L'intégration aérienne en Afrique: une analyse à partir des politiques du ci el unique africain de l'ASECNA et du MUTAA de l'union africainepar Amédée MISSIKA MBIANG IRIC- Université de Yaoundé 2 Soa - Master professionnel en Relations Internationales, option Intégration Région le et Management des Institutions Communautaires 2021 |
PARAGRAPHE II: LIBERALISATION DU« CIEL AFRICAIN » : INSTRUMENT DE DEVELOPPEMENT DU CONTINENTJuste après les indépendances, les pays africains ont reconnu I `importance du rôle de l'aviation civile dans les économies nationales, le processus d'intégration nationale et régionale, et le développement social221(*). Ainsi, l'uniformisation d'un « ciel africain » n'ira pas sans conséquences positives pour le continent africain, car, constituant un instrument de développement de l'Afrique. Ainsi, elle aura un effet positif sur le secteur économique (A) et permettra à l'Afrique de faire face à la concurrence mondiale dans le secteur du transport aérien (B). A- Les politiques aériennes africaines : Des outils de facilitation de l'intégration économique du continentLa mauvaise connectivité actuelle des liaisons aériennes en Afriquefreine considérablement les économies du continent. De ce fait, un espace aérien intra-africain engrangera des retombées économico-sociales. En d'autres termes, les politiques aériennes effectives impacteront de manière significative l'économie du continent, une fois mises en oeuvre par l'ensemble des Etats africains. Depuis la Déclaration de Yamoussoukro, les CEG étaient convaincus qu'un transport aérien libéralisé « pourra stimuler le développement économique et social en Afrique et dans le reste du monde »222(*).On comprend très bien la place privilégiée qu'occupera un transport aérien uniformisé sur le continent qui stimulera le développement économique des Etats via le renforcement du commerce intra-africain et le tourisme. Tout d'abord, le transport aérien est un facteur essentiel de croissance des économies africaines ; les politiques aériennes mises en oeuvre,dynamiseront le commerce à l'intérieur du continent.En effet, parallèlement aux autres régions du monde, l'Afrique est celle où les échanges entre pays africains sont moindres. A titre illustratif, en 2018, les statistiques sur le commerce intra-régional en Afrique s'élevaient à 16,1% seulement contre 73% et 52% respectivement pour l'Europe et l'Asie223(*). Cette situation fait de l'Afrique un simple spectateur des échanges au niveau mondial. Selon la Banque Mondiale, le continent Noir n'a participé aux exportations mondiales qu'à hauteur de 2,4% en 2015224(*), ce qui freine le développement économique du continent.La mobilité des populations africaines dans leur continent viendra pallier cette situation et le transport aérien qui est un moyen de locomotion très rapide sera le catalyseur. Car aujourd'hui, le transport aérien uniformisé constitue d'ailleurs à l'instar des autres modes de transports de surface un support à la production économique des Etats et un instrument efficace pour l'intégration du continent225(*). Une ouverture du ciel en Afrique sera une occasion pour les Etats africains de désenclaver et de mettre en valeur, au moindre coût et rapidement, leurs vastes territoires226(*).Un « ciel sans couture » en Afrique permettra aux Etats africains de renforcer leurs relations internationales et commerciales, de stimuler les investissements transfrontaliers dans les industries de production et de services, de favoriser des entrées de devises issues des activités des compagnies aériennes, prestataires et fournisseurs de services aériens ainsi que de la croissance du tourisme, de générer des revenus pour l'agriculture par l'exportation des produits agricoles (fleurs, fruits et légumes, poisson et viande) ainsi que de mieux combattre les famines et les épidémies par l'acheminement rapide des vivres et des médicaments, contribuant de façon concrète à la réduction de la pauvreté sur le continent227(*). Aussi, une libéralisation du secteur de l'aviation civile en Afrique permettra-t-elle au continent de reprendre la gestion de son espace aérien et de fait, boostera la création d'emplois sur le continent.En 2004, l'IATA et l'AFRAA ont évalué que l'industrie du transport aérien africain génère 470 000 emplois sur le continent et contribue à hauteur de 11,3 milliards US Dollars, soit 1,7% du Produit Intérieur Brut (PIB) de l'Afrique228(*). Ces taux connaîtront une croissance avec l'ouverture du « ciel africain », car l'UA estime à près de 2,5 millions, le nombre d'emplois directs et indirects qui pourraient découler de l'instauration du MUTAA229(*). L'intégration aérienne devrait promouvoir le tourisme et le commerce. A ce titre, devrait permettre le renforcement du commerce intra-africain et la Zone de libre-échange continentale africaine, un autre projet phare de l'Agenda 2063 de l'UA. La CUA a estimé que le MUTAA se traduira en 300 000 directs emplois supplémentaires ainsi que deux millions d'opportunités créées indirectement230(*). Par ailleurs, une intégration aérienne du continent va permettre l'amélioration des niveaux de service aérien, renforcera la concurrence entre les itinéraires selon le Dr Amani Abu-Zeidle231(*). De ce fait l'effectivité du « ciel unique africain » de l'ASECNApermettra de mieux absorber les coûts fixes des redevances aéronautiques versées par les compagnies aériennes aux agences d'aide à la sécurité et à la sûreté des aéronefs dans l'espace aérien africain. Ces coûts fixes permettent d'assurer le fonctionnement des tours de contrôle des aéroports, le fonctionnement des entreprises en charge de la navigation aérienne.Ainsi, un « ciel africain » unifié engendrera un abaissement des redevances que doivent payer les compagnies aériennes et qui sont répercutées dans les prix du billet du passager. L'uniformisation des procédures de contrôle entraîneraune maîtrise de la navigation aérienne, et plus lamaîtrise de la navigation aérienne est parfaite, plus la sécurité est assurée au niveau du trafic aérien, plus le trafic passager est en hausse, et plus l'on dégage beaucoup d'agent pour pouvoir financer les plans pareils. * 221 CEA/NU - Division de la coopération et de l'intégration régionales, Environnement aéronautique, « Activités d'intégration aérienne et l'avenir de la deuxième décennie pour les transports et les communications en Afrique » au-delà de l'an 2000 , Rapport d'information, avril 1998, p.1. * 222 Première conviction dans la Déclaration de Yamoussoukro. * 223 Commission Economique pour l'Afrique, Evaluation des progrès de l'intégration régionale en Afrique, Rapport de la trente-neuvième réunion du Comité d'experts, Addis-Abeba, 18-20 mars 2020, p. 3. * 224 Commission de l'Union Africaine et Organisation Internationale pour les Migrations, Etude des avantages et des défis de la libre circulation des personnes en Afrique, p. 39. * 225 Stratégie de développement du transport aérien en Afrique, Op.cit., p.9. * 226 En effet, il se peut que le transport aérien soit l'un des modes de transports les plus appropriés pour l'Afrique. Car, Le continent africain est d'une grande immensité territoriale comprenant une mosaïque de 55 Etats étendus sur un peu plus 30 millions Km2 soit 22% de la surface émergée du globe, avec un relief accidenté et, environ 1,2 milliards d'habitants vivant sur des noyaux de peuplement dispersés. Il y est constaté l'insuffisance et/ou l'impraticabilité des transports de surface (maritime, routier, ferroviaire et fluvial). A tout cela, s'ajoutent les besoins de désenclavement des 15 pays africains sans littoral maritime et des 7 pays insulaires africains. A cet effet, les handicaps des transports de surface peuvent être facilement surmontés par le transport aérien s'il est libéralisé. Aussi, en raison de la vitesse de déplacement de l'avion, le transport aérien reste le seul mode capable de relier physiquement en moins de 24 heures les capitales africaines entre elles, de même celles-ci avec les autres villes partout dans le monde. * 227 Stratégie de développement du transport aérien en Afrique, Ibid. * 228 Ibidem. * 229 www.republiqueoftogo.com/Toutes-les-rubriques/Economie/MUTAA-33-Pays-bientot-signataires, consulté le 30 novembre 2019 à 11h32. * 230 www.uneca.org/fr/stories/le-marché-unique-africain-du-trasport-aérien-est-lancé, consulté le 24 novembre à 03h32. * 231 Gabonreview.com, consulté le 30 novembre 2019 à 11h59. |
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