L'internationalisation a d'abord concerné les grands
groupes, mais de plus en plus elle est devenue aussi l'affaire de nombreuses
PME dans le monde, y compris en Afrique. En effet, des entreprises
agroalimentaires africaines de taille modeste n'hésitent pas à
investir hors de leur pays d'implantation initiale pour entrer en
compétition avec des multinationales.
Longtemps considérée comme une source
d'approvisionnement bon marché des pays développés en
matières premières à faible niveau de valeur
ajoutée, l'Afrique devient de plus en plus un contient propice au
développement des affaires. Ainsi, des FMN s'implantent en Afrique pour
l'exploitation des gisements (hydrocarbures, diamant, or, uranium, etc.), le
développent des services financiers et bancaires et récemment
l'ouverture d'industries agroalimentaires qui contribuent à la
valorisation des chaînes de valeurs sur le continent.
De manière stratégique, les FMN, qui
investissent en Afrique, y occupent progressivement les secteurs porteurs et
dynamiques en réalisant des investissements ne nécessitant pas
d'énormes apports en capital. En effet, ces multinationales s'implantent
premièrement sur les marchés africains par le biais des
franchises et des licences dans un ou deux pays à fortes
capacités. Dans une seconde phase, elles y créent des agences
commerciales, des bureaux de ventes, voire des filiales.
Concernant le secteur agroalimentaire, les investissements
directs des FMN sont le plus souvent orientés vers la production et la
distribution de tabac, de boissons alcoolisés et non alcoolisés,
sous la licence de la maison mère. Parmi ces grandes brasseries
installées dans les capitales de presque tous les pays africains, l'on
peut citer Coca-cola et SABmiller qui a commencé par l'Afrique du Sud
avant de s'internationaliser dans une trentaine de pays africains.
Une autre stratégie d'implantation sur le continent
africain privilégiée par les grands groupes étrangers est
la coopération avec des partenaires locaux, notamment les agriculteurs
qui les fournissent des matières premières en contrepartie de
semences améliorées, d'engrais, d'assistance technique et de
conditions financières préférentielles.
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Selon une étude6 de l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE),
l'Afrique australe et l'Afrique du Nord sont les deux premières
destinations préférées par les FMN. Cependant, elles
investissent moins dans la filière agroalimentaire en Afrique de l'Ouest
et en Afrique de l'Est malgré des opportunités offertes par
certains pays situés dans ces deux régions. Par exemple, en
Afrique de l'Ouest, les investisseurs étrangers de l'agroalimentaire
visent beaucoup plus le Nigéria qui abrite environ 50% de la population
de régionale.
Avec la forte concurrence des grands groupes étrangers
et les bienfaits du transfert de technologies, de plus en plus d'investisseurs
africains commencent à développer leurs activités
économiques hors de leur pays d'origine pour s'attaquer à des
marchés africains, y compris sur les marchés de
l'agroalimentaire. Il n'est donc pas étonnant de voir que
l'émergence des entreprises africaines s'accélère dans les
régions qui reçoivent les plus d'IDE.
En effet, près d'une vingtaine d'entreprises
africaines et d'une dizaine de l'Afrique du Nord sont classées parmi les
plus prospères à l'échelle mondiale.
Après avoir réussi à étendre leur
pouvoir de marché sur les marchés africains, les entreprises
agroalimentaires africaines s'internationalisent de nos jours hors du continent
en s'associant parfois à des firmes non africaines. A titre illustratif,
on peut citer SABmiller (Afrique du Sud), Cairo Poultry (Egypte) et Dangote
Sugar Rafinery (Nigeria) dont les produits ont conquis des marchés
à travers le monde.
Toutefois, même s'il semble se présenter de
bonnes perspectives pour le développement à l'international des
IAA africaines, il ne faut pas occulter qu'elles sont constamment
confrontées à des difficultés qui sont de deux ordres :
+ Contraintes externes (dans le pays visé) :
- asymétrie d'informations sur les conditions
juridiques et financières d'implantation ;
- Barrières non tarifaires (lourdeurs des
procédures administratives) ; - limite d'accès au financement
dans les pays d'implantation.
+ Contraintes internes (dans le pays d'origine) :
- Inexistence ou inefficacité des structures publiques
d'appui à l'implantation des entreprises africaines à
l'international ;
- la faiblesse des compétences en matière de
technique commerciale internationale ;
- contraintes financières, faiblesse de la
compétitivité prix-qualité, contraintes logistiques ;
- faiblesse du niveau de performance des structures d'appui ;
- prédominance de l'informel ; - rigidité des taux
de change ;
6 Intitulée : « Nouvelles approches de
l'agriculture africaine Quelques jalons: Quelques jalons », page 14.
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- manque d'expérience et difficulté à
sélectionner le bon pays et le bon partenaire ; - instabilité
politique, faible niveau d'industrialisation, lourdeurs administratives.
Comme clefs de succès à l'internationalisation
des entreprises africaines d'une manière générale, il
pourrait être envisagé :
- le renforcement institutionnel et organisationnel des
structures d'appui à l'internationalisation des entreprises : moyens
humains ayant des expériences à l'international, fonds
adéquats,
- la formation et l'information des entreprises
orientée vers l'internationalisation sur les techniques, les
règlementations du commerce international ;
- la révision des textes pour inciter les
investissements à l'étranger dans la création des filiales
ou des joint ventures ;
- le développement de la culture entrepreneurial et de
l'innovation adaptée aux exigences d'une implantation à
l'international ;
- la négociation de facilités d'implantation
dans les pays développés au profit des entreprises africaines
;
- le transfert de technologies performantes pour booster les
capacités productives des entreprises africaines ;
- la mise en place d'instruments financiers pour soutenir
l'implantation à l'export des entreprises nationales ;
- l'établissement de fonds de garantie pour
gérer les risques liés à l'internationalisation;
- la lutter contre la corruption.
Cette première partie a permis de constater que les
entreprises africaines, y compris celles qui évoluent dans
l'agroalimentaire peuvent, en principe, réussir dans
l'internationalisation de leurs activités non seulement en Afrique, mais
également hors du continent, en dépit des contraintes.