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Gestion administrative et pédagogique des établissements et rendement interne des écoles: cas des lycées du département de la Kabbia au Tchad


par Kadakna BAISSANA
Université de Maroua - Master 2 2014
  

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III.3. L'insuffisance de l'acquisition des savoirs par les élèves

Quand on se réfère aux nombreuses évaluations internationales qui se sont intéressées au niveau des acquis scolaires dans l'enseignement, elles indiquent globalement que les apprenants n'ont aucune maîtrise des compétences de base (UNESCO, 2004 ; OCDE, 2007). Cette insuffisance semble affecter plus les pays en voie de développement dont le Tchad. Dans la Kabbia où nous menons nos études, la situation n'est pas du reste. Selon le rapport de rencontre des chefs d'établissements (2011), initié par l'Inspection Départementale de l'Éducation Nationale de la Kabbia, les participants se sont accordés pour évaluer le niveau d'acquisition des élèves.

À cet effet, un échantillon de 100 copies du concours d'entrée en 6ème en dictée, calcul et connaissances usuelles au CEPT ont été prélevées ainsi que 100 copies de BEPC des matières littéraires et scientifiques. De ce qui ressortait, en dictée à l'entrée en 6ème et CEPT, les notes ont varié de 00 à 03 /20 pour 38 copies vérifiées de dictée et calcul et de 00-12/20 pour 38 copies en connaissances usuelles. En mathématique par contre, elles ont varié de 00 à 13/20 sur 30 copies vérifiées. Après les travaux de l'atelier, les différents groupes ont restitué ce qui suit :

-Aucune connaissance nécessaire en vocabulaire disponible chez les élèves et que toutes les fautes sont commises en grammaire, orthographe et conjugaison ;

-Les élèves ne maitrisent pas la langue d'apprentissage en l'occurrence le français ;

- Il y'a une incapacité notoire des élèves à apprendre leurs leçons ou de décrire avec exactitude les phénomènes biologiques et les formules données pendant les cours ;

-Il y a également la non maitrise par les élèves, de la conversion en système métrique et arithmétique  et le manque de raisonnement dans la résolution des problèmes dans les disciplines scientifiques.

Les participants ont aussi apprécié de justesse les notes accordées par les correcteurs et ont souligné que les notes sont fictives dans la plupart des cas tout en reconnaissant le mauvais comptage des points par les enseignants. Ce rapport d'évaluation des examens et concours a prouvé que le niveau d'acquisition des élèves dans le département de la Kabbia est très faible. Ce faible taux d'acquisition des connaissances est aussi reconnues par nos enquêtés.

C'est ainsi que certains chefs d'établissement nous ont avoué que les élèves de manière générale et ceux de la 6ème en particulier ne savent lire et cela les obligent à insérer comme initiative un cours de lecture surtout pendant les heures de français pour permettre à ces élèves d'apprendre à lire. Ici, il se pose un problème de qualité de l'éducation prônée par le cadre d'action de Dakar 2000. Pour le document, le progrès essentiellement quantitatif ne suffit pas et qu'il faut améliorer les conditions d'accès à l'éducation en ce sens que cela s'accompagne de progrès concernant la nature et la qualité de l'enseignement. Ainsi l'un des objectifs de l'UNESCO (2000) est d'améliorer sous tous ses aspects la qualité de l'éducation dans un souci d'excellence, de façon à obtenir pour tous des résultats d'apprentissage reconnus et quantifiables notamment en ce qui concerne la lecture, l'écriture, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante. 

À ce propos Charbit et Kébé (2006) pensent qu'il ne faut pas seulement être à mesure de créer des écoles, de construire des classes ; le défi majeur consiste à garantir la qualité de l'enseignement dispensé à travers des acquis réels des apprenants. Selon eux, la faiblesse des niveaux de performance serait liée au fait que pendant plusieurs années, les systèmes éducatifs ont mis l'accent sur l'accès à l'éducation en multipliant la capacité d'accueil ou l'éducation de masse.

Ainsi le niveau d'acquisition des connaissances très faible des élèves entraine au cours de l'année le redoublement et l'abandon.

III.4. Le redoublement et l'abandon scolaire liés à l'insuffisance intellectuelle des élèves

Le redoublement est la décision de faire reprendre l'année scolaire qu'un élève vient de terminer compte tenu de sa réussite générale qui se relève insuffisante au regard de l'apprentissage de base jugé essentiel pour poursuivre sa formation scolaire avec des meilleures chances de succès. Quant à l'abandon, c'est le fait pour un élève ou une élève, de quitter l'école avant la fin de la période de l'obligation scolaire. Le phénomène de l'échec scolaire, qu'il prenne la forme d'abandon, de redoublement fréquent ou des résultats scolaires médiocres, s'observe à tous les niveaux du système éducatif en général et dans l'enseignement secondaire en particulier.

Dans le Département de la Kabbia, l'échec est observable à tous les niveaux. La baisse de la qualité de l'enseignement se traduit par le taux élevé de redoublement et d'abandon scolaire. Le taux de redoublement est un bon indicateur de l'efficacité du système éducatif. Lorsque le taux est élevé, cela signifie que beaucoup d'élèves n'ont pas atteint le niveau attendu d'eux. Le redoublement, un élément qui intervient dans la déperdition scolaire fait qu'un élève reste dans la même classe et accomplit le même travail que l'année précédente.

Le redoublement est considéré comme une déperdition car il empêche d'autres enfants de bénéficier dans l'immédiat de l'enseignement. C'est donc un handicap pour les élèves car ceux-ci restent dans la même classe et accomplissent le même travail que l'année précédente. En plus des années perdues, le redoublement provoque des dépenses supplémentaires tant pour l'Etat que pour les familles. Cette situation lamentable laisse entendre que la plupart des ressources utilisées dans la Kabbia sont gaspillées.

Cependant, on note un nombre considérable des redoublants dans le Département de la Kabbia traduisant le `` gaspillage'' des ressources. Au Lycée Maldom bada Abbas de Gounou-Gaya, pour l'année 2012-2013, sur un effectif de 1600 élèves, l'on compte 750 redoublants soit un pourcentage de 46,87%. De même au lycée de Pont Carol, dans la même année, sur un effectif de 1440 élèves, on dénombre 297 redoublants soit un pourcentage de 30,63%. Ce taux de redoublement très important reflète l'image de la baisse de niveau des élèves. Ainsi, note le Proviseur du lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya ce qui suit : « le taux élevé de redoublement d'une année scolaire est la conséquence du manque de niveau des élèves qui, ayant pris goût à la facilité sont incapables de travailler dur et ne peuvent supporter et rester dans la course pour l'excellence prônée par le gouvernement dans les écoles, lycées et universités ». Selon ce répondant, les élèves optent plus à la facilité en mettant en jeu les moyens financiers pour leur passage en classe supérieure.

Et comme le faible niveau des élèves ne leur permet pas de rester dans la course pour l'excellence, d'autres abandonnent les cours en milieu de l'année. Pourtant, le but d'un élève inscrit dans un cycle déterminé est d'arrivée dans un délai prescrit au bout du cycle. Dans ces conditions, tout abandon est une déperdition, car l'élève a interrompu le mouvement de la population scolaire. L'intéressé revient et reprend ces études au bout d'un certain temps dans la même classe où il devient redoublant.

Ce phénomène, bien observé dans le Département de la Kabbia se présente selon l'enquête que le taux d'abandon varie de 0,23% au collège de Fegué I à 20,81% au lycée de Domo Dambali. Comme le redoublement, l'abandon est une véritable perte économique pour le système scolaire car l'enfant désapprend facilement et devient analphabète. L'abandon des élèves dans le Département de la Kabbia est de deux sortes : il y a l'abandon volontaire et involontaire qui intervient avant la fin du cycle et l'exclusion définitive par le conseil d'orientation ou conseil de discipline pour insuffisance de travail et le décès qui interrompe la vie et les études.

En effet, au terme d'une année scolaire, il est fréquent de lire sur les bulletins des élèves des appréciations comme : admis en classe supérieure, redoublement, exclusion pour insuffisance de travail ou abandon. Si le redoublement est fréquent dans les établissements de la Kabbia, les exclusions pour insuffisance de travail ne sont pas du reste. Il varie de 00% au collège privé fille de Gounou-Gaya à 21,64% au lycée de Pont Carol où 187 élèves ont été exclus. Le tableau ci-après nous permet de faire une lecture détaillée sur le redoublement et l'abandon des élèves dans le département de la Kabbia.

Tableau no18 : Effectifs d'abandons et de redoublement des élèves

Etablissements

Effectifs

Abandons

%

Redoublants

%

 
 

Collèges

10074

756

7,50%

3321

32,96%

Lycées

9248

644

6,94%

3410

36,82%

Total

19322

1400

7,24%

6731

34,83%

Source de tableau : Données des enquêtes

Ce tableau nous présente les statistiques de redoublants et des abandons dans le Département la Kabbia. Concernant les abandons, on note que sur un effectif de 19322 élèves, il y'a 1400 élèves qui ont abandonné et 6731 ont redoublé. Ce qui nous donne effectif total de 8131 élèves, soit 42,08%. Ceci nous permet de confirmer que le rendement interne des établissements secondaires du Département de la Kabbia est faible.

En définitif, les activités scolaires dans le Département de la kabbia font face à des nombreuses difficultés. Au regard de développement ci-dessus, les données de l'analyse permettent de confirmer l'hypothèse une (1) de notre étude sur la gestion de temps matériel des activités scolaires. Selon l'enquête, les activités économiques accès sur la recherche des moyens financiers, le maintien des élèves par les parents pour le besoin des récoltes et l'inondation des écoles sont des facteurs qui influencent négativement le rendement interne faible des établissements secondaires de la kabbia. Ces facteurs agissent directement sur les activités scolaires entrainant l'insuffisance de nombre d'heure d'enseignement et la non couverture de programme scolaire qui ont pour conséquences la faible acquisition des connaissances par les élèves débouchent au redoublement et l'abandon scolaire. Ainsi, les obstacles d'ordre économique, naturel et agricole qui empêchent le bon déroulement des activités scolaires dans le Département de la Kabbia sont la cause de rendement interne faible des établissements secondaires.

CHAPITRE IV :
LA GESTION
DE CHOIX AU POSTE DE CHEF d'ÉTABLISSEMENT SCOLAIRE

Dans l'établissement d'enseignement secondaire, le chef d'établissement est le premier maillon de la hiérarchie qui représente l'État dans l'institution scolaire. Il assure et veille scrupuleusement à l'application de la discipline et au respect de la législation scolaire. Dans ce chapitre, nous abordons la manière dont les responsables sont nommés au poste d'établissement, leur professionnalisme, leur ancienneté et leurs implications dans les établissements.

I. LES CONDITIONS A LA NOMINATION DE CHEF D'ÉTABLISSEMENT

On observe à travers le monde, une grande diversité dans la promotion des chefs d'établissement. Les conditions préalables à la nomination peuvent être des conditions de qualification ou d'expérience professionnelle en tant qu'enseignant ou administrateur. Pour l'UNESCO (2006), la promotion s'accompagne généralement d'une formation spécifique qui peut être préalable ou intervenir lors de la prise de fonctions et durant les premières années d'exercice des chefs d'établissement.

Dans la plupart des pays du monde, les chefs d'établissement doivent être qualifiés comme enseignants et posséder une ancienneté dans les fonctions allant de 2 à 10 ans. UNESCO (2006) souligne qu'en Europe, seule la Finlande, exige des enseignants qui veulent devenir chef d'établissement qu'ils aient obtenu un diplôme supérieur d'administration scolaire. Les autres Etats, n'imposent pas de conditions d'ancienneté de fonction. Aux Etats-Unis, on exige pour accéder à la direction, une qualification professionnelle spécifique (licensure) conférée par une formation universitaire en gestion de l'éducation. Cette qualification peut parfois être acquise après la prise de fonction. Il arrive que cette licence soit accordée en deux étapes, l'une précédent la nomination et l'autre après quelques années. Si les administrateurs de l'éducation ont généralement débuté leur vie professionnelle comme enseignants, ce n'est pas une exigence et l'accès au métier est assez diversifié.

Au Tchad, il n'existe pas une loi qui régit la nomination de chef d'établissement scolaire. Néanmoins, la loi no 16/PR du 13 mars 2006, en son article 103 indique que les directeurs et les chefs d'établissement sont choisis parmi les enseignants à partir d'une liste d'aptitude et que les modalités sont déterminées par voie réglementaire. Ce qui nous laisse comprendre que le responsable nommé à la tête d'un établissement doit être au préalable un enseignant de carrière qui doit jouer à la fois le rôle administratif et pédagogique. Aussi, on note par là que les chefs d'établissement sont nommés d'après leur compétence, leur mérite et leur ancienneté.

Le Décret no 900/PR/PM/MFPTE/2006 Fixant le statut particulier des corps de fonctionnaires du Secteur de l'Éducation, précise en son article 15 les emplois normaux correspondant aux différents corps du cadre de l'enseignement secondaire. Ainsi, un professeur certifié de lycées d'enseignement général a pour emploi normal l'enseignement dans les lycées d'enseignement secondaire général. Il peut cependant occuper les fonctions de Directeur Général, du Délégué Régionale de l'Éducation Nationale, de l'Inspecteur de l'enseignement général secondaire, du Directeur de l'École Normale, de Proviseur de lycée et de censeur de lycée.

Un Professeur de lycée d'enseignement secondaire général a pour emploi normal l'enseignement dans un lycée d'enseignement général. Mais, il peut occuper des fonctions qui peuvent faire de lui un Directeur, un Délégué Régional de l'Éducation Nationale, un Inspecteur de l'enseignement général secondaire, un Directeur de l'École Normale, un proviseur de lycée et un censeur.

Un professeur de collège d'enseignement général a pour emploi l'enseignement au collège. Il peut à cet effet occuper le poste de Directeur de CEG, de Directeur des Études et de chef de services.

Tout contre fait, la loi no 17/PR/2001du 31 décembre 2001 en son article 53 souligne qu'il est formellement interdit de faire assumer par un stagiaire les responsabilités afférentes aux fonctions de direction ou de contrôle.

À cet effet, ils sont nommés soit par un arrêté du Ministre en charge de l'Éducation Nationale soit par une décision du délégué régional de l'éducation nationale ou encore par une décision de l'Inspecteur Départemental de l'Éducation Nationale pour nécessité de service.

En effet, être à la tête d'un établissement d'enseignement secondaire requiert un certain nombre de compétences, d'habilités et de savoir-être. Tout responsable nommé à la tête d'un secteur donné de l'enseignement doit être au préalable un enseignant de carrière car il a deux rôles à jouer : le rôle administratif et le rôle pédagogique. Le chef d'établissement est celui la qui remplit ces deux fonctions. En France, le statut défini par le décret 81-487 du 8 mai 1981 fixe les conditions de nomination dans certains emplois de direction d'établissement d'enseignement relevant du Ministère de l'Éducation Nationale. Au terme de l'article 5 de la loi française, pour devenir proviseur principal, il faut remplir trois conditions :

-Avoir au moins trente ans ;

-Avoir accompli au moins cinq années comme titulaire dans un corps d'enseignant, d'éducation ou d'inspection de l'éducation nationale ;

-Avoir été inscrit sur une liste d'aptitude. Outre ces conditions, il faut que le proviseur soit marié.

Le manque de texte portant promotion au poste de chef d'établissement aboutit à la nomination arbitraire des chefs d'établissement.

I.1. La promotion au poste des chefs d'établissement

La nomination est la désignation d'une personne à un emploi ou à un poste de travail. On observe à travers le monde une grande diversité dans les conditions de nomination des chefs d'établissement.

Au Tchad, le chef d'établissement est nommé soit par un arrêté du Ministre en charge de l'Éducation Nationale, soit par une décision du Délégué Régional de l'Éducation Nationale ou encore par une décision de l'Inspecteur Départemental de l'Éducation Nationale pour nécessité de service. En effet, être à la tête d'un établissement d'enseignement secondaire requiert un certain nombre de compétences, d'habilités et de savoir être. Tout responsable nommé à la tête d'un secteur donné de l'enseignement doit-être au préalable un enseignant de carrière car il a deux rôles à jouer : le rôle administratif et le rôle pédagogique. Le chef d'établissement est celui-là qui remplit ces deux fonctions. La loi no 16/PR du 13 mars 2006, en son article 103 stipule que les directeurs et les chefs d'établissement sont choisis parmi les enseignants à partir d'une liste d'aptitude. Les modalités de cette liste sont déterminées par voie réglementaire. Par là, nous comprenons que tout responsable nommé à la tête d'un établissement doit être au préalable un enseignant de carrière qui doit jouer normalement le rôle administratif et pédagogique à la fois. Cela nous fait comprendre que les chefs d'établissement sont nommés d'après leur compétence, leur mérite et leur ancienneté.

Eu égard à ces conditions de nomination des chefs d'établissement, nous avons interrogé nos enquêtés sur le sujet. Ainssi, plusieurs tendances se sont dégagées pour une négation. Sur 51 enquêtés 43 soit 84,31% chefs d'établissement ont affirmé que les nominations sont arbitraires et ne respectent pas les textes en vigueur. Ce pourcentage se repartit de la manière suivante : 24 soit 47,05% des répondants des collèges publics, 9 soit 17,64% des répondants des collèges communautaires, 4 soit 7,84% aux collèges privés et 6 soit 11,76% des répondants aux lycées. Nos répondants nous expliquent cela par la corruption, l'affinité et l'appartenance politique ou ethnique.

Ainsi, au collège de Djodo Gassa, notre répondant note que les nominations ne tiennent pas en compte les facteurs techniques mais prennent plus d'ampleur politique : « va manger ». Il continue en disant que les techniciens sont abandonnés au profit de non techniciens et que parmi ceux-là, il y a des responsables qui ne savent comment tenir le cachet. On comprend de cet auteur que les nominations sont politisées dans le but de récompenser certaines personnes et non d'arranger une situation scolaire. Cela existe non seulement dans les écoles publiques mais aussi dans les écoles communautaires et même privées. Une telle situation a été relevée par le secrétaire du SET qui reconnait que l'école tchadienne souffre aujourd'hui à cause d'un bon nombre des dirigeants qui sont des novices voire des parachutistes dans le système. Ils sont imposés au Ministère de l'Éducation Nationale au nom d'une solidarité gouvernementale, des hommes politiques qui cherchent à asseoir leur politique. Comme exemple, il note qu'un homme politique et non de moindre est intervenu pour exiger que tous les responsables scolaires de son terroir soient des militants de son parti. Ce qui veut dire que l'accession au poste de responsabilité d'un chef d'établissement ne dépend non de la compétence mais de la possession d'une couleur ou d'une carte d'un parti.

A ce sujet, notre répondant du collège communautaire de Goye note que même les parents préfèrent qu'il y ait toujours à la tête de leur collège un des leurs enfants car disent-ils selon l'auteur : « si un homme achète une vache, le lait revient à ses enfants ». Pour cet intéressé, les parents considèrent le poste de direction comme une vache à lait dont il faut profiter les enfants de la localité et cela tout en oubliant l'intérêt suprême des enfants qui est celui de la réussite.

Toujours à ce sujet, le directeur de collège Dougaye de Gounou n'est pas du reste et note ce qui suit : «  le système éducatif est dans un chaos total dans la mesure où l'État est absent dans les établissements et d'ajouter que la gestion catastrophique du personnel est caractérisée par la mauvaise répartition au niveau de la Kabbia ». Pour ce répondant, comme les techniciens n'ont pas la parole devant les politiciens, la carte scolaire n'est pas respectée et on assiste au clientélisme. Ce qui fait que les établissements privés sont bourrés par les agents de l'État au détriment des établissements publics.

Ce clientélisme ne laisse pas indifférent le directeur du collège de Bagaye qui soutient que la nomination des responsables scolaires est caractérisée par un phénomène de corruption. Comme il y a une mauvaise répartition qui se fait au niveau national, cela entraine au niveau départemental et sous-préfectoral une mauvaise répartition. Ainsi, pour avoir un enseignant ou un directeur à la tête de son établissement, il faut dépenser des moyens financiers. L'intéressé conclut que les chefs d'établissement nommés par affinité et pour des raisons politiques ne s'occupent pas normalement des établissements et se cachent derrière la politique. Ce qui amène le directeur de Djarao Baidou I à dire que : « Par manque de suivi de la hiérarchie, les responsables nommés politiquement sont souvent absents de leur poste car ceux-ci suivent plus le chemin de la politique dont ils dépendent ». Autrement dit pour ce répondant, il y a un laisser aller dans ce que font les responsables dans les établissements scolaires.

Ce qui fait dire le directeur du collège Maldom Bada-Abbas de Gounou-Gaya : « Qu'il y a un laisser aller de l'état politique dans l'éducation et cela fait que chacun fait ce qui lui semble bon ». Pour lui, à cause de manque des enseignants qualifiés, on nomme les stagiaires. Le répondant conclut que tout cela est l'oeuvre des hommes politiques locaux qui ont lavé le cerveau des parents par des promesses et que la solution pour ce problème est l'intervention de l'État.

Toujours au sujet de la responsabilité, le directeur du collège de Domo Dambali n'est pas du reste. Pour lui : «  la nomination des responsables est illogique en ce sens que les choses ne marchent pas. À partir du vécu, il met l'accent sur l'appartenance régionale des natifs qui refusent les affectations en dehors de leur localité ». Pour lui, ceux-ci tournent aux alentours de la localité pour créer de problème aux non natifs nommés à leur place. Mettant l'accent sur le clientélisme, il confirme que le poste se négocie avec l'équipe départementale qui affirme que de nos jours le poste s'achète et tant que vous ne négociez pas vous allez demeurer comme ça. Cette réalité se vie non seulement dans la Kabbia mais aussi au niveau national. Comme exemple, l'ex Directeur du collège de Djargaye qui deux ans durant est reconnu au niveau national comme chef d'établissement de ce collège et au niveau départemental est chargé des cours au lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya. Une situation contradictoire créée par les parents d'élèves et l'Inspecteur Départemental. En 2012, lors d'une rencontre avec l'Inspecteur Départemental, celui-ci se pleignait en ce termes : « Quelque enseignants ont été envoyés dans le Département de la Kabbia et que certains étaient envoyés avec consigne de les mettre à Pont Carol. Nous comprenons qu'il se passe beaucoup des choses inadmissibles dans la Kabbia surtout en matière de responsabilité et que les conséquences retombe sur les élèves. La question touche aussi le directeur de Bellé Vangza qui s'exprime en ces termes : « si les dirigeants ne changent pas dans leur façon de faire, l'école évoluera toujours en régression. Les nominations aux postes de direction sont juste une manière de se procurer de l'argent de Comité de Gestion des Établissements Scolaires qui est une vache à lait pour le chef d'établissement et les inspecteurs ». Pour lui les responsables scolaires ne visent que l'argent de COGES et se partagent avec leur chef hiérarchique pour se maintenir à leur poste.

En somme, à travers les informations recueillies des uns et des autres, il ressort que la promotion au poste de direction ne respecte pas les textes en vigueur. Certaines nominations sont tantôt politiques, tantôt par affinités et d'autres sont l'oeuvre du clientélisme. C'est pourquoi, le rapport national sur le développement de l'éducation au Tchad (1996) affirme en ce qui concerne les chefs d'établissement qu'il n'y a pas une formation spéciale de chefs d'établissement de quelque niveau que ce soit. Selon le document, ils sont simplement nommés sur des critères qui ne sont pas toujours ceux de la compétence. Ce critère ne tient pas compte du professionnalisme de chef d'établissement.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote