B.2.3. Une relation d'aide empreinte de confiance
R
ogers (1966) définit la relation d'aide comme :
« des relations dans lesquelles l'un au moins des deux protagonistes
cherche à favoriser chez l'autre la croissance, le développement,
la maturité, un meilleur fonctionnement et une plus grande
capacité d'affronter la vie ». Pour l'auteur, la relation
d'aide ne se définit pas comme une relation amicale, mais comme une
relation sans rapport hiérarchique, qui conduit à des
échanges constructifs et à une compréhension
réciproque, visant à donner et recevoir.
La relation d'aide fait donc partie intégrante de
l'aspect humain du métier. L'aide, à proprement parler, ne se
centre pas sur le problème - une pathologie par exemple - mais bien sur
la personne. Instaurer une relation d'aide revient donc à établir
une relation de confiance avec le patient. Cette confiance s'établit au
travers de trois attitudes fondamentales dont le manipulateur doit faire preuve
: l'empathie, la congruence et l'acceptation inconditionnelle de la
personne.
Selon Rogers (1966), « percevoir de manière
empathique, c'est percevoir le monde subjectif d'autrui `comme si' on
était cette personne - sans toutefois jamais perdre de vue qu'il s'agit
d'une situation analogue, comme si ». L'empathie est donc la
capacité à se mettre à la place de l'Autre et à
ressentir ses sentiments et ses émotions. Le soignant doit être
empathique avec le patient, en veillant à ne jamais tendre vers la
compassion. Cette dernière consiste à « souffrir avec »
l'autre, et éprouver ses propres émotions à l'égard
du patient, ce qui peut être littéralement destructeur pour le
soignant. Ainsi, cette étroite frontière empathie/compassion,
parfois difficile à cerner, est d'autant plus dangereuse si la situation
de vie du soigné fait écho à son propre vécu.
L'enjeu étant de percevoir les émotions de l'autre, sans les
ressentir nous-même, ou comme le dit Rogers (1966) : «
Être presque l'autre sans être l'autre, et sans cesser d'être
soi-même ».
La congruence correspond à l'authenticité. Il
s'agit d'être en accord avec ce qu'on ressent, et à
apparaître extérieurement comme l'on est intérieurement.
Dans sa relation avec la personne soignée, le soignant ne doit pas jouer
un rôle, mais être lui-même. Rogers (1966) développe
l'hypothèse que « le
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ETIENNE CORDIER - Promotion 2013/2016
changement de la personne se trouve facilité
lorsque le thérapeute est ce qu'il est ». Le patient
développe donc de la confiance envers le professionnel de santé
si celui-ci est authentique.
Enfin, l'acceptation inconditionnelle de la personne signifie
ne pas appliquer de jugement de valeurs, ne pas catégoriser la personne,
mais la considérer comme un tout. On accepte le patient tel qu'il est,
sans être forcément d'accord avec ce qu'il exprime, mais en le
respectant.
La relation de soin est donc un échange, entre soignant
et soigné, empreint de confiance mutuelle, où empathie,
authenticité et acceptation sont les maîtres-mots. Contrairement
à une relation classique, le patient est contraint de partager ses
émotions avec nous. Notre rôle, en tant que professionnel de
santé, sera de rendre ce moment un peu plus agréable pour ce
dernier. Peut-être parviendrons-nous à lui faire oublier, le temps
d'un court instant, la raison de sa présence... Comment ? Vous avez
évoqué l'humour ?
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