2.2- La division sexuelle du travail.
Comme nous l'avons dit plus haut, en dehors des heures
de classe, l'emploi du temps de la fille dès l'âge de 6 ans est
le même que celui d'une femme adulte qui la considère comme une
aide dans toutes ses activités de production (assistance des nourrisses
et gardes de bébés). En milieu Baatonu, une femme qui ne dispose
pas en permanence à ses côtés de l'assistance et de l'aide
d'une fillette ne tarde pas à négocier voire exiger l'adoption
d'enfant auprès des autres parents surtout auprès de ses
frères. Le rôle des filles dans le ménage est très
capital aussi bien pour le père qu'elles aident dans les
activités agricoles que pour la mère qu'elles aident à
faire les travaux ménagers de toutes sortes et à rentabiliser les
activités économiques de cette dernière.
Contrairement aux filles, les garçons eux, de
retour des classes, ont le temps de s'amuser, de jouer avec leurs camarades ou
réviser les leçons en attendant le repas familial et l'heure de
retour pour les classes. Les garçons sont sollicités seulement
les jours de repos pour aider les parents au champ.
2.3- LES FACTEURS ECONOMIQUES
La commune de Sinendé n'est pas en marge de ce
phénomène national du manque d'enseignants qualifiés qui
perdure depuis plus d'une décennie suite au gèle du recrutement
dans la fonction publique. Les premières victimes de cette situation
sont les écoles des contrées rurales. Dans ces localités,
les acteurs locaux de l'éducation se battent non seulement pour avoir
l'autorisation de création d'une école, mais aussi pour doter les
écoles déjà existantes en enseignants qualifiés de
la fonction publique. La commune compte 29 écoles dont deux (02)
disposent chacune de 02 enseignants titulaires permanents et les 27 restantes,
soit plus de 93% ne disposant chacune que d'un seul enseignant permanent
émargeant au budget national . Autrement dit, en dehors du Directeur
d'école, le reste de l'effectif des enseignants est composé de
contractuels de l'Etat ou d'enseignants communautaires prêts à
rompre le contrat à tout moment, dès qu'une meilleure situation
s'offre à eux. La contribution des Associations des Parents
d'Elèves (A.P.E) est déterminante dans le recrutement et la prise
en charge des compléments d'effectifs d'enseignants. Ceci
nécessite la mobilisation de fonds communautaires dont la collecte n'est
très souvent pas aisée.
Les frais de scolarité.
La principale conséquence de cette
déficience d'enseignants est l'instauration de diverses et
fréquentes cotisations et souscriptions par les parents
d'élèves. Or, le revenu financier de la quasi totalité de
la population (99,44% selon le rapport-2005-2006 du CeRPA-Borgou/Alibori) est
annuel et dépend de l'agriculture qui est une activité
économique aléatoire. Signalons que de façon officielle,
les filles sont épargnées de la contribution scolaire, mais elles
ne sont pas pour les fréquentes cotisations et souscriptions oscillant
entre 200 et 500 CFA et variant d'une école à une autre. Dans une
même école, ces cotisations varient d'une classe à une
autre selon la qualité intellectuelle de l'enseignant et aussi selon
l'effectif des élèves inscrits dans la classe
considérée. A ces souscriptions, il faut ajouter les frais
d'inscription en début d'année, les fournitures scolaires et
l'argent pour le repas de la récréation tenant lieu de petit
déjeuner. A Sinendé le nombre moyen d'enfants par ménage
est de sept (Recherche-action sur la scolarisation des filles à
Sinendé Rapport technique n°2). Dans ces conditions, il est
aisé de comprendre pourquoi cette charge financière est
difficilement supportée par un ménage paysan.
Les acteurs communautaires de l'école attendent
de voir à ce niveau, l'impacte de la gratuité de l'enseignement
maternelle et primaire sur la motivation des parents à maintenir les
filles à l'école. Car face aux réelles et persistantes
difficultés matérielles et financières de ces
écoles la contribution de tous les parents est impérativement
sollicitée. Dans certaines localités de la zone d'étude
(à Sékokparou et à Kossia par exemple), 13 sur 35 parents
questionnés par rapport à la gratuité ont avoué que
face aux problèmes urgents de leur école, ils prennent
l'initiative de continuer à souscrire. « Nous faisons sans
demander l'avis du directeur de l'école. Car les aides du gouvernement
tardent à venir pendant que nos enfants sont en difficulté.»
La vie scolaire des filles dans cette
communauté se trouve confrontée à ces principaux facteurs
qui viennent d'être énumérés et qui selon toute
analyse constituent les bases des fondements socioculturels de la
déperdition scolaire des filles en milieu de vie
communautaire.
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