C. ÂGE, EXPÉRIENCE ET SECTEUR
D'ACTIVITÉ
Désormais, il convient de se demander si l'âge du
soignant ne prédispose pas à faire de l'humour une valeur
personnelle. Sommes-nous plus enclins à rire dans notre jeunesse
insouciante, ou bien l'expérience de vie apparaît comme un
formidable tremplin d'autodérision ? Nous avons donc comparé la
tranche d'âge du soignant en abscisse, selon sa personnalité
humoristique en ordonnée (Cf. Figure II).
38.1%
Énormément Modérément Pas vraiment
Pas du tout
4.5%
4.9%
6.5%
8.3%
0.6%
0.7%
0.0%
0.0%
Moins de 25 ans Entre 25 et 35 ans Entre 36 et 50 ans Plus de 50
ans
Source : L'auteur
45.9%
41.3%
43.8%
56.8%
48.4%
52.3%
47.9%
Figure II. Humour et tranche d'âge
54
ETIENNE CORDIER - Promotion 2013/2016
Au vu de ce graphique, peu de différences notables sont
à noter selon l'âge du soignant. Qu'il s'agisse de manipulateurs
âgés de moins de 25 ans, entre 25 et 35 ans, entre 36 et 50 ans,
ou à plus de 50 ans, la majorité considère l'humour comme
faisant « modérément » partie de leur caractère
(51.3% en moyenne), voire « énormément » (42.7% en
moyenne). L'âge ne semble donc pas influer sur le tempérament
comique de l'individu. Il n'y a pas d'âge pour rire !
Pour en revenir à la notion d'expérience, il a
paru intéressant de mettre en exergue une possible corrélation
entre le nombre d'années de pratique dans le métier en abscisse ;
et la facilité à user de l'humour dans les soins en
ordonnée (Cf. Figure III). Notons bien que nous parlons ici
d'expérience et non d'âge. En effet, on peut très bien
avoir débuté le métier de manipulateur récemment et
pourtant avoir une quarantaine d'années, suite à une
réorientation professionnelle par exemple. L'âge n'étant en
aucun cas représentatif d'une quelconque maturité
professionnelle.
Tout le temps Souvent Parfois Jamais
Moins de 5 ans Entre 5 et 20 ans Plus de 20 ans
63.2%
62.4%
63.4%
5.0%
Source : L'auteur
10.4%
5.9%
30.7%
26.5%
28.7%
1.1%
0.7%
2.0%
Figure III. Humour et expérience
professionnelle
Contrairement à ce que l'on pourrait penser,
l'ancienneté professionnelle ne témoigne pas d'une plus grande
aisance à employer l'humour avec le patient. En effet, si nous nous
accordons à dire que les soignants utilisent « souvent »
l'humour dans leur métier (62.9% en moyenne), pour autant aucune
différence notable entre les trois catégories n'est à
remarquer : 63.2% pour les soignants avec moins de 5 ans d'ancienneté,
62.4% entre 5 et 20 ans, 63.4% pour ceux avec plus de 20 ans.
Mettre en lien les caractères
sociodémographiques des soignants avec le degré d'usage de
l'humour dans leur profession, suppose de s'intéresser également
au secteur d'activité. L'humour est-il moins utilisé en
radiothérapie, où le professionnel de santé est face
à des patients atteints de pathologies lourdes ? A contrario, les
séances de traitement régulières ne permettent-elles pas
d'instaurer plus aisément une relation de confiance entre soignant et
soigné, et donc de faciliter la pratique de l'humour ? Le manque de
temps à consacrer au patient en service d'imagerie diagnostique ne
constitue-t-il pas un frein à employer l'humour au travail ? Les
importants moyens de radioprotection en médecine nucléaire ne
font-ils pas écran à la relation soignant/soigné,
diminuant
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ETIENNE CORDIER - Promotion 2013/2016
ainsi la possibilité de faire usage de l'humour ? Le
contexte stérile de la radiologie interventionnelle ne rend-t-il pas la
situation peu encline à rire ? Afin d'apporter une réponse
à ces interrogations, nous avons confronté la pratique de
l'humour dans les soins en abscisse, avec le secteur d'activité
radiologique concerné en ordonnée (Cf. Figure IV).
Radiologie Interventionnel Scanner IRM Médecine
nucléaire Radiothérapie
|
7.3%
|
|
|
Tout le temps Souvent Parfois Jamais
|
|
|
64.6%
|
|
26.8%
|
|
1.3%
7.3%
|
|
|
|
59.9%
|
|
29.9%
|
|
2.9%
6.8%
|
|
|
|
67.5%
|
|
25.1%
|
|
0.7%
8.9%
|
|
|
64.3%
|
|
26.8%
|
|
0.0%
10.8%
|
|
|
|
55.9%
|
|
32.4%
|
|
0.9%
5.0%
|
|
|
|
66.7%
|
|
28.3%
|
|
0.0%
Source : L'auteur
Figure IV. Humour et modalités
Là encore, surprenants résultats ! Contre toute
attente, le secteur d'activité ne semble pas influencer outre mesure
l'usage de l'humour avec le patient. Qu'il travaille en radiologie
conventionnelle, en interventionnel, en scanner, en IRM, en médecine
nucléaire ou en radiothérapie, le soignant pratique «
souvent » l'humour avec le patient (62.9% en moyenne). Rares sont les
professionnels de santé qui ne s'en servent « jamais » dans
leur relation avec le soigné (1.1% en moyenne), et cela quelque soit le
milieu d'exercice.
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