4.4. Les causes du stress au travail
Après avoir défini le stress historiquement et
physiologiquement il faut se demander quelles sont les causes du stress au
travail.
Pour répondre à cette question il semble essentiel
d'introduire la notion de stresseur.
4.4.1. Définition
Au sens général du terme, les stresseurs (agents
stressants) correspondent à tous les évènements,
situations, conditions de vie, pressions de l'environnement (exemples :
problème à résoudre, difficultés relationnelles)
qui créent du stress.
Pour être plus précis la notion de stresseur
correspond aux différents problèmes rencontrés par une
personne au niveau professionnel, familial et social, comme la quantité
d'informations à traiter par unité de temps, le nombre et
l'importance des décisions à prendre, la charge professionnelle,
les décalages entre le travail prescrit et le travail réel,
l'inadéquation entre le type de travail et les désirs d'une
personne, les différents changements de la vie, les difficultés
relationnelles ou bien une maladie.
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4.4.2. Classification des stresseurs
Il existe de nombreuses classifications des stresseurs.
? Les stresseurs physiques (environnementaux et
physiologiques)
Les stresseurs physiques causent une tension ou une contrainte
sur notre corps. Nous pouvons citer comme exemple les blessures, les maladies
chroniques, la douleur ou encore le manque de sommeil.
? Les stresseurs psychologiques
Les sentiments, les craintes, les décisions, les
ennuis, les frustrations, la confiance ou l'estime de soi sont des stresseurs
psychologiques. Ce sont des évènements, situations, individus ou
commentaires négatifs ou dangereux. Le MERM est confronté en
permanence à ce type de stresseur. Pour citer les plus évidents
on pourrait dire les cadences de travail trop élevées, le
sentiment d'abandon de la part de la hiérarchie, une mauvaise entente
avec les collègues de travail ou encore un sentiment de non
reconnaissance face au travail effectué.
? Les stresseurs organisationnels et sociaux
Lorsqu'on demande aux travailleurs quels sont selon eux les
stresseurs responsables de leur stress au travail, ceux-ci sont le plus
fréquemment cités. Effectivement, ils sont les plus
médiatisés et permettent de surcroit de se plaindre de sa
hiérarchie. Landier et Labbé ont proposé en 2005 un
modèle qui permet de mesurer le climat social d'une entreprise. Ils
proposent 32 irritants regroupés en cinq familles :
A : stresseurs liés à l'incertitude et à
l'imprévisibilité au travail
B : stresseurs liés au manque de reconnaissance
C : stresseurs liés aux relations interpersonnelles
D : stresseurs liés aux problèmes de
communication
E : stresseurs liés aux changements et aux valeurs
F : stresseurs liés au job design
Pour revenir à des exemples plus concrets on peut citer
le rapport avec la famille et les amis, les rapports avec sa hiérarchie
et collègues de travail, la contrainte de temps, les exigences et
attentes des autres.
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? Les stresseurs absolus et relatifs
Les stresseurs absolus sont facilement compréhensibles,
objectifs et universellement reconnus comme stressants. Tout individu va
réagir à ce type de stresseur. Comme exemple nous pouvons citer
un tremblement de terre ou un tsunami.
Les stresseurs relatifs sont quant à eux subjectifs,
ils dépendent de la personne qui les subi. Ils causent
différentes réactions chez différentes personnes. Comme
exemple nous pouvons citer la pression au travail ou le passage d'un examen,
certains le verront comme une simple formalité, d'autres s'en rongeront
les ongles d'appréhension.
? Les stresseurs aigus et chroniques
Les stresseurs aigus correspondent à des crises ou
à des situations de vie critiques et comportent souvent un
caractère dramatique d'intensité et de
sévérité. Ce sont des conditions extrêmes et rares,
elles correspondent à des exceptions qui ne sont ni quotidiennes, ni
communes. Ces situations de crise ont une fréquence d'occurrence
très basse dans la population et dans le temps. Elles sont donc peu
représentatives du cours habituel voir « normal » de la vie
d'un individu. Attention à ne pas penser que ces situations sont
inexistantes, elles ont juste une faible prévalence. Holmes et Rahe ont
représenté quantitativement les stresseurs aigus en mettant en
place une échelle (Annexe 2), Rahe, Q.H., Holmes, T.-H. (1967), The
Social Reajustment Rating Scale, Journal of Psychosomatic Research, 11,
213-218.).
Cette échelle gradue de 11 à 100 l'effet
stressant que peuvent avoir des situations de la vie. Il faut ensuite
additionner chaque évènement et selon le résultat ils ont
établi une relation entre les événements de la vie et le
degré du stress chez un individu ainsi que de l'impact de ces niveaux de
stress sur la santé. Ainsi ils écrivent que de 0 -150 points il
n'y a pas de risque de maladies ou d'accidents, de 151 - 199 points il existe
30-35% de risques de maladies ou d'accidents, de 200 - 299 points on passe
à 50-55% de risques de maladies ou d'accidents, et pour finir de 300
points et plus on atteint 80% de risques de maladies ou d'accidents.
Les stresseurs chroniques sont des conditions ou situations
durables, stables, communes, qui ne sont pas subites, urgentes ou
imprévues. Ils réfèrent au quotidien et au style de vie de
l'individu. Ces situations prises seules non pas d'importance ; c'est
l'accumulation de ces situations qui va graduellement contribuer à
créer un climat de tension engendrant ainsi du stress chez l'individu.
Il faut comprendre par-là que ce qui confère à ces
évènements un risque élevé d'engendrer le stress
est la récurrence et l'effet cumulatif qui s'ensuit.
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C'est seulement à la suite de l'accumulation, lorsque
le stress est présent, que ces stresseurs sont identifiables,
d'où la difficulté de mettre en place des actions à leur
égard.
? Sharpe et Lewis (1978)
Ils ont définis six classes de stresseurs.
Les stresseurs de performance : ils sont en rapport avec la
réalisation d'un travail physique et mental où interviennent des
situations d'évaluation, les rôles sociaux et les attentes
à l'égard de soi-même.
Les stresseurs de menace : ils sont en rapport avec des
situations personnelles ou sociales. Ils sont perçus comme dangereux
pour le soi physique et psychologique car ils portent atteinte à
l'estime de soi, l'image de soi, à la satisfaction des besoins
fondamentaux, et à l'équilibre dépendance-autonomie.
Les stresseurs d'ennui : ils sont associés à des
situations routinières dans lesquelles l'individu sent qu'il manque de
stimulations. Ils concernent les divers secteurs de la vie d'un sujet.
Les stresseurs de frustration : ils sont en lien avec des
situations perçues comme indésirables et sur lesquelles
l'individu ne peut exercer son contrôle. Exemple : toute forme
d'impuissance physique comme la maladie ou sociale comme l'injustice.
Les stresseurs de perte ou de deuil : ils sont dus à la
perte d'une personne aimée ou d'une dimension valorisée comme par
exemple l'argent, le travail ou la jeunesse.
Les stresseurs physiques : voir stresseurs physiques
explicités plus haut.
Nous savons maintenant ce qu'est le stress, mais pourquoi le
MERM stress-t-il ?
Voici mon raisonnement :
L'imagerie médicale n'est pas par définition un
secteur de l'urgence.
Le MERM est peu confronté aux situations d'urgence.
Il n'y a pas de répétition de ces situations par
le MERM.
Or plus une situation est rencontrée, donc
répétée, meilleure sera la réaction du MERM lors de
sa
prochaine apparition.
Dans cette troisième partie est introduite la notion de
répétition, essentielle à l'amélioration de la
gestion du stress par le MERM. Nous parlerons aussi des outils
mis à disposition du MERM lui
permettant d'apprendre à gérer son stress.
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