I/ PROBLEMATIQUE ET ETAT DE QUESTION
1/ LE PROBLEME
Dans les communautés traditionnelles
« BAATONU » du Bénin et particulièrement dans
la commune de Sinendé, la fille/femme, dans son double rôle
d'épouse et de mère reconnue, est soumise aux effets d'un certain
nombre de représentations socio-culturelles. Ces représentations
qui sont de nature incompatibles aux normes de l'école
prédisposent les filles à déperdition.
Les premières observations ont permis de
constater que les communautés traditionnelles ont toujours établi
des relations entre la scolarisation d'une fille et son statut de femme au sein
de ces communautés :
- La scolarisation de la fille perturbe le processus
devant la conduire au mariage coutumier.
- La scolarisation de la fille rend difficile la
création ou la consolidation des liens familiaux.
- La scolarisation de la fille défavorise les
activités de production des ménages. C'est un investissement
à l'avance perdu pour ses parents etc.
Ce sont ces genres de représentations sociales
de la fille/femme qui, d'une façon générale concourent au
non maintien des filles dans les écoles.
Au Bénin et particulièrement dans la
commune de Sinendé, l'offre officielle à l'éducation
formelle ne tient pas compte du sexe. Cependant, la commune de Sinendé
est classée parmi celles qui, sur le plan national, possèdent les
plus faibles taux de scolarité. Elle connaît également les
plus grandes disparités sexuelles dans les classes au moins jusqu'en
1994, où le projet Education et Communauté (EDUCOM) a
démarré ses activités en faveur de la scolarisation des
filles dans cette commune. Mais malgré les efforts
déployés par ce projet, moins du quart des filles inscrites en
première année du primaire (CI) , parviennent en fin de cycle (
CM2) . Cette situation peut s'expliquer par le fait que les parents acceptent
envoyer leurs filles à l'école, mais leur offrent très peu
de chance de parvenir à la fin du cycle. Où encore, que ces
parents leur accordent très peu d'intérêt au sein du
système scolaire. Car les communautés restent encore
attachées aux normes socio-culturelles traditionnelles,
conservées et sauvegardées par une autre forme
d'éducation : l'éducation traditionnelle.
Nous avons alors en présence, dans un
environnement à très forte majorité paysanne, deux
différentes formes d'éducation, et donc deux différentes
formes d'écoles entre lesquelles la fille écolière est
différemment perçue sur les plans social et culturel. Dans ce
contexte de dualité culturelle, le tableau est alarmant lorsqu'il s'agit
de parler de la scolarisation des filles.
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