I.1.1.3. Evolution du sens du mot « rumeur
»
L'origine du mot rumeur : « rumor » signifie en
latin « bruit qui court, rumeur publique ». A l'origine, la rumeur
désigne donc le bruit confus de voix qui émane d'une foule. Au
XIIIe siècle, le mot rumeur a encore une connotation, celle
de bruit, tapage, querelle, révolte. On trouve en effet les
premières traces écrites du mot dans un document du parlement de
Paris datant de 1274. Il désigne alors le « haro », le cri
qu'était obligé de pousser tout citoyen s'il assistait à
un crime de manière à attirer l'attention de la
maréchaussée. Au XVIe siècle, le sens latin
revient et c'est une nouvelle qui se repend dans le public et dans l'opinion.
La rumeur implique donc la notion de nouvelle d'information. C'est en remontant
vers le XVIIIe siècle et vers la notion du bruit
qu'apparaît les notions de vrai bruit et de faux bruit avec la notion un
peu plus moderne de propagation et de démentit ou au contraire
d'authentification de la rumeur. Le mot continue à évoluer
jusqu'à la deuxième guerre mondiale où il acquiert la
signification que nous lui
connaissons12.
I.1.1.4. Les phénomènes proches de la
rumeur
De manière générale, les rumeurs sont
souvent comparées aux contes populaires (mythes et légendes),
désignant différents types de récits
véhiculés par les traditions orales et écrites du monde
entier. Bien que les contes populaires, qui appartiennent au folklore,
soient
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généralement transmis par le
bouche-à-oreille de génération en génération
et connaissent, de ce fait, de nombreuses altérations et de profondes
variantes, d'autres concepts, tels que les propagandes, sont également
à lier au phénomène de rumeur.
I.1.1.4.1. Les mythes et
légendes13
Les légendes sont des contes populaires qui, bien que
traitant de sujets religieux, diffèrent des mythes en ce qu'elles
évoquent ce qui s'est passé dans le monde après sa
création. Les sujets en sont variés (vie des saints, histoires de
loups-garous ou de fantômes, aventures surnaturelles mettant en cause le
monde réel, etc.). De leur côté, au sens strict, les mythes
sont des contes populaires à portée religieuse qui ont pour
vocation d'expliquer l'univers et le sens de la vie. Ces histoires sont tenues
pour vraies par le narrateur et par son public.
I.1.1.4.2. Les propagandes14
Les propagandes sont des diffusions d'idées, de
doctrines ou d'opinions destinées à influencer ou à
conditionner le comportement humain. Fréquemment employé pour
dénoncer une pratique trompeuse ou mensongère, le terme de
«propagande» a une connotation péjorative. Il n'en reste pas
moins que toute forme de communication de masse. On désigne par cette
expression toute technique permettant de diffuser à un large public
toutes sortes de messages de natures et de finalités diverses. On parle
ainsi de propagande religieuse ou politique, mais on peut également
parler de propagande au sujet de la publicité, de l'information ou de
l'éducation. La propagande est inhérente à la vie sociale.
Toute personne ou tout groupe de personnes désirant rallier des
partisans à une cause déterminée ou désirant
provoquer un comportement spécifique, use d'une forme de propagande.
Quel que soit son objectif, la propagande a recours à différentes
techniques de persuasion rendues explicites par la psychologie
expérimentale et la psychologie sociale.
I.1.1.4.3. Le conte
Il a pour objectif le divertissement. C'est pourquoi il y a
une grande variété de contes : conte merveilleux, d'aventures,
d'épouvante, facétieux, etc. Le conte est perçu comme une
fiction. Les
13 Béatrice Bocquet et al., Quand on
prêche le faux par la rumeur, quelles en sont les finalités ?
Mémoire inédit, Pôle universitaire
Léonard-de-Vinci, 2001-2002
14 Emmanuel TAIEB, Persistance de la rumeur :
Sociologie des rumeurs électroniques, Ed. .Harmattan, Paris,
2001
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personnages ne sont pas individualisés ; ils
représentent des types (rois, sorcière, prince charmant, bonne
fée) et même les noms propres relèvent des
caractéristiques physiques du personnage. L'action n'est ni
temporalisée (il était une fois dans un pays lointain). Il existe
des cas particuliers du conte comme la fable (c'est un conte bref, à
tendance moralisante, dans lequel les personnages sont le plus souvent des
animaux ou des objets anthropomorphisés) ou la parabole (c'est un
récit exemplaire fictif bref qui s'intègre dans un enseignement
moral ou religieux). Les protagonistes sont généralement anonymes
et stéréotypés15.
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