2. Des camps qui s'affrontent ?
Ce projet a créé des camps et, comme le ton
est monté, les discours et les positions se sont radicalisées.
D'où les termes très forts utilisés pour
caractériser ceux de l'autre camp ( par exemple « sectes du sauvage
» ou « intégristes écologistes » d'un coté
et « ultraspastoraux » de l'autre. Certes le projet de
réintroduction a fédéré des gens, mais il en a
aussi opposés. Au fil des années, les deux camps semblent
s'être éloignés de plus en plus. Tout d'abord le dialogue
paraît rompu, il n'y a plus de concertation et le Groupe National Ours
qui devait permettre de trouver un terrain d'entente a été
boycotté par les associations « anti-ours » et les élus
opposés au projet.
Sur le terrain, les choses sont peut-être
différentes notamment concernant le travail de « la pastorale
pyrénéenne » qui s'occupe de placer des chien patou chez les
éleveurs et qui tente de promouvoir la cohabitation. Je n'ai pas fait
d'enquête de terrain de ce côté, aussi je ne peux pas en
parler. Martine dit, au nom de ceux qui cherchent à promouvoir une
possible cohabitation avec les ours: « on est pas cachés mais on
est dans l'ombre parce qu'on peut pas s'afficher publiquement [...] on est
à côté et pas entendus, pas reconnus » mais elle dit
tout de même qu'elle trouve « qu'il y a une amélioration
». Cédric qui travaille dans l'équipe technique de suivi de
l'ours, lui relate des relations difficiles avec le monde de l'élevage
et même il semblerait que cela en arrive parfois à des menaces de
mort par courrier à l'encontre du personnel de l'équipe. Ce qui
apparaît, ce sont des tensions sur le terrain beaucoup plus
marquées qu'il y a quatorze ans lors des premières
réintroductions d'ours et qu'au fil des années, les relations
entre les gens concernés sur le terrain semblent s'être
distanciées. Dans le même ordre d'idées, M. et Mme Joly
raconte que lorsque les prédations qu'ils ont eues chez eux ont
été médiatisées, ils ont reçu des appels
téléphoniques et des courriers anonymes de sympathisants de la
cause des ours qui allaient aussi jusqu'aux menaces de mort. D'un
côté comme de l'autre, il peut y avoir des relations difficiles
entre défenseurs de la cause des ours et défenseurs de la cause
des éleveurs. Ceci paraît être dû à une
radicalisation de la situation et des positions de
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chacun.
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