B. Un projet commun pour le territoire pyrén
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Forts de cette fédération des gens
opposés au programme de réintroduction, un projet plus global
pour le territoire a été pensé notamment par certains
politiques et par des leaders de mouvements associatifs, notamment à
l'échelle du massif pyrénéen. Ils existe néanmoins
des divergences de points de vue entre politiciens et les associations telle
que l'Aspap. Ces personnes en sont les artisans et ils disent vouloir sortir du
débat sur l'ours pour proposer une autre façon de concevoir le
développement futur des territoires de montagne. C'est dans ce sens que
dans « le Manifeste des Pyrénées » il est écrit
: « Nous voulons et demandons qu'au lieu des groupes de travail
spécialisés « ours et loups », soit créé
un groupe de travail qui envisage comme une totalité le problème
de la conservation de nos montagnes: en tenant compte des aspects
environnementaux, économiques, professionnels et sociaux ». Ils
estiment donc que ces aspects ne sont pas pris en compte dans les
réunions organisées par l'Etat français dans le contexte
de la réintroduction de l'ours.
Ce manifeste a été rédigé
dans le cadre du refus de se joindre au « groupe national ours »
organisé par l'État français. C'est-à-dire,
plutôt que d'aller dans le sens de la création de zones où
l'homme n'influencera plus le milieu naturel, ils souhaitent au contraire que
soit plus développés les métiers de d'élevage et
les productions de qualité. En utilisant des méthodes de
production respectueuses de l'environnement, comme c'est déjà
bien souvent le cas et en réhabilitant, en relançant les races
domestiques adaptées au milieu. C'est en ce sens qu'ils disent vouloir
interpeller les États français, espagnol et andorran et leur
demander ce qu'ils souhaitent, quels sont leurs projets pour les
Pyrénées. Ils estiment que le projet de réintroduction
d'ours n'est pas compatible avec leur projet de développement et que
c'est même une antithèse de ce qu'ils souhaitent mettre en place
pour les Pyrénées. Ce projet qu'ils ont pour le territoire ils le
partagent aussi avec ceux qui ont signé le « Manifeste des
Pyrénées », dont un député du parlement
catalan pour le syndic du Val d'Aran, Paco Boya qui a proposé aux
associations et aux élus français signataires du Manifeste de
mettre en place cette «plateforme transfrontalière » de
concertation et de travail afin de réfléchir à un projet
d'avenir pour les territoires de montagnes pyrénéens, sans
attendre que les hautes instances politiques répondent à leurs
attentes.
70 Voir aussi à ce sujet l'extrait du discours de
Bruno Besche-Commenge en page 13.
80
Ici aussi, les « leaders intellectuels »du
mouvement qui sont investis dans ce projet pour aller à l'encontre de
celui que l'État est en train de mettre en place notamment avec le
projet de réintroduction. Bruno Besche-Commenge en est un des artisans
avec Marie-Lise Broueilh entre autres. Ils ont rédigé ensemble un
programme, pour un projet pour les Pyrénées qu'ils ont
déposé au niveau européen. Selon Bruno Besche-Commenge et
ceux qui partagent les mêmes projets pour les Pyrénées, il
faut « sortir du problème ours pour pouvoir en sortir ». Car
l'ours serait le révélateur d'autres problèmes d'ordre
plus général et c'est à ces problèmes qu'ils disent
vouloir s'attaquer. Et finalement ils pensent que c'est grâce à
l'ours que cela va pouvoir se faire puisqu'il a permis la constitution d'un
réseau, qui a à peu près les mêmes idées, sur
toute la chaîne des Pyrénées.
« Le meilleur moyen d'en sortir, c'est
nous-mêmes d'en sortir [...] on a fait un gros boulot sur les
problèmes de fond et le gros avantage, le seul avantage de l'ours mais
c'est un avantage énorme [...] c'est qu'il a permis justement que des
liens s'établissent entre des gens de la chaîne et sur les deux
versants au demeurant [...] qui ne se voyaient pas ou peu ou qui ne se
connaissaient pas et donc ça a créé un mouvement de fond
au delà du problème ours. On est en train de mettre en place avec
Marie-Lise (Broueilh) qui avait des réseaux dans les Asturies on a fait
un lien avec eux là, et on en a un pas mal aussi au niveau Val d'Aran
Catalogne. Ça permet donc de structurer quelque chose au niveau
européen qui est le seul niveau d'ailleurs qui compte [...] aujourd'hui,
ça a permis donc de donner quelque chose que chacun croyait plus ou
moins de façon floue dans son coin [...] ça a permis de
fédérer des gens qui avaient pas tous les mêmes solutions
qui se rendaient compte de problèmes [...] ça a permis à
ces gens de se rencontrer, de travailler ensemble et effectivement de mettre un
truc en place qui au delà du problème ours va rester. » (
Bruno Besche-Commenge).
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