III.2.4.2. Expérience du risque :
L'expérience du risque survient à «
chaque tentative de figure » dans l'action selon rider3, car
« chaque saut peut occasionner une chute en cas de mauvais calage du
roller sur le muret ». Dans la plupart des Slides, la chute
liée au mauvais calage est considérée comme peu dangereuse
par les Riders, car ceux-ci « se rattrapent en roulant dans les
marches en s'appuyant sur le muret ».
La grande crainte des Riders est que la jambe de calage passe
de l'autre côté du mobilier et « qu'on se retrouve le
muret entre les cuisses ou précipité de l'autre
côté, dans le vide ». Comme le soulignait Rider 3,
« il ne faut pas se louper, sinon, c'est la chute ».
III.2.4.3. Evaluation de la prise de risque:
Dans un premier temps, le risque est rattaché à
l'évaluation de la dangerosité de l'activité, une
appréhension subjective. En effet, les Riders évaluent leur
propre aptitude à réaliser une tâche « à risque
». Durant notre protocole expérimental, nous avons interrogé
les sujets sur leurs aptitudes à réaliser un Tricks "soul " sur
le muret présenté. Les trois se sont engagés dans la
conduite.
Les Riders évaluent les caractéristiques de
l'espace pour adapter leurs compétences aux exigences spatiales. Suite
à l'analyse de l'espace, le Rider apprécie le niveau d'expertise
que requiert le spot. Les espaces urbains présentent différents
types de mobiliers, qui peuvent devenir accessibles selon l'expertise du
pratiquant. A noter que les Riders portent des protections aux genoux mais
surtout aux mains. Ces matériaux sont renforcés aux endroits
stratégiques comme la paume des mains.
Nous vous proposons deux tableaux récapitulatifs
ci-dessous. L'objectif de ces tableaux est d'accéder à
l'expérience du risque chez les Riders experts. L'expérience des
sensations fortes, provoquées par la crainte de la chute (Cf. Tableau
1 : Application de figures selon le niveau d'appréciation du
risque), illustre l'omniprésence des risques dans la pratique du
Roller Street. Le risque est perçu et apprécié de
façon subjective selon le contexte spatio-temporel et social.
L'engagement des Riders qui acceptent la perspective de se blesser, que ce soit
un hématome ou une fracture, est motivé par plusieurs facteurs
:
53
Appréciation subjective du risque selon le
spot
|
Application d'une figure selon le savoir
faire
|
Notes
|
Risque bas
|
Très maîtrisé à non
maîtrisé
|
Facilite l'apprentissage
|
Risque moyen
|
Très maîtrisé à peu
maîtrisé
|
Permet l'application de figure validée au premier
niveau de risque (bas)
|
Risque haut
|
Très maîtrisé à
maîtrisé
|
L'évaluation du risque est en continue. Suite
à une réussite, l'appréciation du risque diminue, le
niveau exigé baisse. Alors, une figure plus exigeante, auparavant
pensé comme non réalisable, peut se voir se
réaliser
|
Tableau 1 : Application de figures selon le niveau
d'appréciation
du risque
Pendant l'entretien d'autoconfrontation, nous avons construit
de manière participative cette grille tâchant d'évaluer le
niveau d'activité physique, cognitive et social selon
l'appréciation du risque :
Tâches
|
Activité physique
|
Activité cognitive
|
Activité sociale
|
Réalisation d'une figure
maîtrisée collectivement : "le soul" par
exemple
(annexe 3) SUR
|
|
|
|
un spot à risque bas
|
+
|
+
|
++++
|
un spot à risque moyen
|
+++
|
++
|
++
|
un spot à risque fort
|
++++
|
++++
|
+
|
Tableau n°2 : Niveau d'activité physique,
cognitive et sociale selon l'évaluation du risque collective relatif
à la tâche
54
L'activité experte étant
caractérisée par un « haut degré d'automatisation
», l'activité physique et cognitive des sujets
résistent aux facteurs perturbateurs face à un risque
apprécié faible. Notre protocole exploratoire a défini un
environnement où le risque était fort : Rider3
«ça peut faire des années que l'on pratique, lorsqu'on
est confronté à un nouveau spot de 14 marches, on est vigilant
». Lorsque l'appréciation de niveau du risque augmente comme
dans notre situation, l'activité physique et cognitive augmente elle
aussi : Rider 2 « mes jambes ont tremblé », «
arrivé en bas, on voit que je suis tout perturbé. Je mets mes
mains sur ma bouche là parce que j'ai cru que j'allais me retrouver
à plat ventre par terre, j'ai vraiment échappé belle
».
Pour résumer, le niveau de risque lié à
la tâche détermine les performances de nos sujets dans un contexte
donné.
|