II.3. La motivation et
l'initiative du travail en groupe
La motivation est un ensemble de désir et de
volonté qui pousse une personne à accomplir une tâche ou
à viser un objectif correspondant à un besoin. Pour atteindre
l'objectif que l'établissement s'est fixé dans la recherche des
résultats, le chef d'etablissement doit mettre un accent particulier sur
la motivation. Il doit encourager son personnel à la prise de
décision qui affecte la vie de leur travail. Il doit rencontrer
régulièrement les enseignants, prendre leurs impressions et leurs
sentiments sur les problèmes auxquels ils sont en train de faire face et
d'établir une communication du haut vers le bas et du bas vers le haut.
On constate cependant qu'il y a un manque de motivation des chefs
d'établissement dans les établissements secondaires de la Kabbia.
En effet les chefs d'établissement
dans la Kabbia travaillent dans des conditions difficiles qui sont souvent la
source de leur démotivation. Ces conditions se résument par le
manque des infrastructures d'accueil, le manque des matériels de travail
et l'insuffisance de personnel enseignant. Sur le plan infrastructurel, il est
à noter non seulement le manque de salles des classes mais aussi de
bureaux pour les responsables de mener à bien leur travail. C'est le cas
de certains établissements comme les collèges de Fegué
Hapma et de Gang Douka où les directeurs n'ont que l'ombre des arbres
pour faire leur travail comme le font les juges coutumiers. Ainsi tous les
problèmes se traitent à l'air libre où il n'y a pas un
secret professionnel. Cette situation connait aussi les enseignants qui n'ont
que l'ombre des arbres comme salle des professeurs sous les arbres. Le cas de
collège de Halmi et de Pont Carol sont des exemples parmi tant d'autres.
Dans ces établissements, on peut lire contre le tronc d'arbre :
« salles des professeurs ». Cela explique une certaine
démotivation dans les conditions des de travail des chefs
établissements qui ne cessent de se plaindre des mauvaises conditions de
travail.
Le manque des matériels de travail sont
également un élément de démotivation car cela peut
handicaper les activités toute une journée et causer une
mésentente entre les chefs de service. Le cas de collège de
Mogoye où notre répondant nous fait comprendre qu'il arrive de
fois qu'ils suspendent les cours toute une journée pour raison de craie.
Cette situation de manque de materiels de travail a créé en 2012,
une tension entre l'Inspecteur départemental et son proviseur. Ce
dernier a été mal noté pour avoir demandé à
son chef hiérarchique les craies parce que l'établissement en
manque. Les dossiers de proviseur mal noté par l'inspecteur sont
rejetés au niveau de la délégation pour conduite à
tenir. Ce qui opposa les deux personnes n'eut été la
médiation du préfet.
Le manque de consultation pour la
nomination au poste de chef d'établissement est aussi une source de
démotivation pour certains chefs qui préfèrent être
chargés des cours que d'être responsables dans une école de
brousse. Pour d'autres, leur nomination à un poste de
responsabilité en tant que stagiaire ne leur profite à rien.
C'est pourquoi le directeur du collège de Gang Douka affirme
que : « S'il était consulté, il accepterait
mieux être chargé des cours en ville que d'être directeur de
collège dans une brousse ». Pour ces raisons, on constate que la
démotivation est caractérisée par
l'irrégularité des chefs d'établissement au bureau.
La démotivation des responsables s'explique
également par le manque des actions multiples pour un travail en groupe.
Le chef d'établissement en tant que manager doit faire une mise en
oeuvre d'une stratégie commune à l'équipe pour une action
précise à l'intérieur du conseil d'enseignement. À
cet effet il doit savoir créer des équipes, savoir choisir un
responsable et faire une analyse clairvoyante des actions entreprises afin de
mieux les intégrer dans l'organisation générale de
l'établissement.
Dans nos entretiens, nous avons interrogé nos
enquêtés à se sujet, Six (6) répondants soit 11,76%
seulement affirment avoir un groupe de travail dans l'établissement
contre 45 soit 88, 23% qui affirment n'ont pas de groupe de travail dans
l'établissement avec les élèves. Pourtant un groupe de
travail dans un établissement avec les élèves est un grand
atout pour ceux-ci. Dans ce sens, Rutter et al cités par Bressoux (1994)
ont montré que les résultats aux examens étaient meilleurs
dans les écoles où règne une coopération entre les
enseignants que dans les écoles dotées d'enseignants travaillant
de façon isolée et sans aucune concertation. Non seulement le
travail en groupe favorise une bonne réussite des élèves,
mais aussi, il entraîne un climat davantage discipliné.
Un directeur efficace privilégie les activités
académiques, le travail en groupe des enseignants, le climat de la
discipline. Il développe de bonnes relations avec les autorités
hiérarchiques et tous les partenaires éducatifs, mobilise toutes
les ressources à sa disposition et ait régulier à son
poste d'attache; met l'accent sur la réussite; fixe les objectifs
à atteindre et reste optimiste quant à la capacité de les
atteindre Grisay, (1989). Le travail en groupe permet, dès lors, de
combler les déficits tant académiques que pédagogiques de
certains enseignants. Des échanges fréquents s'observent à
plusieurs occasions (voyages d'études, cours de soutien, excursion
scolaire, club scolaire, etc.) entre enseignants et élèves. Il
favorise une bonne cohésion du corps enseignant, et partant une bonne
réussite des élèves.
Le chef d'établissement doit jouer un
rôle clé en apportant un soutien aux enseignants et aux autres
membres du personnel de l'école dans la gestion de leurs
compétences et dans la préparation de leur formation.
En définitive, le management des établissements
est la technique dans laquelle le chef d'établissement déploie
pour organiser son établissement. L'établissement a besoin d'une
organisation sinon d'une bonne organisation pour réussir. Le manque
d'une bonne organisation a des conséquences négatives sur le
fonctionnement des établissements.
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