E. ENTRE FORMATION INITIALE ET CONTINUE
La troisième partie des questionnaires,
intitulée « Vers une formation à l'humour », consiste
à recueillir les avis des soignants et des étudiants pour voir
s'ils sont dans l'ensemble favorables ou non à un apprentissage de
l'humour dans leur pratique soignante (Cf. Annexe 4). Du fait de
l'intérêt croissant porté aux différentes techniques
de thérapies par le rire, il semblait intéressant de savoir si le
terme « gélothérapie » était connu des
participants. 96.5% des participants (96.6% des soignants et 96.4% des
étudiants) ont répondu « non » ; tandis que seulement
vingt-deux diplômés (3.4%) et quinze non diplômés
(3.6%) ont affirmé avoir connaissance de cette appellation encore peu
commune (Cf. Annexe 4, Question 1). Après cette question nous
avons donc jugé utile de poser une définition succincte de la
thérapie par le rire afin d'éclairer les participants.
Par la suite, nous avons évalué la
complexité de l'humour dans son aspect inné ou acquis. Pour la
grande majorité des soignants (69.7%) et des étudiants (65.9%),
la mise en place d'une formation à l'humour n'est possible qu'en
fonction du professionnel, la pratique de l'humour variant d'un individu
à un autre (Cf. Annexe 4, Question 2). 12.6% des
diplômés et 17.0% des non diplômés considèrent
l'humour comme une faculté possiblement acquise, la formation
étant envisageable pour n'importe quelle personne, réceptive ou
non à l'humour. Sensiblement les mêmes résultats sont
à relever pour ceux qui perçoivent l'humour en tant que
prédisposition innée de l'Homme, puisque totalement
dépendant de notre personnalité. Pour ces derniers, soit 16.7% de
manipulateurs et 13.6% d'apprenants, un apprentissage de l'humour
apparaît impossible. Résultats plutôt encourageants au vu de
notre problématique, seuls six soignants sur les 641 participants (0.9%)
et quatorze étudiants sur les 411 sondés (3.4%), jugent une telle
formation comme une perte de temps non négligeable.
Si tous ne se prononcent pas en faveur de cette formation pour
le moins atypique avouons-le, l'intérêt porté à la
question est en tout cas bien réel pour environ trois quart des
manipulateurs (73.9%) et des étudiants (77.9%). Près d'un quart
se disent même « très intéressés » (26.8%
et 25.3% resp.) et la moitié « plutôt
intéressée » (47.1% et 52.6% resp.) quant à un tel
apprentissage dans leur métier (Cf. Annexe 4, Question 3).
Seulement 4.4% des soignants et 3.6% des étudiants ne se
déclarent « pas du tout intéressés ».
Sur les 73.9% de diplômés et les 77.9% de non
diplômés intéressés, 85.7% et 85.3% d'entre eux
respectivement, reconnaissent un bénéfice à la fois dans
leur vie professionnelle et dans leur vie privée (Cf. Annexe 4,
Question 3bis). Pour seulement dix-neuf manipulateurs (4.0%) et six
étudiants (1.9%) cette formation ne serait bénéfique que
du point de vue personnel.
La question susceptible de se poser désormais est
relative au degré d'expérience des soignants. Une plus grande
expérience implique nécessairement d'avoir côtoyé un
plus grand nombre de patients, de tous types, plus ou moins réceptifs
à l'humour, et dans des contextes aussi divers que variés. Un
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ETIENNE CORDIER - Promotion 2013/2016
apprentissage du rire apparaît dès lors
dispensable étant donné que l'on éprouve moins le besoin
d'apprendre de nouvelles choses. Pour autant, une formation à l'humour
est-elle nécessaire uniquement chez les manipulateurs exerçant le
métier depuis peu ? Le désintérêt porté
à cette idée de former à l'humour n'est-elle
présente qu'auprès des plus expérimentés ? A
contrario, un tel apprentissage est-il perçu comme un moyen d'apporter
un peu de jovialité dans une pratique qui tend à s'essouffler au
fil des années et à succomber à la routine ?
Afin d'apporter une possible réponse à ces
questions, nous avons confronté l'intérêt de la mise en
place d'une formation continue à l'humour chez les manipulateurs en
ordonnée, en fonction de leur durée d'exercice dans le
métier en abscisse (Cf. Figure J).
23.0%
Très intéressé(e)
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30.1%
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27.7%
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49.8%
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Plutôt intéressé(e)
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44.1%
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48.5%
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|
|
Moins de 5 ans
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|
|
23.0%
|
Peu intéressé(e)
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21.5%
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Entre 5 et 20 ans
|
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18.8%
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Plus de 20 ans
|
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4.2%
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|
Pas du tout intéressé(e)
|
4.3%
|
|
|
|
|
5.0%
|
|
|
|
Source : L'auteur
Figure V. Une formation continue à l'humour ?
Au vu de ce graphique, le degré d'expérience
professionnelle ne semble pas influencer outre mesure l'intérêt
porté à la formation. La plupart des manipulateurs
révèlent être « plutôt intéressés
» quant à la mise en place d'une formation continue dont : 49.8%
travaillant depuis moins de cinq ans, 44.1% entre cinq et vingt ans, et 48.5%
depuis plus de vingt ans. Seuls 5.0% des plus expérimentés
avouent n'être « pas du tout intéressés », alors
que près du sextuple (27.7%) se disent « très
intéressés ». Une formation à l'humour semble donc
envisageable quelque soit l'ancienneté du soignant.
Après avoir évalué si les soignants et
les étudiants étaient disposés ou non à se former
à l'humour durant leur pratique, la dernière question consistait
à envisager la mise en place d'une formation initiale dès le
cursus de manipulateur (Cf. Annexe 4, Question 4). Alors que
près de la moitié des professionnels (48.8%) trouveraient cette
formation pertinente dans le cadre d'une meilleure prise en charge du patient
(soit 10.6% « tout à fait d'accord » et 38.2% «
plutôt d'accord »), ce taux s'élève même
à 66.9% du côté des étudiants (soit 13.6% «
tout à fait d'accord » et 53.3% « plutôt d'accord
»). Si beaucoup ne se prononcent pas (34.6% et 23.1% « ni en accord
ni en désaccord » resp.), ils restent néanmoins très
peu nombreux à se dire « pas du tout d'accord » : vingt-quatre
sur les 641 soignants (3.7%) et uniquement quatre étudiants sur les 411
participants (1.0%).
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L'idée d'envisager une unité ou
sous-unité d'enseignement « humour » au cours de la
scolarité, nécessite de recueillir l'avis des premiers
concernés : les étudiants. Ainsi, il paraît
intéressant de se demander si le niveau d'études influe sur la
perception des bénéfices apportés par cet apprentissage.
L'expérience acquise au cours des stages ne prédispose-t-elle pas
les étudiants à se détacher de l'aspect technique du
métier pour en privilégier l'aspect humain ? De ce fait, les
élèves en troisième année ne sont-ils pas plus
à même de pratiquer l'humour lors des soins ; et donc de trouver
un bénéfice réel quant à cette formation ?
Cependant, les nouveaux apprenants disposent d'un regard extérieur sur
l'environnement soignant - quasi semblable à celui du patient - car
n'ayant pas suffisamment de connaissances techniques et théoriques. En
conséquence, les élèves de première année ne
perçoivent-ils pas l'humour comme un moyen de faciliter une relation de
confiance entre soignant et soigné ? Le facteur relationnel de l'humour
ne constituerait-il pas une des bases du métier à adopter le plus
tôt possible dans le cursus de manipulateur ?
Nous tenterons d'apporter une réponse à chacune
de ces interrogations en confrontant la pertinence de la mise en place d'une
formation initiale à l'humour en ordonnée, en fonction du niveau
d'études des étudiants en abscisse (Cf. Figure VI).
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16.4%
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Tout à fait d'accord
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9.1%
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15.1%
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55.7%
|
Plutôt d'accord
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52.3%
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|
51.8%
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|
|
|
22.1%
|
Ni en accord ni en désaccord
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27.3%
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20.1%
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Première année
|
Plutôt pas d'accord
|
5.0%
9.8%
|
|
Deuxième année
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|
12.2%
|
|
Troisième année
|
|
0.7%
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|
|
Pas du tout d'accord
|
1.5%
|
|
|
|
0.7%
|
|
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Source : L'auteur
Figure VI. Une formation initiale à l'humour ?
Dans l'ensemble, plus de la moitié des étudiants
(53.3% en moyenne) se disent « plutôt d'accord » à
propos d'une formation initiale en vue d'une meilleure prise en charge du
patient, avec un taux de réponses sensiblement identique selon le niveau
de scolarité : 55.7% des élèves de première
année, 52.3% de deuxième année, et 51.8% de
troisième année. Exclusivement un étudiant en
première année (0.7%), deux de deuxième année
(1.5%), et un de dernière année (0.7%), se considèrent
totalement fermés à cette idée. Au vu des
résultats, un apprentissage de l'humour dans le cursus d'enseignement
semble être majoritairement accepté par les étudiants, et
cela peu importe le niveau d'études.
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