I.1.1.5. Différentes approches de la rumeur.
La rumeur peut être décrite selon sept
caractéristiques réparties en trois classes, telles que
formalisées par M. L. Rouquette16 :
? La situation
- La rumeur apparaît dans une situation de crise, mais elle
n'est pas toujours le signe d'un
dysfonctionnement social.
- Les canaux formels de communication ne véhiculent qu'une
information réduite sur certains
événements ou aspects de cette situation,
c'est-à-dire que devant la privation d'information les
individus vont créer des rumeurs.
? Le processus de transmission
- La rumeur se transmet oralement de personne à personne,
par le bouche-à-oreille, mais aussi
par les médias. Les canaux sont donc formels
(médias) et informels (bouche-à-oreille).
- Cette communication a lieu entre des individus également
impliqués dans la situation.
? Le contenu
- Le contenu de la rumeur connaît différentes
distorsions au cours de son processus de
transmission.
- Ce contenu traduit la pensée de désir de la
population. Elle témoigne de l'exercice d'une
pensée sociale. La rumeur devient une sorte d'écran
projectif où se déchiffre une dynamique
socioaffective.
- Il entretient un rapport avec l'actualité.
15 Adeline Michel et al., Les rumeurs
en tant que phénomène d'influence sociale, Dossier de psychologie
sociale, Mai 2004
16 Michel-Louis Rouquette, La rumeur et le meurtre
: l'affaire Fualdès, PUF, Paris, 1992
- 11 -
I.1.1.6. Les acteurs de la rumeur17
La rumeur est une oeuvre collective, produit de la participation
de chacun. Néanmoins, dans ce
processus dynamique, les rôles sont soigneusement
répartis. Ces derniers sont divers, mais les
plus courants sont :
- « L'instigateur » : celui qui pose la question ou qui
amène un doute.
- « L'interprète » : celui qui répond aux
interrogations de l'instigateur et propose une explication
cohérente et convaincante.
- « Le leader d'opinion » : celui dont l'avis va
déterminer l'opinion du groupe.
- « Les apôtres » : qui, s'identifiant totalement
à la rumeur, tentent de convaincre la cité.
- « Le récupérateur » : qui trouve un
intérêt à ce que la rumeur se poursuive, sans
nécessairement la croire.
- «L'opportuniste » : qui s'en sert pour affermir son
autorité morale.
- « Le flirteur » : ne croit pas la rumeur, mais la
savoure avec délice. Il joue en parlant d'elle
autour de lui, prenant plaisir à créer un certain
trouble dans son auditoire.
- « Les relais passifs » : ceux qui se déclarent
ne pas être convaincus par la rumeur, mais qui
questionnent l'entourage, soupçonnés de
connaître la vérité.
- « Les résistants » : mènent la riposte
et constituent des protagonistes à l'anti-rumeur.
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