A.3. LES PROFESSIONNELS PERÇOIVENT L'HUMOUR COMME UN
OUTIL THÉRAPEUTIQUE
L'
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exemple de Cousins (1979) identifie l'humour en tant que
possible outil thérapeutique. Face à la maladie, l'humour nous
permet d'adopter un optimisme de
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vie qui nous aide à la combattre - voire même la
vaincre - améliorant sans commune mesure notre capacité de
résilience.
Le rire détient d'ailleurs de nombreux effets
physiologiques sur le corps : il constitue un exercice musculaire, il
améliore la respiration, il stimule le système cardiovasculaire,
il facilite la digestion, il agit sur le système
neuro-végétatif, il soulage la douleur, il éveille le
psychisme, il développe la sexualité, et il promeut sans conteste
la qualité de vie (Rubinstein, 1983). Ainsi, le rire se
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décrit comme une manifestation physique du corps, en
réponse à un processus mental, l'humour (Robinson, 1991). Si le
rire contribue à la santé, alors l'humour est un des
remèdes face à la maladie.
Si la majorité des répondants assimilent
l'humour à un outil thérapeutique, il ne s'agit pas pour autant
de la solution miracle. L'humour ne guérit pas. Il aide le patient
à faire face à la maladie grâce à une vision
positive de sa situation de malade. Les bénéfices biologiques et
physiologiques du rire découleraient des répercussions de
l'esprit sur le corps. Se reconstruire sur le plan physique, suppose donc de
rétablir au préalable la plénitude de sa dimension
spirituelle et intellectuelle. Parler de psychothérapie humoristique
revient à considérer la santé de l'esprit et la
santé du corps aussi importantes l'une que l'autre, et suffisantes pour
apprécier la vie à sa juste valeur.
A.4. L'HUMOUR PROCURE DES EFFETS POSITIFS AU SOIGNÉ
ET AU SOIGNANT
Lors de notre première partie, nous avons pu mettre en
évidence les différents apports de l'humour. En ayant la
faculté de conforter la relation de soin ou bien de la mettre en place,
l'humour se pose comme créateur relationnel (Patenaude, 2006). Qu'il
soit cause ou conséquence de cette relation, l'humour a la
faculté de faire communiquer les Hommes et de créer un lien
social bâti sur la confiance.
Nous avons vu également l'humour en tant que
mécanisme de défense (DSM IV, 1996), à la fois pour le
professionnel face au stress du travail ou à des situations parfois
pesantes, mais aussi pour les patients afin de diminuer leur
anxiété à l'égard de la maladie ou de l'examen.
Dans les deux cas, il s'agit de substituer aux émotions négatives
qui nous submergent, des émotions positives teintées de
gaieté (Ionescu, 1997).
Naturellement, l'humour est aussi une preuve de notre
humanitude. À travers un rire partagé, l'individu se
reconnaît dans son espèce - l'Humanité - et reconnaît
l'autre comme faisant partie de cette même entité. Avant
même d'être une attitude humoristique, l'humour apparaît tel
une preuve de vie permettant de rendre un soin technique davantage humain
à l'égard du patient (Foubert, 2008).
Enfin, l'humour se présente comme une technique de
distraction qui détourne le soigné de ses préoccupations
premières (Bergson, 1900). En faisant diversion, l'ambiance est moins
tendue et le patient est plus à même d'accepter des soins pour
lesquels il pourrait se montrer réticent au premier abord. Faire preuve
d'humour dans notre prise en charge, c'est exercer une complicité
bienveillante entre soignant et soigné à nulle autre pareille
(Rubinstein, 1983).
Notre recherche exploratoire confirme d'ailleurs ces
différents bienfaits. L'humour assure également une bonne
ambiance entre collègues de travail, et représente une formidable
méthode pour aplanir la hiérarchie entre l'individu à la
blouse blanche et celui à la chemise d'hôpital. Un
élément perçu pour la plupart comme essentiel à
notre pratique, améliorant significativement productivité et
motivation dans le travail.
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