6.1. Faiblesses du système financier
congolais
Le système financier du pays a été
durement touché par les effets de la guerre, l'instabilité
politique, et la politique monétaire peu prévisible. Le niveau
d'intermédiation financière est faible : le crédit est
essentiellement informel, et le crédit bancaire formel au secteur
privé représente moins de 3 % du PIB. (Sumata C, 2015,
op.cit.).
Les services bancaires aux particuliers sont en
général peu développés, et la plupart des banques
agissent comme des agents financiers du gouvernement ou n'octroient des
crédits qu'aux institutions internationales opérant dans le pays.
(Cf. point n°6Q).
Les banques commerciales étrangères dominent
l'industrie en tant que pourvoyeurs de financements pour les secteurs des mines
et du pétrole. 90 pour cent des dépôts globaux et 95 pour
cent des prêts étaient détenus en devises
étrangères en 2008, bien que ces tendances aient connu un
changement au début de 2009 dus aux faibles revenus d'exportations.
(Muanda N, 2014, op.cit.).
Le secteur financier a été aussi touché
de manière négative par la crise financière mondiale et il
demeure fragile, avec un ratio capital-risque d'environ 15 pour cent vers la
fin de septembre 2009, une hausse du taux de 11 pour cent par rapport à
l'année précédente. Le ralentissement économique a
réduit les dépôts institutionnels, alors qu'un taux
d'inflation élevé et un taux de change instable ont permis une
plus grande dollarisation de l'économie.
L'accès aux services bancaires, tant pour les
entrepreneurs que pour les particuliers, est très limité et est
souvent réservé aux nantis. La RDC a l'un des plus faibles taux
de pénétration bancaire au monde, avec six comptes de
dépôts seulement pour 1 000 adultes, et les prêts bancaires
aux particuliers représentent moins de 5 % de toutes les
opérations de prêt des banques.
Au total, 12
institutions de micro-finance (IMF) opèrent dans le pays, avec une
pénétration globale d'à peine 0,3 succursale pour 100 000
adultes. Les prêts et les dépôts dans le secteur de la
micro-finance ont cependant enregistré une croissance de 50 % entre 2005
et 2007. La solidité et la vulnérabilité du système
bancaire demeurent toujours une question importante. Bon nombre de banques ont
été incapables de respecter le niveau de liquidité
exigé. Le ratio de prêts à faible rendement par
rapport aux prêts bruts globaux est passé de 2,77 pour cent
en 2008 à 10,6 pour cent en septembre 2009, bien que ceci puisse
être attribué, en partie, aux améliorations de l'exactitude
des comptes rendus. Trois banques locales ont également montré
des signes de détresse et ont besoin d'une recapitalisation. Les
autorités ont récemment entrepris plusieurs processus de
réforme du secteur financier dans le but de renforcer la supervision du
secteur bancaire et la conformité avec des règlements
prudentiels.
Ces réformes envisagent un plan de
réorganisation et de restructuration pour le secteur bancaire, et le
renforcement des ratios prudentiels et la supervision du secteur. Les
autorités du pays effectuent maintenant des paiements aux fournisseurs
domestiques et des collectes des recettes fiscales en monnaie locale au
détriment des paiements en devises étrangères dans le but
de mettre fin à la dollarisation de l'économie et d'encourager le
développement du marché des capitaux.
Aucun marché boursier n'opère dans le pays, mais
un petit nombre de sociétés de capital-investissement
investissent activement dans l'industrie minière. Le marché des
capitaux de la RDC est composé essentiellement de titres d'État.
En l'absence d'un marché des titres d'emprunt dans le pays, le
marché des instruments à taux fixe est limité à
l'émission des bons du Trésor émis par l'Etat avec des
échéances allant jusqu'à 28 jours qui sont
dématérialisés et négociés par
l'intermédiaire des banques commerciales. Jusqu'en avril 2011, le
pays n'avait reçu aucune notation à long terme de la part des
agences principales de notation.
L'accès au marché primaire est limité aux
banques commerciales détenant des comptes titres à la banque
centrale et tous les investisseurs, y compris les investisseurs institutionnels
et individuels, doivent soumettre des offres à travers des banques. Les
banques commerciales, qui dominent la base d'investisseurs, peuvent
également effectuer des négociations relatives aux bons du
Trésor sur le marché secondaire, mais elles doivent afficher
l'offre et demander des prix pour lesquels elles acceptent d'effectuer des
transactions. Il n'existe pas de marché des produits
dérivés dans le pays.
La base d'investisseurs institutionnels est peu
développée, avec une compagnie d'assurance et un fonds de
retraite étatique. La RDC pâtit de la faiblesse et de la
fragilité de son infrastructure financière. Les systèmes
nationaux des paiements ne sont pas régis par une législation
centrale, bien qu'un processus de réforme juridique soit en cours
d'engagement par le Comité national des paiements et des
règlements.
La RDC dispose d'un bureau du crédit, placé sous
le contrôle de la banque centrale, mais ce bureau opère
manuellement et est généralement considéré comme
inefficace, avec relativement peu de clients et desservant essentiellement les
clients institutionnels pouvant prétendre à d'importants
prêts.
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