§2. Formes de grève
En droit comparé, il existe plusieurs formes de
grève que sont :
a. La grève perlée
En effet, sans cesser totalement leur activité les
travailleurs modifient leur comportement habituel en réduisant le rythme
de leur travail, la cadence de leur production22.
Ils se donnent des consignes d'après lesquelles ils ne
doivent pas dépasser le quantum déterminé de produits
inférieurs à la quantité d'usage dans
l'entreprise23.
Cette grève n'est pas du tout une grève parce
qu'il n'y a pas cessation collective du travail mais une exécution du
travail au ralenti.
Le travailleur ne devrait pas être
considéré ici comme gréviste, mais comme un fautif
passible de sanction disciplinaire pour exécution défectueuse du
travail24.
Cette grève constitue une faute de la part du
travailleur du fait qu'il n'a pas respecté son obligation contractuelle
lui incombant, que le travailleur doit exécuter son contrat de travail
consciencieusement, le fait de ralentir la production de l'employeur constitue
une faute grave de sa part.
20 DURAND P. Contribution à la
théorie de l'extension des conventions collectives : les effets de
l'arrêté de l'extension, Paris, 1956, p.24. Cité par
LUWENYEMA LULE, op.cit, p.474.
21 RAY Jean-Emmanuel, op.cit, p.646.
22 LUWENYEMA LULE, op.cit, p.383.
23 Ibidem.
24 Ibidem.
[11]
b. Grèves tournantes
Elles sont de grèves à exécution
sectorielle au lieu d'affecter tous les travailleurs à la fois, cessant
tous de travailler en revanche une catégorie de travailleurs
après l'autre25.
Elle apparait très souvent comme une action
répétée et coordonnée où tous ou une partie
des salariés se relaient pour faire la grève de façon
à ce que les effets de travail ne soient jamais au complet sans trop de
perte de salaire.
Malgré l'existence en droit comparé de cette
catégorie de grève, elle a été appliquée par
les travailleurs zaïrois de l'ONATRA.
A titre illustratif des grèves tournantes qui
s'étaient déclenchées à l'ONATRA, lorsque les
travailleurs du chantier Naval, cessent le travail pendant que les autres
continuent à travailler, et puis lorsque le travail aura repris au
chantier Naval, ceux du port se mettent en grève, et puis ceux des voies
fluviales, des chemins de fer ainsi de suite26.
La grève tournante est très nocive pour
l'employeur et constitue un facteur de désorganisation de l'entreprise ;
elle est considérée comme illicite lorsqu'elle
révèle l'intention malicieuse de désorganisation des
grévistes27.
c. Grève sauvage
Est une cessation collective volontaire et concertée du
travail en dehors de toute consigne syndicale, par des salariés refusant
de soumettre leurs revendications au seul cadre de leurs préoccupations
professionnelles.
Dans cette grève, les travailleurs se décident
de déclencher la grève sans qu'il y ait recours aux modes
pacifiques de règlement de conflits collectifs.
Et les travailleurs se concertent eux-mêmes de faire la
grève sans pour autant n'avoir pas fait signe à la
délégation syndicale de l'entreprise, car elle constitue l'organe
qui représente les travailleurs dans l'entreprise.
25 LUWENYEMA LULE, op.cit, p.383.
26 Ibidem, p.384.
27 SINAY Hélène, Traité du
doit du travail, Tome VI, la grève, Dalloz, 1966, p.17. Cité
par LUWENYEMA LULE, op.cit, p.384.
[12]
La plupart de grève enregistrée à
Lubumbashi constitue de grève
sauvage28.
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