Section II : Des défaillances politiques sur la
valorisation des PFNL
Les mouvements internationaux d'exploitation des ressources
naturelles ont eu un rôle déterminant dans l'adoption et/ou les
révisions des politiques forestières nationales dans les pays du
bassin du Congo. Dans les cas du Cameroun et de la RDC, ces politiques ont
été définies et taillées sur la mesure de
l'adaptation aux crises économiques que les deux Etats ont connues dans
les années 90. Actuellement, ces politiques s'accordent moins aux
réalités locales (§1).
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Les Etats continuent à imposer leur monopole sur la
gestion des produits forestiers (§2) sans prendre en compte les pouvoirs
et les droits des populations à la base.
Paragraphe I : Les stratégies de gestion
forestière moins adaptées
Dans la plupart des pays du bassin du Congo, les politiques
forestières sont dominées par la stratégie de gestion
mixte des ressources de la forêt. En effet, il se dégage comme un
conflit de régulation de l'exploitation des biens naturels entre le
pouvoir traditionnel et l'Etat. Au Cameroun comme en RDC, deux systèmes
de gestion de ressources forestières coexistent (A). Toutefois, ces
Etats gardent le monopole de gestion, caractéristique de la main mise
sur les ressources et associent moins les communautés riveraines (B).
A. La coexistence des systèmes de gestion des
ressources forestières
La grande majorité des Etats d'Afrique centrale ont une
identité culturelle commune. Leur passé historique l'est encore
plus quand on prend en compte les systèmes de gestion instaurés
par les puissances coloniales. Depuis la nuit des temps, les populations du
Cameroun et de la RDC utilisent les PFNL à des fins
susmentionnées. «Les différentes normes
coutumières (Baka et Bantou) qui sont, suivant les cas définies
et contrôlées par l'autorité traditionnelle ou l'ensemble
du groupe concerné, définissent les régimes
d'appropriation des ressources de la forêt et des PFNL en
particulier»77. La méthode traditionnelle consacre
la libre utilisation des ressources forestières aussi bien pour la
subsistance que pour la commercialisation. Avec l'avènement du droit
écrit ou moderne, des restrictions et améliorations ont
été apportées dans le système d'exploitation des
produits forestiers par les populations villageoises des zones
forestières dans le bassin du Congo.
Présentement, le système colonial de gestion des
ressources naturelles et le système traditionnel de régulation de
l'exploitation des forêts coexistent au Cameroun et en RDC. Ces deux
systèmes semblent être en conflit et constituent d'alors une sorte
d'entrave à l'utilisation rationnelle et responsable des PFNL de part et
d'autre. Car, en droit coutumier, les communautés locales et les peuples
autochtones sont les seules propriétaires et gestionnaires des
ressources forestières. Par contre en droit moderne, l'Etat dispose de
la responsabilité principale en matière de gestion des
forêts.
77 CTFC, UICN, Plan Simple de Gestion des Produits
Forestiers Non Ligneux (PFNL) de la Forêt Communale de Djoum, octobre
2012, p 6.
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C'est encore à l'Etat que revient la
responsabilité de définir les orientations et les politiques
forestières auxquelles les différents acteurs sont assujettis.
L'on pourrait de ce fait déceler la tendance et la
résolution de la puissance publique à prendre des
décisions relatives à la forêt ou mieux environnementales
sans consulter les populations environnantes.
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