounou « les élèves, non seulement se promènent trop la nuit, mais ils chantent et dansent longtemps avant de regagner tardivement le lit ».

Ainsi, nous pouvons dire que c'est le gain de volume horaire qui explique les meilleures performances des écoles et qui serait à l'origine de rendement des élèves. En effet, l'absentéisme et le manque d'assiduité au travail des professeurs privent les enfants d'une éducation de qualité et influent négativement leurs aptitudes cognitives et les résultats scolaires. Dans la plupart des pays d'Afrique sub-saharienne et certains États arabes, une grande partie du temps alloué à l'instruction est perdue du fait de l'absentéisme des enseignants. En conséquence, les programmes scolaires officiels sont rarement couverts. Ce qui conduit très souvent à l'augmentation des taux de redoublement et à l'abandon scolaire.

Remplacer des enseignants absents peut s'avérer être une tâche ardue pour les établissements lorsqu'il est difficile de trouver les enseignants remplaçants appropriés. À long terme, l'absence des enseignants peut avoir des répercussions négatives sur l'enseignement et l'apprentissage. Par ailleurs, elle peut être un signe d'insatisfaction au travail ou indiquer des problèmes de gestion. Selon l'enquête internationale sur les enseignants, l'enseignement et l'apprentissage de l'OCDE (2008), plus d'un tiers des enseignants avaient des chefs d'établissement qui considéraient que l'absentéisme des enseignants nuisait à l'enseignement « dans une certaine mesure » ou « considérablement » dans leur établissement.

En somme, la nomination des chefs à la tête des établissments a une part de responsabilité dans le rendement interne faible de l'école. Au regard de développement ci-dessus, les données d'analyse permettent de confirmer l'hypothèse deux (2) de notre recherche sur la gestion de choix au poste des chefs d'établissement. On retient à cet effet que les responsables nommés à la tête des établissements sont sans expérience nécessaire pour mener à bien les activités scolaires . Ce qui explique la mauvaise organisation des établissements caracterisée par l'insuffisance de la planification, le manque de suivi pédagogique, le manque de motivation à l'initiation de travail en groupe. Ces insuffisances dans le management des établissements traduisent l'inefficacité de l'école marquée par l'absentéisme des élèves et des enseignants. Ainsi, la nomination de personnel non qualifié, sans expérience et incompétant à la tête des établissements est donc à l'origine de rendement interne faible des établissements secondaires dans le Département de la Kabbia.

CHAPITRE V :
LA GESTION DE RECRUTEMENT ET PROMOTION
DES ÉLÈVES EN CLASSE SUPÉRIEURE

Dans ce chapitre, il sera question pour nous de mettre l'accent sur le recrutement des élèves par les chefs d'établissements, et la promotion de ceux-ci en classe supérieure.

L'accès à l'enseignement secondaire est réglementé par des textes et contrôlé par un examen ou concours d'entrée en sixième.

L'article 1 de l'arrête no 96/MENJCS/83 du 22 juin 1983 portant modification et élargissement de l'arrête no 070 /CSM/ENCJS relatif à l'organisation des conseils de classes et d'orientation, souligne que le recrutement des élèves en classe de sixième dans les établissements scolaires publics et privés se fait par concours organisé par le Ministère de l'Éducation Nationale, de la Culture, de la Jeunesse et de Sport.

L'article 2 affirme que les candidats doivent être âgés de 10 ans au minimum et de 15 ans au maximum au 31 décembre de l'année du concours.

L'article 3 nous fait comprendre que les candidats doivent avoir accompli au moins une année de cours moyen deuxième année.

Quant à l'article 4, aucun candidat ne sera admis à se présenter plus de deux fois au concours d'entrée en sixième.

Au Titre III du passage en classe supérieure en article 10 stipule que tout élève ayant une moyenne annuelle égale ou supérieure à 10 sur 20 est admis dans la classe supérieure.

À l'article 11, il appartient au conseil de classe et d'orientation de chaque établissement de faire des propositions d'admission en classe supérieure pour tout élève qui, n'ayant pas la moyenne requise mais faisant preuve d'une bonne conduite et d'une bonne assiduité d'une part et d'autre part bénéficie des circonstances atténuantes justifiant l'insuffisance de cette moyenne : maladie en cours d'année ou au moment des contrôles continus, difficultés matérielles ou événements familiaux , à condition que cette moyenne insuffisante soit la plus proche possible de la moyenne exigée. Selon l'article 17, l'admission en seconde est soumise à deux conditions qui doivent toutes être remplies, à savoir :

Etre titulaire du BEPC ;

Avoir une moyenne annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20.

Quant à l'article 18, tout élève de la classe de sixième jusqu'en classe de la 1ère ayant une moyenne annuelle inférieure à 8 sur 20 est jugé inapte aux études secondaires et exclu définitivement de tous les établissements secondaires du Tchad. A l'article 19, tous les élèves de la classe de terminale ayant une moyenne annuelle inférieure à 7 sur 20 sont exclus définitivement de tous les établissements secondaires du Tchad. Les élèves reçus au BEPC et ayant obtenu une moyenne annuelle égale ou supérieure à 10 sur 20 sont accueillis dans les lycées qui les préparent en trois ans au diplôme de baccalauréat de l'enseignement secondaire. Contrairement à cela, les élèves sont recrutés selon des critères qui ne respectent le texte.

I. LE RECRUTEMENT SANS CONDITION DES ÉLÈVES

La fréquentation des élèves est de nos jours marquée par un nomadisme dans les établissements. Ceux-ci, après avoir connu l'échec, n'acceptent reprendre dans leur établissement malgré qu'on leur refuse le changement d'établissement. Ils sont acceptés dans d'autres établissements bien qu'ils ne remplissent pas les conditions nécessaires à leur inscription. Dans nos entretiens, nous avons recueilli les avis de nos répondants à ce sujet. Il ressort que 100% des nos répondants reconnaissent le recrutement sans condition des élèves dans les établissements comme la cause du rendement interne faible de l'école. Ils avancent tant des raisons qui expliquent ce recrutement comme l'installation anarchique des échoués en classe supérieure, le recrutement pour constituer l'effectif d'établissement, le recrutement parallèle, le recrutement imposé et le transfert des exclus et redoublants.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry