CHAPITRE I
MODÈLES DE TAUX DE CHANGE
La littérature sur les taux de change est abondante et
diversifiée. Elle comporte des travaux théoriques et empiriques
relatifs aux variables qui peuvent sous-tendre l'évolution du taux de
change. Ces travaux qui visent à dégager les déterminants
du taux de change et à en prévoir l'évolution peuvent
être répartis en deux centres d'intérêt. Le premier
concerne les modèles basés sur la balance commerciale. Le second
met en exergue le rôle des facteurs financiers et monétaires.
1.1 Modèles basés sur la balance
commerciale
1.1.1 Le taux de change et la balance des transactions
courantes
Les travaux d'Alfred Marshall (1879) et Abba Lerner (1946)
établissent une proposition importante qui lie le taux de change
réel et la balance commerciale nominale. Cela est appelé
condition de Marshall-Lerner (ML). Cette condition stipule que la
dépréciation du taux de change améliore la balance
commerciale nominale si la somme des valeurs absolues des
élasticités-prix des demandes d'exportation et d'importation est
supérieure à 1. Dans le cas contraire, elle
détériore ou n'a aucun effet sur la balance commerciale nominale.
De même, durant la période des taux de change fixes, l'état
des balances courantes était retenu comme ce qui influençait le
taux de change.
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point de vue est aussi soutenu par Fleming (1962).
D'après cette théorie, les devises sont demandées
essentiellement pour acheter des biens et services étrangers. L'offre de
devises correspond alors aux revenus d'exportation. Cette théorie est
donc basée sur les paiements courants avec l'étranger. Ainsi les
pays à monnaie faible sont ceux qui ont une balance commerciale
déficitaire. A l'opposé, les pays dont la devise est forte sont
caractérisés par un solde extérieur positif. Ceci serait
compatible avec ce qui a été observé au Japon. Ce pays a
connu des excédents structurels à l'égard des
États-Unis au cours des années 80 et 90. Il en a
résulté une appréciation substantielle du yen
comparativement au dollar.
1.1.2 Le taux de change et la parité absolue du
pouvoir d'achat (PAPA)
La théorie de la parité des pouvoirs d'achat
(PPA) explique les taux de change par les niveaux relatifs des prix entre pays.
Soutenue par David Ricardo (1817), la théorie de la PAPA défend
l'idée que « la valeur de la monnaie est partout la même
». Cela signifie que, à l'équilibre, le taux de change doit
refléter l'égalité du pouvoir d'achat des deux devises
considérées. En régime de taux de change fixe, si le prix
réel des biens diffère d'un pays à l'autre, la demande
supplémentaire de biens dans le pays où ils sont « le moins
cher » va engendrer un accroissement des prix ; il y a ajustement du taux
de change par les prix. Dans le cadre du flottement des cours de change, il y a
ajustement au différentiel de prix par la variation des cours de change.
Les variations du taux de change reflètent donc le différentiel
d'inflation. Gustave Cassel (1922) définit le niveau du taux de change
nominal d'équilibre comme celui qui assure la parité du pouvoir
d'achat entre deux monnaies. Cela comporte deux versions qui sont la
parité absolue du pouvoir d'achat (PAPA) et la parité relative du
pouvoir d'achat (PRPA).
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La version de la PAPA se formule comme suit :
' (1.1)
avec
et : respectivement les niveaux des prix domestique et
étranger à la période t.
: le taux de change à la période t qui exprime
le nombre d'unités de la monnaie domestique requis pour une unité
de devise étrangère.
e e P *
e
P S
t ? 1 t ? 1
t ? 1
. P *
L'équation (1.1) exprime une condition de non arbitrage
ou d'équilibre. La PAPA prévaut si on considère des biens
échangeables et parfaitement identiques. Cette version se réalise
en l'absence de toute forme d'entrave au commerce international (taxes
douanières, barrières non tarifaires...) et en négligeant
les coûts de transport ainsi que les coûts d'information.
?
La PAPA implique la parité relative du pouvoir d'achat
(PRPA). Ainsi à partir de l'équation 1.1 relative á la
période t, on exprime sa forme anticipée pour la période
t+1. Ensuite on fait le rapport des deux équations et on aboutit
à ceci :
? P e ?
t ? 1
log ? ?
? S P * ? ? e
t ? 1 t ? 1
? log ? ? ? log ?
*
(1.2)
? S t ? ? P t
t.
Pt St
En appliquant la transformation logarithmique aux membres de
l'équation (1.2), on obtient : ? P t ?
e . . (1.3)
On peut définir les changements anticipés en %
entre t et t+1 dans le niveau des prix domestiques, dans le niveau des prix
étrangers (avec astérisques) et dans la valeur du taux de change
comme suit:
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alors l'équation (1.3) peut être reformulée
comme suit :
. (1.7)
Pour des valeurs numériques suffisamment faibles,
l'équation (1.7) peut être approximée comme suit:
. (1.8)
L'équation (1.8) constitue la condition de
parité relative des pouvoirs d'achat (PRPA). Ainsi si le taux
d'inflation domestique anticipé est supérieur au taux d'inflation
étranger anticipé, alors le marché va anticiper une
dépréciation de la monnaie domestique entre t et t+1.
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