2/ ETAT DE LA QUESTION
La question de la déscolarisation encore
désignée sous les termes de déperdition scolaire
ou de non maintien de la scolarité a fait l'objet de plusieurs
recherches à divers niveaux.
Au niveau régional, elle constitue une
préoccupation majeure de grandes organisations sous régionales
qui s'associent dans la recherche de solutions appropriées au
phénomène. Ainsi, depuis 1990 à la
conférence de Jomtien (Thaïlande), la scolarisation
des filles mobilise les différents acteurs impliqués dans les
systèmes éducatifs. Des programmes pour la promotion de la
scolarisation des filles ont été mis en oeuvre dans maints pays.
Au Forum mondial de l'éducation organisé par l'UNESCO et tenu
à Dakar (Sénégal) en avril 2000, le rapport des travaux
fait remarquer la marginalisation des filles par rapport à la
scolarisation. Ce rapport précise que 60% des enfants non
scolarisés des pays en développement sont des filles.
A l'échelon national, chaque gouvernement est
conscient de l'ampleur prise par le phénomène de la
déscolarisation, particulièrement celle des filles, et veille
à l'application des mesures prises pour le freiner. La Table
ronde du secteur de l'éducation tenue à Cotonou en
décembre 1996 indique qu'au niveau national, et en 1996, l'effectif
total des élèves au primaire, était de 719 130 dont
457 178 garçons contre 261 952 filles avec un ratio par
rapport au total de 0,36(MENRS-DAPS-SSGI & PROJET CLEF).
Au plan local, plusieurs recherches de terrain
menées par des chercheurs de tous ordre ont permis de suivre
l'évolution du phénomène dans l'espace et dans le temps.
Cela a également permis de mieux appréhender quelques facteurs et
fondements socio-anthropologiques de la déscolarisation dans leur
spécificité géographique et culturelle. En 2001 par
exemple, en comparant les départements du Bénin, il ressort que
le Mono vient en tête avec un taux brut de 96,95%, l'Atlantique avec un
taux de 85,69%, ensuite le Zou avec 82,57%, l'Ouémé 80,40%,
l'Atacora 65,55% et le Borgou vient en dernière position avec un taux de
58,04%(SSGI/DPP/MEPS 2002). Tous les chercheurs dans ce domaine s'accordent
sur le fait que la déperdition scolaire concerne aussi bien les
garçons que les filles. Mais les différents résultats
d'enquêtes révèlent que les abandons scolaires sont plus
nombreux chez filles et varient d'une localité à une autre. En
général lorsqu'il est question de scolarisation, les
écarts entre les chiffres sont défavorables au sexe
féminin. Au cours des années 2002 - 2004, il a été
recensé au Bénin, 1 233 214 écoliers dont
717077garçons et 516137 filles (41,85%). Le taux net de scolarité
pour la même période était de 83,6% pour les deux sexes,
96,69% pour les garçons contre 70,51% pour les filles
(UNESCO-iipe/2005/O. AKPAKA et A. GNIMADI).
A la rentrée 1994-1995, la commune de
Sinendé comptait 2700 écoliers dont 1838 garçons et 862
filles (32%). Le taux brut de scolarité était de 24,5% pour les
deux sexes, 32,8% pour les garçons et 14,9% pour les filles.
(UNESCO-iipe/2005/O. AKPAKA et A. GNIMADI). Signalons que, même si ces
chiffres, n'expriment pas clairement le phénomène de
déscolarisation des filles, ils représentent des indicateurs qui
font ressortir l'aspect genre de la problématique de scolarisation et de
sa variation dans l'espace et dans le temps.
Toujours dans la commune de Sinendé, et dans la
période 1999-2000, on avoisinait déjà la parité
dans les effectifs des classes dans les écoles : globalement 45% de
filles contre 55% de garçons. Entre les classes de CI et celles du CE2,
cette tendance est renversée dans le rapport-billan
intitulé "scolarisation de la fille : la
réussite de Sinendé au Bénin"(UNESCO-iipe/2005/
O. AKPAKA et A. GNIMADI). Mais dans cette même période le seul
collège de la commune comptait pour la classe de 6èm,
244 élèves dont 55filles soit 22,5%.(circonscription scolaire de
Bèbèrèkè-Sinendé. Sept-2000). Sur les 55
filles, seulement 04 filles soit 1,64% de l'effectif total et 7,27% du total
des filles (enquête de terrain), provenaient des écoles des
localités environnantes du chef lieu de la commune.
On remarque ainsi qu'il existe vers la fin du cycle
primaire un écart d'effectif non seulement entre les filles et les
garçons mais aussi entre les filles du centre de la commune et celles de
ses localités périphériques. Pour mieux comprendre cette
déperdition importante dans les effectifs féminins à la
fin du cycle primaire, l'hypothèse suivante servira de fil
conducteur.
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