II.3. Les obstacles d'ordre
naturel
Le facteur d'ordre naturel se résume au niveau de
changement climatique. Situé dans la zone soudanienne, le
Département de la Kabbia présente un climat de type soudanien
caractérisé par une pluviométrie comprise entre 750 et
1000 mm de pluies. Les premières pluies commencent au mois d'avril
à octobre ou de juin à novembre. Durant les mois de
juillet-août et septembre, la zone de pluie s'étend sur tout le
Département mais le mois d'août est le mois le plus arrosé.
L'inondation de la cour d'école non seulement entraine un
démarrage tardif des activités scolaires mais a des
conséquences directes sur la santé des élèves.
Pendant la période des grandes eaux, les
débordements des eaux de la Kabbia ont des conséquences non
seulement sur la production, mais aussi sur les activités scolaires.
Office National de Développement Rural (2013 :3), souligne que les
inondations ont causé des dégâts sur les ménages,
des cases, des vivres et les pertes des animaux. Les dégâts
recensés par le comité régional sont les suivants: 7597
sacs des denrées alimentaires dans l'eau à Oum hadjer
(Batha-Est) ; 3027 têtes d'animaux emportées par les eaux
à Oum hadjer (Batha-Est) ; 18490 sacs écroulés dans
l'ensemble des zones inondées surtout dans la Kabbia; 22955
ménages exposés soit 127975 membres de ménages
touchés, 630 villages touchés. Ces inondations n'ont pas
seulement des conséquences sur le plan matériel et humain mais
aussi sur le plan scolaire.
À travers nos entretiens avec les chefs
d'établissement, il ressort de notre analyse les données
suivantes : 25 soit 40,02% de répondants dans les collèges
publics ont reconnu l'obstacle naturel contre 3 soit 5,88%. Dans les
collèges communautaires, ils sont 8 soit 15,68% contre 1 soit 1,96%.
Dans les collèges privés, ils sont 2 soit 13,92% contre, 13,92%.
Aux lycées, 9 soit 17,64% contre 3 soit 5,88%. Au total, 44 soit 86,27%
des répondants ont reconnu que les obstacles d'ordre naturel ont un
impact négatif sur les activités scolaires. Ils expliquent cet
obstacle par l'inondation qui ne permet pas aux établissements de
commencer comme il se doit les activités scolaires. En effet,
l'inondation a été considérée comme un facteur non
négligeable au bon déroulement des activités scolaires.
Selon le document de travail (2012 :17), « les infrastructures
scolaires sont détruites ou endommagées compromettant
l'accès aux sites scolaires. L'ouverture des classes est effective
chaque année le 1er octobre, soit en pleine saison. Durant
les inondations de 2010, la rentrée a été retardée
dans certaines localités pour deux raisons : la destruction des
classes d'une part et l'occupation des écoles par les victimes d'autre
part ». Cela veut dire que le retard dans le démarrage des
activités scolaires s'explique par la reconstruction de salles de
classes détruites et l'occupation de la cour par les victimes de
l'inondation. Dans nos entretiens dans les différents
établissements par rapport au sujet, les informations recueillies nous
laissaient entendre que la moitié des écoles étaient
inondées et impraticables. Selon nos répondants, 26 écoles
soit 50,98% inondées, n'avaient pas respecté le calendrier de la
rentrée scolaire.
Les conséquences des inondations ne sont pas les seuls
obstacles des activités scolaires. Il y'a aussi l'arrivée
précoce de la pluie qui limite les cours à la fin de
l'année. Les effets de l'arrivée précoce de la pluie ont
un avantage positif qui permet aux parents d'avoir tôt les tiges pour la
construction des hangars. C'est ce que souligne notre répondant du
lycée de Pont Carol : « Une longue saison de pluie
fait que les herbes ne sont pas en maturité pour avoir les Secko et
monter les hangars. Il est donc très difficile d'organiser la
rentrée des classes. C'est pourquoi les cours commencent tard et
finissent tôt dès la première pluie ». Pour cet
auteur, la rentrée de classe est conditionnée par le changement
climatique dont les solutions sont à rechercher dans les structures
adéquates.
Au mois d'octobre, pendant que les établissements
s'apprêtent à accueillir les élèves, plusieurs
villes et villages sont entrecoupés par des eaux. Ces eaux rendent
difficile la traversée empêchant les élèves des
villages environnants. Pendant ce temps, les cours des écoles restent
encore inondées. Au collège de Kongrong et
particulièrement dans ce village, on note l'impraticabilité entre
les autres villages environnants. Le répondant de cet
établissement nous livre ses impressions en ces
termes : « La rentrée scolaire ne peut être
respectée car, il est très difficile pour les
élèves éloignés de l'établissement de
traverser 4 à 5 km d'eau pour rejoindre leur école et avec leur
affaire d'écolier très sensible à l'eau. Toujours selon
lui, même s'il n'y avait pas l'inondation, cette période fait face
au repiquage de bèré-bèré dont les enfants sont
encore maintenus par les parents dans ce but.
Il est donc vrai qu'au moment de l'inondation toutes les
routes subissent une dégradation de sorte que pendant la
traversée un élève peut enfoncer les pieds dans un trou et
tomber par la suite. De même une glissade peut le terrasser et ses
affaires, ses habits peuvent être mouillés. Une situation qui ne
permet aux élèves de prendre tôt le chemin de
l'école. Les cas des établissements des cantons Djarao et
Léo situés dans la plaine du Logone répondent bien
à cette situation. Dans le canton Djarao et précisément
au collège de Djarao Boro, les cours ne commencent chaque année
qu'à la fin de mois de novembre. Même si toutes les conditions
sont réunies pour un démarrage à temps, les
élèves eux refusent de prendre le chemin de l'école
à cause de l'état de la route. Cette situation n'exclut pas le
canton Léo et précisément au lycée de
Léo Mbassa où les élèves viennent de 7
à 8 kilomètres. Dans ce lycée, les cours commencent
généralement en novembre.
Si l'impraticabilité des routes entre les
écoles et les villages environnants est un obstacle à la
rentrée scolaire, l'inondation de la cour des écoles n'est pas du
reste. Or, l'environnement des établissements scolaires de
manière générale doit être saint et propre pour ne
pas nuire à la santé des élèves. En effet,
l'inondation est donc un phénomène naturel que l'on ne peut
maitriser et particulièrement dans ce Département. C'est
pourquoi en 2012-2013, le département de la Kabbia a été
sous l'eau où on a enregistré plusieurs écoles qui ont
démarré les cours avec retard.
Pour le répondant du collège Maldom-Bada Abas de
Gounou-Gaya malgré que les cours aient commencé tôt, les
dernières pluies perturbent encore la mise sur pied les hangars et cette
situation nuit à la bonne rentrée scolaire. Tous ces obstacles
ont été reconnus par nos informateurs comme des facteurs qui
influencent les activités scolaires aux conséquences
néfastes.
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