4. c'est qui les « écolos » ? c'est
quoi être « écolo » ?
Les associations écologistes faisant partie du
programme de réintroduction sont la cible de vives critiques de la part
des opposants au plan-ours et par extension, ceux qui soutiennent plus ou moins
activement ce programme. Notamment, le caractère écologique de
leur démarche est remis en cause, en tout cas dans le cadre de ce
projet. On estime qu'ils sont utopistes et déconnectés de la
réalité et qu'il veulent recréer artificiellement de la
nature naturelle, sauvage. Considérés comme focalisés sur
cette image du nounours, ils sont relégués au domaine de
l'imaginaire, du rêve. On les appelle: les « écologistes
intégristes », les « écolos n'importe quoi », les
« écologistes de villes », des «religieux », des
ayatollahs etc...Leur conception de la nature, de l'écologie serait
comparable à une religion. Les éleveurs de montagnes se
définissent comme écologistes en opposition à ce
qu'ils
31 Néanmoins, ils sont favorables à la
création d'un grand parc où les gens pourraient venir voir les
ours. Pour eux c'est la seule façon de rendre réellement
attractive pour le tourisme la présence de l'ours. Voici à ce
propos la formule d'un des éleveurs interviewé: « il faut
laisser l'ours libre et il faut fermer les brebis, et nous, on avait
décidé de fermer l'ours et de laisser les brebis libres, nous
étions à l'envers de leur schéma ».
32 Ce point sera développé plus loin dans
la troisième partie.
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appellent de « l'écologie de salon
».
Pour eux être « écolo » en ce qui
les concerne au quotidien, c'est vivre au contact de la nature, vivre d'elle en
la respectant, en respectant un certain équilibre qui permet de
l'exploiter au bon sens du terme. Et même comme le dit Laurent, il lui
semble que du fait d'être éleveur en montagne, cela tombe sous le
sens d'être en équilibre avec la nature. Cela lui paraît
comme une évidence dictée par la nature et ses lois faute de
quoi, on ne peut y vivre de l'élevage.
« [Son choix de s'être installé en
montagne] c'est une recherche de qualité de vie...d'équilibre
donc c'est pour ça que ça me fait un peu sourire toutes les
histoires qu'on nous raconte sur la biodiversité l'écologie
euh...en montagne on peut pas être autrement...de pratiquer une
écologie quotidienne...parce que la moindre erreur se paye au prix
fort...il faut respecter...[...] ne serait-ce qu'au niveau météo
ça peut changer très vite et ça peut être
très vite compliqué, astreignant et donc faut prévoir on
fait pas n'importe quoi, et comme c'est peu mécanisable c'est de
l'extensif je dirai...raisonné ». (Laurent)
«Moi je pense que les vrais écolos c'est les
agriculteurs tu vois...y'en a toujours quelques uns c'est pareil...mais les
véritables écolos c'est les agriculteurs...en
montagne...après en plaine c'est autre chose, eux c'est du
rendement...c'est les insecticides et les pesticides [...] mais ici y'a
personne qui emploie ni des insecticides ni des pesticides...les gens ils
nettoient à la main et ils fauchent parce que on a des petites surfaces
[...] moi à mon avis c'est ça l'écologie [...] comme on
l'a trouvée la nature, comme on l'a trouvée on veut la laisser
c'est à dire comme nos parents nous l'ont transmis». (M.
Joly)
On peut remarquer ici que néo-ruraux (ici Laurent)
et natifs, de milieu paysan, du département (ici M. Joly) ont sur ce
point quasiment le même discours sur ce que c'est que d'être
écologiste et à propos du fait qu'être agriculteur de
montagne c'est forcément être écologiste car on vit
très proche de la nature et il faut être en équilibre avec
elle. On peut remarquer aussi le lien qui est fait entre écologie et
production de produits naturels33. Comme si c'était aussi le
fait de produire des aliments naturels qui faisait d'eux des écologistes
et justifiait ainsi leur priorité sur le territoire par rapport à
l'ours ou du moins à des ours réintroduits.
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