B) La grève de la SNCC
La SNCC est une entreprise du portefeuille, elle a connu
plusieurs grèves à son actif, nous pouvons citer d'une
manière illustrative quelques années qu'elle a eu à
connaitre les grèves : en 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2013, 2014.
? En 2006, les travailleurs réclamaient 8 mois
d'arriérés de salaire. ? En 2007, 2008, 2009 aucun salaire n'a
été payé93.
Les grèves enregistrées à la SNCC ont
toujours eu un noyau où commence ce mouvement c'est toujours des A.TC
(ateliers centraux) qui commencent pour se généraliser dans toute
la société ; Dans les ateliers centraux où nous trouvons
les agents d'exécution.
92 LUWENYEMA LULE, op.cit, p.382.
93 Notre entretien avec un agent de la SNCC le 22 mai
2015 dans son bureau.
[31]
Ce qui motive les travailleurs d'aller en grève
à la SNCC c'est le non respect du cahier des charges, le non-paiement du
salaire dans le délai, etc.94.
Lorsque les agents d'exécution déclenchent la
grève, la délégation syndicale vient après pour
couvrir l'irrégularité, les travailleurs considèrent que
la délégation syndicale est corrompue par l'employeur ; cette
attitude des travailleurs pousse l'employeur à répertorier tous
les meneurs de la grève et ensuite les licencie pour incitation à
la grève95.
Et toutes les grèves enregistrées à la
SNCC, il n'y a jamais eu une grève qui respecte la procédure
légale, c'est toujours les travailleurs d'exécution qui
commencent et la délégation syndicale vient
après96.
Nous avons posé la question à un
délégué syndical de la SNCC concernant le non-respect de
la procédure de la grève, il nous avait répondu que les
travailleurs considèrent que la délégation syndicale est
corrompue par l'employeur, et l'employeur ne respecte pas la loi concernant la
paie et pour quoi devons-nous respecter la loi ?97.
Et il y avait l'arrestation de 3 délégués
syndicaux par le parquet général, et même le transfert du
président Victor UMBA à Kinshasa à l'ANR où il
avait passé 45 jours de détention98.
Cette arrestation avait pour but de faire pression à la
délégation syndicale pour qu'elle puisse appeler les travailleurs
à reprendre le travail, mais ils restaient fermes dans leur position.
Et le ministre du travail avait suspendu la
délégation syndicale de la
SNCC.
Pour reprendre le travail, les travailleurs exigeaient le
paiement de 3 mois de salaire, mais malheureusement la société
leur avait payé 1 mois et un
94 Notre entretien avec un
délégué syndical de la SNCC le 5 juin 2015.
95 Notre entretien avec un agent de la SNCC le 22 mai
2015.
96 Notre entretien avec un
délégué syndical le 5 juin 2015.
97 Notre entretien avec un
délégué syndical le 5 juin 2015.
98 Notre entretien avec un
délégué syndical le 5 juin 2015.
[32]
sac de farine que le gouverneur de la province leur avait
promis, un mois après ils sont allés en grève.
La grève a pris fin grâce à la signature
du cahier des charges entre le gouvernement central et la
délégation syndicale, dans ce cahier des charges, il était
prévu que le gouvernement allait payer 20 locomotives neuves pour
relancer la société et la banque mondiale avait promis 18
locomotives99.
B) La grève de HABARI KANI
La société HABARI KANI est une
société de transport des marchandises installée à
Lubumbashi.
Suite aux mauvaises conditions de travail et le non
amélioration du salaire, cette situation avait poussé les
travailleurs (chauffeurs) d'aller en grève d'une semaine ou soit du 11
février au 17 février 2015100.
Les travailleurs avaient procédé au mouvement de
grève parce que cette société n'avait pas une
délégation syndicale. Raison pour laquelle, eux-mêmes
s'étaient concertés d'arrêter de
travailler101.
Pour qu'ils reprennent le travail, il avait fallu
l'intervention de l'inspectrice urbaine du travail ; suite à cette
intervention les travailleurs avaient introduit un mémorandum
auprès de l'employeur pour commencer le travail le 17 février
2015102.
L'inspectrice est allée sur base de l'article 307
alinéas 2 du code du travail qui dispose que « toutefois
l'inspecteur du travail peut entamer la procédure de conciliation
lorsqu'il a connaissance d'un conflit collectif qui ne lui a pas
été confié »103.
Partant de l'histoire et de l'évolution de la
grève en République Démocratique du Congo, nous pouvons
signaler que le droit de grève fut
99 Notre entretien avec un
délégué syndical de la SNCC le 5 juin 2015.
100 Notre entretien avec un chauffeur de HABARI KANI le 23 mai
2015.
101 Notre entretien avec un chauffeur de HABARI KANI le 23 mai
2015.
102 Notre entretien avec l'inspectrice urbain du travail le 25
mai 2015.
103 Article 307 alinéa 2 du code du travail du 16 octobre
2002.
[33]
suspendu par le président MOBUTU le 15 février
1966 par l'ordonnance-loi n°66/59 du 15 février
1966104.
Cette ordonnance-loi prévoyait 6 mois de servitude
pénale et une amende de 20.000 franc congolais ou l'une de ces peines
seulement, à tous ceux qui auraient formé une coalition ayant
pour objet la cessation collective de travail, le bien-fondé de cette
ordonnance-loi était de faire face à une certaine tendance
à la grève enregistrée dans plusieurs entreprises du pays
avec risque de paralysie de l'économie nationale105.
La suspension du droit de grève n'était que
provisoire, car elle avait été levée à l'occasion
du premier anniversaire de la deuxième République lors du meeting
tenu au stade Tata Raphaël106.
Par rapport à cette suspension de la grève par
le président MOBUTU, nous pouvons dire que cette décision
était contraire à la loi fondamentale qui organisait à
cette époque les libertés publiques et cette loi fondamentale
était considérée comme la constitution,
En bref cette mesure était
inconstitutionnelle107.Paradoxalement, le droit de grève
était suspendu par une ordonnance-loi mais levée au cours d'un
meeting tenu dans un stade108.Le président MOBUTU ne devrait
pas prendre cette décision pour suspendre le droit de grève au
Zaïre ; cette décision était inconstitutionnelle.
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