L'intégration aérienne en Afrique: une analyse à partir des politiques du ci el unique africain de l'ASECNA et du MUTAA de l'union africainepar Amédée MISSIKA MBIANG IRIC- Université de Yaoundé 2 Soa - Master professionnel en Relations Internationales, option Intégration Région le et Management des Institutions Communautaires 2021 |
B- Les politiques aériennes comme levier de promotion des migrations intra africaineset de mise en oeuvre du passeport africainPar ces termes, l'on voudrait montrer qu'un transport aérien libéralisé sur le continent pourra permettre aux populations africaines de circuler librement sur leur continent, mieux, pourra permettre le développement de l'identité panafricaine ou du moins le brassage des peuples africains, surtout que grâce au transport aérien, n'importe quel endroit du globe peut en théorie être matériellement connecté à un autre sans considération de distance212(*). En effet, depuis l'apparition des pôles d'intégration en Afrique, la libre circulation des personnes, des biens, services et capitaux a toujours fait l'objet d'une grande préoccupation particulière des dirigeants africains même si la manifestation dans les faits de cette volonté reste mitigée, alors que la libre circulation des personnes à l'échelle continentale représente un puissant catalyseur non seulement de la croissance économique, mais aussi du développement des compétences, que ce soit pour le tourisme ou l'éducation, ce processus est bénéfique à la fois pour les pays de départ que pour les pays d'accueil via l'augmentation des transferts de fonds213(*). En effet, le transport aérien est un vecteur d'échanges entre les pays, les régions et les continents, pour ce qui concerne les personnes et les marchandises. Or, dans le domaine de l'aviation civile, l'Afrique est à la traîne, car ne représentant que 4,5% du trafic aérien mondial passagers (soit 108 millions de passagers en 2005) et 1,6% du fret (soit 1,334 millions de Tonnes métriques)214(*) alors qu'elle abrite 15% de la population mondiale215(*). Une mise en oeuvre dans leur intégralité des politiques aériennes pourrait renverser cette tendance qui ne profite pas à l'Afrique. Ceci dit, une mise en oeuvre de la politique du « ciel unique africain » et du MUTAA permettra aux compagnies aériennes de réduire leur consommation en carburant, qui les amènera à réduire les prix de billets de voyage profitables aux passagers africains pour qui le transport aérien ne sera plus un luxe. A en croire la CUA, « faciliter les voyages aériens sera un pas positif vers l'intégration du continent »216(*). Car il n'est pas évident dese déplacer d'une région à une autre sur le continent ; parfois, il faut aller en Europe, quelque part au Moyen-Orient, ou sortir du continent africain, dans le but d'atterrir dans un autre pays africain217(*). Dit autrement, la connectivité des populations africaines est moindre par le fait qu'un passager se trouve obligé de parcourir des milliers de kilomètres en dehors du continent juste pour rejoindre une autre destination africaine. Alors, la libéralisation complète du ciel africain ou du marché régional du transport aérien est un palliatif à cette situation car les passagers et les compagnies africains n'auront plus à subir ces désagréments et facilitera leur mouvement sur le continent. Cette mobilité des populations africaines devrait accroître la demande des passagers africains dans les années à venir, le développement du MUTAA pourrait faire passer le nombre de passagers africains de 100 à 300 millions à l'horizon 2035218(*). Aussi, selon l'Association Internationale du Transport Aérien (AITA), avec un « ciel sans frontières », le nombre de passagers aériens sur le continent pourrait doubler dans les deux prochaines décennies, pour atteindre 274 millions en 2036219(*). Par ailleurs,selon l'UA, la mise en oeuvre du MUTAA ouvrira la voie à d'autres projets phares, comme le passeport africain, ainsi que la zone de libre-échange continentale (ZLEC)220(*). * 212 Nadine CATTAN,. « Le monde au prisme des réseaux aériens », in Flux - Cahiers scientifiques internationaux Réseaux et territoires, Metropolis / Université Paris-Est Marne la Vallée, 2004, 58, pp.32-43. * 213 Zacharie Roger MBARGA YENE, « La contribution de la Zone de Libre Echange Continentale à la consolidation d'une géo-économie régionale africaine », Mémoire de Master en relations internationales, IRIC, Parcours Intégration Régionale et Management des Institutions Communautaires (IRMIC), 2017. * 214 Ibid., p.31. * 215 https://www.afrik.com/pourquoi-faut-il-liberaliser-le-ciel-africain, consulté le 23 janvier 2021 à 10h52. * 216 Déclaration de Abou-ZéidAmani, Commissaire aux Infrastructures, et à l'Energie de la CUA au journal « Chinafrique » dans sa parution du 10 mars 2018. * 217 Déclaration du Capitaine Nigérian Bla Jibril , pilote de ligne lors de la deuxième réunion de l'OACI sur le développement durable du transport aérien en Afrique à Accra au Ghana en 2016. * 218 www.republiqueoftogo.com/Toutes-les-rubriques/Economie/MUTAA-33-Pays-bientot-signataires, consulté le 30 novembre 2019 à 11h32. * 219Chinafrique, « Le ciel s'ouvre pour l'Afrique », parution du 10 mars 2018. * 220 Enquête sous anonymat. |
|