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Gestion administrative et pédagogique des établissements et rendement interne des écoles: cas des lycées du département de la Kabbia au Tchad


par Kadakna BAISSANA
Université de Maroua - Master 2 2014
  

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II. LES DIFFICULTÉS DE RESPECT DE CALENDRIER SCOLAIRE

La confection du calendrier scolaire dans le Département de la Kabbia fait souvent face à de nombreuses difficultés qui handicapent plus souvent le bon fonctionnement des établissements. Ces difficultés se résument par des obstacles d'ordre économique, naturel et ceux liés aux activités agricoles.

II.1. Les obstacles d'ordre économique

L'approche qui nous intéresse dans ce travail est celle prenant en compte le volet économique. Au Tchad en général et dans le Département de la Kabbia en particulier, la pauvreté est un phénomène qui handicape le développement de la population. Les paysans ont un revenu faible. Selon Ministère de l'Agriculture (2005), le seuil de pauvreté globale au niveau national est estimé à 218 FCFA et le seuil de pauvreté alimentaire à 194 FCFA par jour et par personne. Le document note que ce seuil est largement inférieur au seuil de pauvreté global standard international fixé à un dollar par jour et par personne, soit environ 525 FCFA. Selon ces données, plus d'un tchadien sur deux n'ont pas de revenu suffisant pour satisfaire leurs besoins alimentaires et sont incapables d'assurer les prestations élémentaires dans les domaines vitaux comme la santé, l'éducation et autres services essentiels.

Le Département de la Kabbia est classé parmi les six régions du Tchad qui présentent un haut profil de pauvreté monétaire dont l'indice est significativement plus élevé que la moyenne annuelle de 55% dont les taux de pauvreté vont de 57,6% à 71,7% MA (2005). Dans notre étude, il ressort que les activités économiques occupent plus les élèves. En référence au tableau no 7, 29 répondants soit 56,86% ont affirmé que le retard dans la rentrée des classes est dû aux obstacles économiques contre 22 soit 43,13%. Ces obstacles agissent directement sur les heures d'apprentissage scolaire entrainant la non couverture de programme d'où l'insuffisance des connaissances acquises par les élèves. Ce qui provoque l'échec aux différents examens officiels.

Les données de l'enquête ont été reparties selon le statut des établissements comme suit : 13 soit 25,49% des répondants aux collèges publics, 7 soit 13,72% aux collèges communautaires, 3 soit 5,88% aux collèges privés et 6 soit 11,76% aux lycées en référence au tableau no7. Nos enquêtés expliquent les obstacles économiques par le manque des moyens financiers, l'occupation des élèves dans les activités lucratives et l'aventure des élèves à la recherche des moyens financiers. Les activités scolaires en général et le démarrage des classes en particulier ont souvent été paralysés. Ce phénomène s'explique selon nos répondants par diverses raisons.

Pour la plupart des enquêtés, les parents n'ont pas les moyens financiers disponibles pour satisfaire aux besoins scolaires de leurs enfants. Pour cette raison, notre répondant au lycée de Tagal déclare ce qui suit : « Le démarrage des cours ne respecte pas le calendrier pour raison de la pauvreté des parents qui ne sont pas à mesure d'acheter les fournitures et de fournir les moyens nécessaires à leurs enfants. Cela fait que les élèves ne sont pas motivés à reprendre tôt le chemin de l'école ». Pour l'intéressé, le fait que les élèves n'ont pas des fournitures scolaires et des moyens financiers pour s'inscrire les amène à prolonger leurs vacances. Si cela est récurent chez les élèves issus des parents pauvres, il n'est pas évident pour ceux qui se prennent en charge. Cette situation est visiblement observée dans le Département de la Kabbia où bon nombre d'élèves justifient leur retard par le manque des fournitures, des moyens financiers ou encore le manque de tenue scolaire.

Ainsi, la pauvreté non seulement entraine un retard dans la rentrée des élèves mais elle est source de démotivation tardive de ces deux derniers. Cette pauvreté qui se traduit par le manque des fournitures scolaires, la confection de tenue et les frais de scolarité amène également les élèves à se lancer dans d'autres activités lucratives dans le but est la recherche des moyens financiers.

Dans leur manière de chercher les moyens en vue de satisfaire leurs besoins scolaires, l'enquête souligne que dans le chef lieu du Département (Gounou-Gaya), les élèves s'occupent beaucoup plus d'autres activités économiques. Pour le Directeur de collège privé Doungkangson de Gaya centre : « Le manque des moyens financiers oblige les élèves à descendre au bord de la ``Zalla''  pour fabriquer des briques en vue de s'acheter soit des fournitures scolaires, soit pour payer leurs frais de scolarité ». Selon l'intéressé, cette occupation des élèves non seulement occasionne le retard dans la rentrée mais crée aussi des absences pour ceux qui sont déjà sur le banc. Il est donc vrai de convenir avec cet enquêté, que le bord de cette marre `'Zalla'' a été pendant longtemps un site réservé pour la fabrication des briques pour ceux qui désirent ce travail. Mais compte tenu des difficultés que rencontrent la plupart d'élèves, ceux-ci profitent également de cette activité pour avoir quoi satisfaire leurs besoins scolaires. C'est donc pour eux une manière de se battre pour leur avenir.

Toujours dans le chef lieu de Département, notre enquêté du lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya nous fait comprendre que le commerce et les motos taxis sont des activités qui préoccupent plus les élèves. À cet effet, il déclare ceci : « Les élèves qui se prennent en charge pour leur scolarité, se livrent aux activités lucratives dont ils deviennent soit des commerçants ambulants ou des motos taxi  ». Pour l'intéressé, les élèves n'ont pas les moyens et pour reprendre le chemin de l'école, il leur faut beaucoup de gymnastiques. C'est pour cette raison qu'ils se lancent dans le commerce et d'autres activités. Nous convenons avec cet auteur car le constat démontre que ces élèves une fois fini avec les cours sont devant leurs marchandises soit dans les boutiques soit sur la route. Les motos taxis sont également sur leur moto pour déposer les clients. Ceci devient leurs principales activités au détriment des études.

Abondant dans le même sens, le Proviseur du lycée de Pont Carol note que la plupart des élèves sont des vendeurs ambulants, des dockers et des pousseurs qui occupent souvent les allées du marché créant des embouteillages. C'est pour cette raison que notre répondant au lycée de Pont-Carol souligne que : « le manque de prise de conscience des élèves, la démotivation due aux échecs au bac, la fuite de responsabilité des parents amènent les enfants à l'aventure. Il ajoute que face à cette situation, une grande partie des élèves sont devenus des dockers et des vendeurs ambulants ». Il est donc vrai de constater qu'à Pont Carol et surtout le jour du marché, les élèves mènent plus des activités économiques. Selon toujours notre informateur, le jour du marché, les élèves se créent de stratégies pour être renvoyés des classes et aller faire le marché. C'est ainsi que certains viennent pour la plupart en demi tenue pour bénéficier d'un renvoi. Au marché, ils sont partout dans les boutiques en train de vendre des articles comme : les savons, les piles torches, des sachets d'eau, des comprimés, la liste est longue. Certains élèves se convertissent en pousseurs ou dockers, adoptent le même comportement que les renommés de cette activité. On entend souvent d'eux, un cri fort « derib, derib » en arabe ou « vota, vota » en moussey qui veut dire « laisser la route » en français. Au cas où la route ne leur est pas laissée, ils vous bousculent au point de vous faire tomber que vous soyez n'importe qui.

Les filles également n'échappent pas à cette façon de faire. Elles sont aussi partout dans le marché en train de vendre, soit assises devant leur « eau blanche » ou boisson, soit en train de se promener avec des oeufs, des bananes, arachides ... Il est donc à noter que le mercredi, jour du marché de cette localité, certains oublient même qu'ils sont des élèves.

Au lycée de Djodo Gassa notre répondant reconnait un autre aspect qui contribue à la rentrée tardive des écoles. Il affirme ce qui suit : « la majorité des élèves sont des paysans ou issus des parents pauvres qui n'arrivent pas à payer des fournitures scolaires à leurs enfants et à leur confectionner des tenues .C'est donc cette situation de pauvreté qui amène les enfants dans l'aventure hors du pays dont le retour est toujours tardif ». Selon l'intéressé, la pauvreté est la raison principale d'une rentrée tardive dans les établissements. Non seulement elle empêche les jeunes de prendre tôt le chemin de l'école, mais les amène plus loin en aventure. Nous convenons avec cet intéressé car depuis très longtemps, les jeunes n'ont pas cessé de s'aventurer au Cameroun et même au-delà dans l'objectif de préparer leur rentrée scolaire. Leur retour est souvent retardé. Certains arrivent en mi novembre et d'autres en fin novembre alors que les cours commencent le 1er octobre. Durant cette aventure, certains élèves qui arrivent après la clôture des inscriptions et réinscriptions perdent leur place dans les grands lycées. Et comme solution, notre interlocuteur propose aux jeunes de faire des champs collectifs en vue d'éviter ce problème d'aventure aux conséquences incalculables.

En somme, les activités économiques que ces enfants se livrent peuvent avoir des effets non moins importants sur leur réussite. Les élèves dans la recherche des moyens non seulement perdent suffisamment de temps scolaire mais oublient la notion même de leur leçon. Ils se retrouvent plus souvent à la fin de l'année en situation d'échec constante. Cette activité économique n'est pas la seule handicape pour le bon fonctionnement des activités scolaires dans la Kabbia. Il y a d'autres difficultés liées à l'agriculture qui handicapent au maximum les activités scolaires dans le Département de la Kabbia.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery