D. LES APPORTS DE L'HUMOUR
De nombreux bienfaits ont été mis en
évidence quant à l'usage de l'humour dans les soins (Cf.
Annexe 3, Question 7). Quasiment la totalité des soignants (90.0%)
et des étudiants (94.4%) se déclarent « plutôt
d'accord » (48.8% et 45.3% respectivement) voire « tout à fait
d'accord » (41.2% et 49.1% respectivement) à considérer
l'humour comme un moyen d'établir une relation de confiance avec le
patient. Seuls quatre manipulateurs (0.6%) et un seul étudiant (0.2%) ne
sont « pas du tout d'accord ».
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Si les avis définissant l'humour comme un
mécanisme de défense face au stress du travail semblent davantage
partagés, il n'en reste pas moins que 60.9% des soignants se
déclarent « tout à fait d'accord » (20.0%) et «
plutôt d'accord » (40.9%). Les résultats des apprenants sont
sensiblement identiques avec 15.6% qui sont « tout à fait d'accord
» et 41.1% « plutôt d'accord ». Près d'un quart des
participants ne se prononcent pas : 21.5% diplômés et 24.1% non
diplômés se disent « ni en accord ni en désaccord
».
L'humour, synonyme d'une bonne ambiance entre collègues
: les avis semblent unanimes sur ce point ! 97.9% des manipulateurs et 94.8%
des étudiants reconnaissent être majoritairement « tout
à fait d'accord » (73.6% et 63.7% resp.) et « plutôt
d'accord » (24.3% et 31.1% resp.). Cela semble indéniable, l'humour
correspond avant tout à l'expression d'une bonne humeur
partagée.
Environ la moitié des soignants (45.7%) et des
étudiants (52.6%) semblent « plutôt d'accord » pour dire
que l'humour est un moyen d'aplanir la hiérarchie entre le professionnel
de santé et le patient. Ils restent peu nombreux à se dire «
plutôt pas d'accord » (5.8% et 4.4% resp.) voire « pas du tout
d'accord » (5.6% et 4.1% resp.).
Nombreux sont ceux qui se servent de l'humour comme une
technique de distraction du patient lors d'actes de soins intimes ou invasifs :
81.9% des manipulateurs diplômés et 84.6% des non
diplômés reconnaissent être « tout à fait
d'accord » (29.8% et 38.9% resp.) ou « plutôt d'accord »
(52.1% et 45.7% resp.). Uniquement treize soignants sur les 641 (2.0%) et cinq
étudiants sur les 411 (1.2%) ne sont « pas du tout d'accord
».
Envisager l'humour comme une manière de mieux
appréhender l'examen pour le patient, s'inscrit dans la droite
lignée des bienfaits de la bonne humeur dans la relation de soin. En
effet, 87.7% des professionnels et 92.0% des apprenants avouent être
« tout à fait d'accord » (38.7% et 41.1% resp.) ou «
plutôt d'accord » (49.0% et 50.9% resp.).
Enfin, 88.5% des soignants (soit 37.3% « tout à
fait d'accord » et 51.2% « plutôt d'accord ») et 86.4% des
étudiants (soit 34.8% « tout à fait d'accord » et 51.6%
« plutôt d'accord ») soutiennent l'humour comme un outil
thérapeutique contribuant à la santé physique et
psychologique du soigné. Aucun professionnel, seul un unique
étudiant (0.2%), se dit totalement en désaccord avec ce concept
de thérapie par le rire.
Après avoir mis en évidence de nombreux
bienfaits, il paraît intéressant de s'attarder sur les
éventuels effets négatifs de l'humour au sein d'une relation de
soin (Cf. Annexe 3, Question 7). Dans un premier temps, nous avons
voulu savoir si l'humour constituait un manque de respect au regard du patient.
Seuls deux soignants (0.3%) se disent « tout à fait d'accord
». 91.0% des professionnels diplômés et 88.9% des non
diplômés reconnaissent n'être « plutôt pas
d'accord » (25.9% et 27.3% resp.) voire majoritairement « pas du tout
d'accord » (65.1% et 61.6% resp.) avec cette affirmation.
D'ailleurs, sensiblement les mêmes conclusions sont
à tirer de l'humour en tant qu'outil inapproprié dans une prise
en charge soignante. Alors que 91.4% des manipulateurs et 86.9% des
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étudiants avouent n'être « pas du tout
d'accord » (64.3% et 58.2% resp.) ou « plutôt pas d'accord
» (27.1% et 28.7% resp.), seulement onze soignants (1.7%) et quatre
étudiants (1.0%) semblent « tout à fait d'accord ».
De même, 94.1% des professionnels (soit 73.5% « pas
du tout d'accord » et 20.6% « plutôt pas d'accord ») et
92.5% des étudiants (soit 69.1% « pas du tout d'accord » et
23.4% « plutôt pas d'accord ») n'assimilent pas l'humour
à un manque de professionnalisme. À l'inverse, seuls deux
soignants (0.3%) et un étudiant (0.2%) perçoivent l'humour comme
un évident défaut de sérieux et de rigueur dans un
environnement qui en requiert.
Néanmoins, si l'humour semble avoir sa place dans la
relation soignant/soigné pour un certain nombre de manipulateurs
diplômés et non diplômés, il semble
représenter un possible risque de heurter la personne et de nuire
à sa dignité. Certes, peu se déclarent « tout
à fait d'accord » (1.6% et 2.9% resp.) ou « plutôt
d'accord » (8.1% et 13.4% resp.), mais plus d'un quart des participants se
déclarent sans opinion : 27.3% des soignants et 30.7% des
étudiants sont « ni en accord ni en désaccord ». Le
même effectif se déclare « plutôt pas d'accord »
(32.4% et 30.7% resp.) et « pas du tout d'accord » (30.6% et 22.4%
resp.). Ainsi, si l'humour ne semble pas nécessairement mettre en danger
le respect d'autrui et de ses valeurs pour la majorité des participants,
nombreux sont ceux qui ne se prononcent pas, signe possible de la
complexité à user de l'humour dans les soins.
Par contre, 89.1% des professionnels et 78.6% des
étudiants ne considèrent pas la pratique de l'humour en tant que
déni total de la souffrance du soigné et de ses besoins en
santé. La plupart des sondés se disent d'ailleurs « pas du
tout d'accord » (67.7% et 57.2% resp.). Uniquement sept soignants sur les
641 (1.1%) et trois étudiants sur les 411 (0.7%) semblent « tout
à fait d'accord ».
Enfin, 88.3% des manipulateurs (soit 64.7% « pas du tout
d'accord » et 23.6% « plutôt pas d'accord ») et 88.1% des
apprenants (soit 58.9% « pas du tout d'accord » et 29.2% «
plutôt pas d'accord ») ne considèrent pas que l'humour puisse
affecter la productivité au travail. A contrario, dix soignants (1.6%)
et également dix étudiants (2.4%) sont « tout à fait
d'accord », estimant ainsi clairement l'humour en tant que manque à
gagner dans une optique soignante.
Au vu de ses résultats, nous noterons les avis
sensiblement identiques entre manipulateurs diplômés et non
diplômés. Alors que nous aurions pu nous attendre à une
différence significative du fait de leur manque d'expérience, les
étudiants semblent faire preuve d'une grande capacité à se
projeter dans leur pratique future, où humanité et
technicité s'entremêlent constamment.
Entre créateur de relation, mécanisme de
défense, incitateur de bonne humeur, témoignage
d'humanité, technique de distraction et outil thérapeutique, la
majorité des soignants et des étudiants semblent unanimes sur les
nombreux bienfaits que l'humour est susceptible d'apporter au sein du
métier. Abordons dorénavant la question d'une possible formation
à l'humour à instaurer auprès des professionnels ou bien
dès le cursus d'enseignement.
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