PARTIE IV. DISCUSSION
CHAPITRE 1. MISE À L'ÉPREUVE DES
HYPOTHÈSES
Comme annoncé précédemment, ce premier
chapitre vise à mettre en discussion ce qui a été
retiré de notre étude et du cadre théorique, en vue
d'affirmer ou d'infirmer nos hypothèses générales, pour
ensuite donner réponse à notre problématique.
A. L'HUMOUR, PAR SES BIENFAITS PHYSIQUES ET PSYCHOLOGIQUES, PERMET
D'INSTAURER UNE RELATION DE CONFIANCE ENTRE SOIGNANT ET SOIGNÉ
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Notre première hypothèse de recherche est
confirmée. Si la légèreté de l'humour tend parfois
à faire oublier sa complexité, il faut user de cet outil avec
discernement suite à un jugement clinique pertinent du patient et de la
situation. Dès lors, son emploi dans les soins semble parfaitement
approprié en vue de combler l'atmosphère aseptisée de
l'hôpital.
Nous détaillerons ce constat en abordant successivement
les réponses aux questions formulées lors de notre cadre
empirique.
A.1. LES MANIPULATEURS ADOPTENT FRÉQUEMMENT L'HUMOUR
AUPRÈS DU PATIENT
L'
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humour a été défini comme un outil de
communication à part entière, mettant en lien émetteur et
récepteur d'un message comique et bienveillant (Patenaude, 2006). Il
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s'agit aussi bien d'un humour verbal qui revêt de
nombreuses formes (ironie, autodérision, humour noir, etc.) ;
ou non verbal à travers une gestuelle amusante, une posture ou des
mimiques qui prêtent à rire, ou un sourire en tant que simple
échange de courtoisie (Charaudeau, 2006).
La relation de soin correspond à l'échange entre
un soignant et un soigné. De l'avis des professionnels en exercice,
communiquer par l'humour revient à rendre le soin davantage authentique
auprès du patient, par l'expression de notre propre personnalité.
L'usage de l'humour dans le contexte des soins apparaît donc fondamental
pour la plupart, et sa pratique semble régulière qu'il s'agisse
des soignants ou des étudiants. Peu importe l'âge du manipulateur,
son degré d'expérience, ou son lieu d'exercice, l'humour s'impose
pour la plupart en tant que valeur personnelle et professionnelle à
mettre en pratique dans notre métier.
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ETIENNE CORDIER - Promotion 2013/2016
Le taux élevé de réponses obtenues lors
de notre recherche exploratoire explicite l'intérêt porté
à pratiquer l'humour dans les soins. Rire est une
nécessité vitale, un besoin fondamental de se
récréer pour assurer son épanouissement personnel dans
l'exercice de sa profession (Henderson, 1960).
A.2. LE CHOIX D'EMPLOYER L'HUMOUR RELÈVE DU CONTEXTE
DES SOINS
En évoquant les prédispositions à
l'utilisation de l'humour au cours de notre première partie, nous avons
mis en évidence l'importance du contexte des soins (Patenaude, 2006).
Être bon professionnel, c'est établir un jugement clinique
pertinent de la situation et identifier si le moment est propice à faire
de l'humour ou non. Observer, écouter, et identifier
précisément les circonstanciels de lieu et de temps assurent une
démarche soignante de qualité, dans le respect des valeurs
d'autrui (ANESM, 2008).
Pour certains manipulateurs, la surcharge de travail, le
manque de temps, la technicité du métier, ou encore le manque
d'expérience, représentent des limites à l'utilisation de
l'humour dans les soins. Pour d'autres, son usage dépend uniquement des
facteurs humains et non de causes latentes : c'est la personnalité du
soignant et du patient qui rend l'humour ou non possible. Un humour
spontané qui se base sur le simple ressenti du professionnel, sur son
instinct naturel ; ou réfléchi, dans la manière de
s'exprimer, de le mettre en place, selon la personne qui nous fait face.
Néanmoins, tous considèrent que l'humour est
fonction de la situation. Son aspect contextuel le rend parfois difficile
dès lors que nous avons à faire à des urgences, des
patients polytraumatisés ou inconscients. Cependant, il est important de
noter que certaines personnes, même gravement malade, détiennent
une incroyable faculté d'autodérision. Dans le contexte pesant de
l'oncologie, le rire ne semble pas proscrit. Bien au contraire, face à
des situations accablantes, une ode à la vie surgit à travers un
humour le plus souvent initié par le patient lui-même.
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