De l'avoir pour la valorisation de l'être. essai de compréhension de l'être et l'avoir chez Gabriel Marcelpar Ange TEZANGI AZAKALA Université Saint-Augustin de Kinshasa - Grade en philosophie 2020 |
CONCLUSIONTout au long de notre parcours, il a été question de remarquer que l'homme face aux multiples inventions créées par lui-même et par ricochet, la mauvaise gestionqu'il fait de ses inventions (avoir technologique et bien d'autres avoirs),perd de plus en plus l'essentiel de son être, et surtout sa propre dignité puis discrédite également la dignité des autres par le fait de donner beaucoup plus de valeur aux avoirs récents oubliant son autre et lui-même. La fraternité authentique n'existe presque plus et même le sens du partage est exclu au sein de la société moderne. L'avoir n'est plus au service de l'être mais l'être au service de l'avoir. Partant de cela, nous avons constaté que les relations sont présentées, dans cette analyse, tout simplement comme un rapport extrinsèque, rapport de « choses » dans l'espace et le temps, sans qu'il y ait pour autant l'essentiel du « nous », à savoir la présence naturelle de deux sujets, l'intimité spirituelle. L'objet ou l'avoir s'il est physiquement présent devant moi, en face de moi, demeure absent ; il est le type même de l'absence, car il existe sans tenir compte de moi73(*). Il n'a pas de conscience. Le fait d'accorder beaucoup de crédit à l'avoir tout en oubliant son existence et celle des autres est à la base de la crise liée à notre existence. A ce propos, écrit Marcel, « nous pouvons, par exemple, avoir le sentiment très fort que quelqu'un qui est là dans la même pièce, tout près de nous, quelqu'un que nous voyons et que nous pouvons toucher, n'est cependant pas présent, qu'il est infiniment plus loin de nous que tel être aimé qui est à des milliers de lieues ou qui, même, n'appartient plus à notre monde » 74(*). Mais aussitôt que cet inconnu se découvre à moi comme un foyer de vie, de souffrance, de souci, une transfiguration s'opère ipso facto. Parce qu'en ce temps, nous coexistons. Il s'approche de moi, il n'est plus absent, il m'est présent, il n'est plus « lui », il devient « toi ». Il y a donc là un passage, un progrès de « lui » au « toi », de la connaissance à l'amour. Cet amour, relève du « toi », de la deuxième personne. En ce moment, l'autre cesse d'être pour moi quelqu'un dont je m'entretiens avec moi-même, il cesse d'être encadré entre moi-même ; ce moi-même avec qui j'étais coalisé pour l'examiner, pour le juger, a comme fondu dans cette unité vivante qu'il forme maintenant avec moi. Et par là, s'ouvre le chemin qui mène à la dialectique de l'amour et de l'altérité.De ce fait, la relation être et autrui est évidente. Etre avec autrui consiste réellement à donner sens à son existence car l'autre est le miroir de mon existence. La considération de l'autre comme humain consiste à reconnaître sa propre dignité étant donné que pour Gabriel Marcel, l'être n'est pas dans l'ordre de l'avoir mais bien plus de celui de mystère. Il est essentiellement intersubjectif.Mais quel est le fondement de l'existence humaine dans sa relation interpersonnelle ? Laissons le prochain chapitre tenter d'y répondre. * 73 Cf. ELONGO LUKULUNGA, « De l'être avec dans la philosophie de Gabriel Marcel. Une approche de la communication », op.cit., p. 73-74. * 74 G. MARCEL, Mystère de l'être, op.cit., p. 221. |
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