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Les immunités parlementaires en droit positif congolais: considérations et perspectives


par Trudon LUKANDA
Université de Kinshasa - Graduat  2019
  

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SECTION II : LES IMMUNITES, L'INVIOLABILITE ET LES PRIVILEGES DE JURIDICTION

On peut affirmer sans ambages que les immunités (paragraphe1) emportent une inviolabilité partielle d'une part et d'autre part des privilèges de juridiction (paragraphe2) qui protègent les parlementaires contre les risques d'une poursuite intempestive en aménageant une procédure dérogatoire en droit commun. Il est question des immunités (au pluriel) parce que, les parlementaires bénéficient d'une double protection généralement que la doctrine qualifie d'immunité de fond et celle de forme ou de procédure.

PARAGRAPHE I : LES IMMUNITES

Les immunités parlementaires sont des prérogatives qui mettent les parlementaires à l'abri des poursuites judiciaires en vue d'assurer le libre exercice de leur mandat41.

L'immunité des membres du parlement est prévue à l'article 107 de la constitution qui dispose «qu'aucun parlementaire ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé en raison des opinions ou votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions. Aucun parlementaire ne peut, en cours de sessions, être poursuivi ou arrêté, sauf en cas de flagrant délit, qu'avec l'autorisation de l'assemblée nationale ou du sénat, selon le cas. En dehors de sessions, aucun parlementaire ne peut être arrêté qu'avec l'autorisation du bureau de l'assemblée nationale ou du sénat, sauf en cas de flagrant délit, de poursuites autorisées ou de condamnation définitive. La détention ou la poursuite d'un parlementaire est suspendu si la chambre dont il est membre le requiert. La suspension ne peut excéder la durée de la session en cour 42».

Il en découle de cette disposition constitutionnelle que si les paroles ou écrits du parlementaire cristallisent des atteintes à l'honneur ou à la considération d'une personne ou si les paroles ou écrits provoquent la commission d'une infraction, les faits échappent à toute poursuite pénale, dans l'expression des opinions des parlementaires, l'entière et parfaite indépendance des chambres du parlement vis-à-vis d'une action extérieure quelconque43.

41 Valérie LADEGAILLERIE, Lexique des termes juridiques ANAXAGORA, collection numérique, p.86

42 Article 107 de la constitution

43 Jean Pradel, Manuel de procédure pénale, paris, 14eme Ed. Cujas, 2008, p.203

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L'immunité est une cause définitive d'impunité ou d'irresponsabilité, elle rend toute poursuite d'un individu impossible44. Les immunités sont des causes d'irresponsabilité pénale qui résultent de la qualité de l'auteur des faits et parfois des circonstances de l'infraction. Elles peuvent présenter une portée générale ou être limitée à certaines infractions45.

Ces immunités constituent une sorte de privilège attaché par la loi à certaines situations politiques, diplomatiques ou sociales dans le but de protéger ces situations et leur donner pleine efficacité.

Le principe d'égalité des délinquants pose comme règle essentielle que tout délinquant, quelle que soit sa nationalité, quel que soit son rang social, est soumis à l'action publique née de l'infraction qu'il a commis46.

Mais ce principe souffre d'énormes exceptions importantes fondées sur les immunités d'ordre politique et autres. A la différence de l'inviolabilité qui est un obstacle à la poursuite pouvant être surmonté.

Les immunités politiques sont liées soit aux fonctions de l'exécutif soit à celles du législatif. En droit congolais ces immunités concernent le chef de l'Etat et les parlementaires47.

Le parlementaire étant un acteur institutionnel qui parle au nom et pour le compte de son mandat, il ne peut qu'être normal que ces opinions qu'ils expriment dans le cadre de sa mission soient immunisées en vue d'accorder une facilité à sa langue pour pouvoir dire ce qu'il pense au sujet de la gestion de la chose publique. Ces opinions peuvent être contenues dans les interventions en plénière, en commission, dans les questions orales et écrites ou dans les rapports rédigées au compte du parlement, les initiatives telles que propositions de loi ou amendement.

L'article 107 de la constitution renseigne les opinions et votes émis dans le cadre de l'exercice des fonctions parlementaires.

44 E.J LUZOLO BAMBI LESSA et N.A BAYONA Ba MEYA, op.cit., p.187

45 Angélique SITA MUILA, droit pénal général, UNIKIN, p.83

46 LUZOLO BAMBI LESSA E.J et BAYONA Ba MEYA N.A, op.cit., p.187

47 Angélique SITA MUILA, op.cit., p.84

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Après avoir donné leurs observations, avis, recommandations, propositions et considérations, dés fois les parlementaires se trouvent obligés de décider pour faire passer leur opinion. C'est ainsi qu'il parait important de couvrir les votes qu'émettent les parlementaires surtout quand ils sont appelés à sanctionner les membres de l'exécutif. La formule traditionnelle de l'article 107 de la constitution a une portée trop générale et devrait être précisée par le R.I.A.N. pour savoir les véritables comportements attendus des élus du peuple.

Les immunités sont des causes définitives d'imputabilité, elles rendent impossible les poursuites. Donc toute poursuite d'un individu devant les juridictions d'instruction et du jugement est en principe impossible.

Conçu pour répondre à une rigueur de droit, ces immunités sont au service d'un but qui leurs sont lorsqu'une personne, quel que soit son statut commette une infraction soit poursuivi et jugé. L'action pénale, légitime par ailleurs, peut mettre à mal le fonctionnement d'une autre institution, d'un autre pouvoir et d'empêcher ainsi de fonctionner.

L'on croyait que par cette intervention, le magistrat s'ingère dans le fonctionnement d'un autre pouvoir pour l'empêcher d'exercer sa mission. De ce fait, l'on comprend que l'immunité et l'inviolabilité tendent à assurer l'exercice indépendant et serein, de ses fonctions par son bénéficiaire. Il faut ici signaler que le bénéficiaire ne pas protégé mais sa fonction plutôt48.

Ces immunités couvrent les parlementaires à raison des actes accomplis dans le cadre de son mandat49, cette protection traditionnelle depuis la constitution de Luluabourg qui vise à assurer la liberté d'expression et de décision du parlementaire présente un double caractère.

Il faut signaler que les immunités parlementaires couvrent non seulement les parlementaires dans leurs activités, mais aussi tous ce qui peuvent être associés à l'activité parlementaire, tels que les ministres, les chefs des entreprises et des services publics appelés à prendre la parole à la tribune de l'une des deux chambres et les personnes entendues par des commissions d'enquête parlementaire50.

48 LUZOLO BAMBI LESSA E.J ET BAYONA Ba MEYA N.A, op.cit., p.91-92

49 P. AVPRIL et J. GICQUEL, Droit parlementaire, 2ieme éd., Paris, Montchrestien, p.46

50 NYABIRUNGU MWENE SONGA, Traité de droit pénal général, éd.2, Kinshasa, EUA, 2007,p.247

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Elles sont absolue, car, elles concernent tous les actes accomplis par le parlementaire dans l'exercice de ses fonctions tant à l'égard des poursuites pénales que civiles, et elle est permanente car elle s'éteint après la cessation du mandat51.

Il est impérieux de bien préciser que, ces immunités parlementaires doivent être entendues au sens large et s'applique à tout, ce que les parlementaires disent, écrivent et font dans l'accomplissement de leur tâche : c'est-à-dire discours prononcé à la tribune ou en commission ,rapports, interpellations, questions écrites ou orales, enquêtes et contrôle des autres organes de l'Etat, d'une façon générale, tout acte supposant chez son auteur la qualité de titulaire d'un mandat législatif qu'un non parlementaire ne pouvait effectuer52.

Mais il faut signaler ici que l'irresponsabilité ne concerne que les actes directement attachés à l'exercice du mandat à l'exclusion de ceux qui sont détachables. Les rapports et propositions, ainsi que les activités extérieures telles que les discours en réunion publique, et ces immunités ne concernent pas un appel à l'ordre par le président du Senat et de l'Assemblée nationale, conformément au règlement intérieur de l'une ou de l'autre chambre.

Le but de cette disposition reprise à l'article 107 de la constitution étant de protéger de manière spécifique les élus dans leur mission légitime.

Même lorsque c'est à l'occasion de l'exercice des fonctions parlementaires au sein de l'hémicycle, tout n'est pas autorisé. Le règlement des chambres comportent au plan disciplinaire un certain nombre de mécanismes encadrant les opinions émises par les parlementaires ou réprimant les faits et gestes de chacun d'eux, ça pourrait aussi donner lieu à des poursuites pénales, pour diffamation ou dénonciation calomnieuse, cas ici d'Alexis TAMBWE MWAMBA constitue un exemple malgré que la chambre ait refusée d'enlever ses immunités.

Au plan strictement scientifique. On ne peut pas parler de l'immunité politique des membres du Gouvernement qui jouissent plutôt de l'inviolabilité dans ce sens que leur poursuite pénale doit faire l'objet d'une décision de l'assemblée nationale qui en quelque sorte doit autoriser cette poursuite . Il convient d'ores et déjà de signaler qu'avec la probable adoption souhaitée du projet de loi d'application du statut de Rome instituant la Cour Pénale Internationale ; projet qui pose à article 27 le principe du "défaut de pertinence de la qualité officielle", la notion

51 E.J LUZOLO BAMBI LESSA ET N.A BAYONA Ba MEYA, op.cit., p.91-92

52 P. AVPRIL et J. GICQUEL, op.cit., p.243

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d'immunités sera sujette à âpres débats et fait pointer à l'horizon un cas faisant appel au respect strict du monisme du système de notre droit qui réserve la prééminence - l 'article 215 de la constitution de la transition le rappelle très pertinemment d'ailleurs - aux textes internationaux dont le traité de Rome en est un53.

Là s'arrête l'immunité des députés et sénateurs, elle ne couvre que les opinions émises et les votes émis à l'hémicycle, c'est-à-dire a l'occasion de l'exercice de la fonction des députés et sénateurs. En dehors de l'hémicycle un député ou un sénateur ne bénéficie pas d'immunité mais plutôt d'inviolabilité54. En outre il y a diverses sortes d'immunité notamment judiciaires, familiales, et diplomatiques.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery