3. A propos de l'État, de la bureaucratie, d'un
projet politique global
Dans le discours des gens revient souvent cette
idée qu'on leur a imposé un choix politique qu'ils n'approuvent
pas et qui pourtant les concerne directement. L'État est décrit
comme une instance lointaine détachée de la réalité
et qui a décidé du sort d'une partie de la population des
Pyrénées depuis des bureaux parisiens sans prendre en
considération l'avis des populations qui sont sur le
terrain.
« J'ai l'impression plutôt que[...]c'est une
population locale qui se voit imposer des diktats par un État central
» (Nicolas )
«C'est un souci de plus, et un souci qui est
imposé et ça moi je l'avoue, je le revendique, ça me
révolte parce que je ressens ça comme une injustice malgré
tous les discours qu'on nous fait, parce que les premières personnes
qu'on aurait dû écouter et concerter c'était nous
c'était les gens du terrain [...] je m'aperçois que dans d'autres
domaines, c'est la façon de faire d'un État: on décide, on
organise, on assène la décision et ensuite on met en place une
simili concertation, on veut se donner des allures de processus
démocratique mais en fait tout est joué d'avance ».
(Laurent)
29 Voir description en page 6.
30 Cette association s'occupe de la mise en place et du
suivi des chiens de protection au sein de troupeaux. Voir en annexe à
propos des résultats de l'enquête menées sur
l'efficacité des chiens de protection.
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Ensuite, beaucoup estiment que l'État devrait
donner la priorité à d'autres problèmes, notamment
écologiques, plus urgents et plus importants selon eux. « Je pense
qu'au niveau conservation, protection de l'environnement y'a d'autres choses
à faire beaucoup plus importantes [...] je pense notamment à la
question des déchets nucléaires, bon à une agriculture
raisonnée. » (Laurent)
Certains disent que ce projet s'insère dans une
politique plus globale qui voudrait faire des Pyrénées une sorte
de grand parc voué aux touristes et aux bêtes
sauvages31. Et ce projet politique, ils n'y adhèrent pas, ce
n'est pas ainsi qu'ils voient l'avenir des Pyrénées. Et ils
trouvent contradictoire que l'on souhaite le faire en excluant les
éleveurs (qui s'en considèrent, de par leur activité, les
jardiniers) ou du moins en les décourageant par la présence
d'ours. Néanmoins, ils sont pour le développement du tourisme
mais sans que cela se fasse au détriment de l'élevage. Ils
souhaitent que les deux soient liés et c'est ce qu'ils cherchent
à développer, un tourisme qui soit aussi en relation avec le
monde de l'élevage et la promotion des produits de qualité que
l'on trouve dans la région (alimentaires ou artisanaux)32.
Ils pensent que cela pourrait permettre de maintenir l'activité agricole
en partie grâce à la présence du tourisme. D'ailleurs, de
plus en plus d'éleveurs ont développé en parallèle
une activité liée au tourisme (camping à la ferme, chambre
d'hôtes, visite de l'exploitation...).
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