B.2. LE MANIPULATEUR EN ÉLECTRORADIOLOGIE
MÉDICALE
B.2.1. Son domaine de compétence
Le terme de manipulateur tire son origine du latin «
manipulus » signifiant « poignée » et
dérivé de « manus » signifiant « main
». Cette étymologie dépeint un aspect manuel du
métier, essentiellement porté sur la technique.
L'article premier du décret du 19 novembre 1997
défini d'ailleurs clairement l'exercice de la profession de manipulateur
en électroradiologie médicale, comme contribuant à la
réalisation des traitements thérapeutiques et des examens
nécessaires à l'établissement d'un diagnostic.
L'article 2 quant à lui énumère les actes
techniques que le manipulateur en électroradiologie médicale est
habilité à accomplir sous la responsabilité et la
surveillance d'un médecin. De la préparation du matériel
au réglage et déclenchement des appareils, ces actes concernent
à la fois le domaine de l'imagerie médicale et de la
radiothérapie et de l'électrologie.
L'article 3 met en avant les compétences que doit
remplir le manipulateur en électroradiologie médicale au regard
de sa profession. Participer à l'accueil du patient, à la
transmission écrite, ou à l'application des protocoles
qualité (liste non exhaustive) sont autant de compétences
nécessaires au bon déroulement d'un examen diagnostique ou
thérapeutique.
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L'article 5 met en exergue l'importance qu'a notre
métier de se tenir constamment informé des avancées
médicales existantes et à venir : « Le manipulateur
d'électroradiologie médicale adapte sa pratique professionnelle
à l'évolution des sciences et des techniques ».
Enfin, nous retiendrons plus particulièrement la
nécessité que doit avoir tout soignant à personnaliser le
soin et à favoriser le relationnel : « Dans l'exercice de son
activité, il tient compte des caractéristiques psychologiques et
sociales de la personnalité de chaque patient, à tous les
âges de la vie » (article 5). Deux aspects du soin ont
donc été évoqués, à la fois humain et
technique, que l'on oppose nettement mais qui pourtant restent intimement
liés dans notre profession.
B.2.2. Dichotomie entre humanité et
technicité
E
n tant que soignant, le manipulateur en
électroradiologie médicale est défini par le
Ministère des Affaires sociales et de la Santé (2012) comme le
professionnel qui « effectue des actes de radiologie ou d'imagerie
médicale (scanner, IRM...) destinés à confirmer un
diagnostic et, en cas de cancer à participer à son traitement
(séances de radiothérapie) [...] Le manipulateur est en contact
permanent avec les patients ; il a un travail très marqué par les
technologies de pointe, et en même temps très humain
».
Le champ d'exercice du manipulateur ne se limite donc pas
à la technique qui pourrait paraître omniprésente.
Pourtant, la vision d'un professionnel simple exécutant -
familièrement appelé « pousse-bouton » - reste encore
profondément ancrée dans les représentations collectives.
Il est d'autant plus malheureux de voir que l'article premier du décret
du 19 novembre 1997 ne fait à aucun moment référence
à l'aspect humain du métier. Il conviendra de s'attarder sur
l'article 5 précédemment cité pour en avoir seulement
connaissance.
À travers sa relation avec le patient, le manipulateur
fait vivre sa personne par l'expression des valeurs professionnelles, et des
valeurs humaines qui lui correspondent.
Les valeurs professionnelles regroupent le sérieux, la
compétence, la satisfaction des besoins fondamentaux du patient, et le
respect des règles d'hygiène et de bonnes pratiques. Par son
expérience, il est apte à prodiguer des soins techniques de
qualité et à mettre en pratique son savoir-faire selon les
exigences professionnelles qui lui sont imposées.
Les valeurs humaines reposent sur le respect d'autrui,
l'écoute et l'attention à l'égard du patient. Il convient
néanmoins de rester vigilant afin d'éviter tout sentimentalisme
subjectif qui dénaturerait la relation de soin, et serait
préjudiciable pour le patient mais aussi pour le soignant.
Cependant, la neutralité émotionnelle dans les
soins est une position illusoire, un état impossible à atteindre.
Plongé dans un monde rempli de perceptions et de sensations - des
images, des sons, des odeurs, des plaintes, de la souffrance, des situations de
vie qui font résonance à sa propre
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histoire, etc. - le soignant ne peut être
neutre, sans affects. Mais cela ne serait-il pas plus mal ? Ne pas tenir compte
de ses émotions ressenties, reviendrait à dépersonnaliser
le soin, à perdre cette part d'humanité d'un métier
déjà très porté sur la technique.
Ainsi, le soignant doit toujours faire preuve d'une juste
distance au regard de son implication personnelle. Mais trouver la juste
distance n'est pas chose aisée : il faut rester distinct sans être
distant, être assez proche pour établir une relation sans en
être trop affecté. La solution majeure consiste déjà
à se connaître soi-même avant d'apprendre à
connaître les autres : « Mieux se connaître pour mieux
soigner » (Rispail, 2002). Apprendre à être soi, c'est
apprendre à mieux se positionner dans sa relation avec autrui, pour
instaurer un climat de confiance entre soignant et soigné.
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