WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse qualitative de l?abandon de taekwondo de compétition chez les jeunes de haut niveau en tunisie

( Télécharger le fichier original )
par jihed abdouli
Institut Supérieure du Sport et de l'éducation physique GAFSA  - Mastère de recherche en sciences humaines et sociales appliqués aux activités physiques et sportives 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2. Les sports de combat comme porteurs de l'identité masculine :

Le sport implique nécessairement le corps ; dès lors nous adoptons totalement la position de (Fraisse Geneviève, 1996) rappelant qu'on ne saurait « penser le corps sans son sexe, sans la sexuation ».

S'agissant d'activités physiques, c'est peu de dire que « la différence des sexes ne peut y être neutralisée » (Fraisse, 1996). Les pratiques sportives sont sexuées, on y observe une distribution différentielle des deux sexes dans les activités, les fonctions d'encadrement et de responsabilités ; cette sexuation est un processus historique toujours opérant. Il apparaît que certains sports ont été de longue date investis par les femmes : les danses, les gymnastiques, la majorité des modalités de l'équitation ; d'autres, tels les sports de glace, la natation ou l'athlétisme (à quelques disciplines près) se sont féminisés assez rapidement au cours du XXe siècle. D'autres, en revanche, ne se sont guère féminisés : la lutte, le cyclisme, le football, l'haltérophilie, les sports de combats ...

La distribution des hommes et des femmes dans les sports, les pratiques choisies, les niveaux d'engagement, les goûts sportifs sont en parfaite homologie avec la division sexuée de toutes les formes de travail -- des espaces et plus généralement des pratiques sociales. Les sports sont sexués comme le sont les métiers, les fonctions, les niveaux de responsabilités. Par exemple, quand il s'agit de sport de combat, un sport qui est dur physiquement, mais aussi un sport qui exige des compétences techniques, des compétences scientifiques, des savoir-faire techniques, il s'agit aussi d'une activité se déroulant dans un espace risqué, sa pratique devient très peu investie par les femmes. La durabilité de cette sexuation des sports et des pratiques sociales, est en partie liée aux représentations dominantes de la féminité. Ce qui est en cause, ce sont les normes de la féminité dont on sait qu'elles s'énoncent principalement à partir des apparences. L'« être au féminin », c'est-à-dire ce qui est considéré comme faisant la femme, est souvent réduit à l'« être perçu » (Bourdieu 1998). La caractérisation de la féminité est inéluctablement rapportée au corps des femmes pour lequel des canons fonctionnent. Aujourd'hui, si peu de femmes choisissent ces sports « de tradition masculine » (du rugby au cyclisme en passant par le vol libre, le sport de combat, pour ne citer que quelques exemples), c'est certainement qu'ils ne s'accordent pas avec les catégorisations spontanées à partir desquelles hommes et femmes jugent ce qui convient ou non à une femme, c'est qu'ils s'accommodent mal avec le modèle dominant de la féminité dans notre culture. L'assignation au masculin de certains sports, tenace à l'échelle de l'histoire, devient intelligible en prêtant attention aux aptitudes physiques que ces sports requièrent, aux rapports au corps et aux engins qui s'y mettent en jeu, aux caractéristiques techniques et spatiales qui sont les leurs... Ainsi, montrer ou exercer sa force, se livrer à un combat, porter ou recevoir des coups, la prise de risques corporels... autant d'attributs pratiques ou symboliques donnés comme inconvenants avec la féminité, que les femmes semblent ne pas pouvoir faire leurs et qui appartiendraient donc, en propre, à la masculinité. Deux modèles de femmes sont donnés comme positifs : la femme-mère et la femme bel objet. La fonction maternelle et l'esthétique sont des références fondamentales, sinon fondatrices de l'implication des femmes dans certaines pratiques physiques (des formes d'activités et d'exercices préconisés... Ce sont ces mêmes images qui sont convoquées quand il s'agit de proscrire des activités jugées « dangereuses » pour les organes féminins ou trop « violentes » (par exemple les courses à pied ou les sports collectifs au début du XXe siècle). La troisième représentation est celle de la femme virile. Celle-ci, au contraire des deux autres figures, est donnée comme modèle repoussoir. Si la référence à la mère s'est peu à peu estompée au fil du temps (ou se manifeste autrement, la préconisation du « travail du giron » est devenue rare, penser l'organisation des pratiques avec des garderies pour les enfants est très fréquent), la femme bel objet et la femme virile sont en revanche des références fortement récurrentes qui ont traversé le siècle. Les sportives, a fortiori de haut niveau et dans les sports historiquement masculins, subissent ce que nous tenons à appeler un procès de virilisation. Encore une question récurrente dans l'histoire de l'accès des femmes aux sports, mais qui dépasse complètement l'univers des pratiques sportives. Cette qualification accompagne l'histoire de l'accès des femmes à des fonctions socialement dévolues aux hommes. Dans le sport, la référence à la virilisation persiste largement aujourd'hui. Ainsi, dès que les sportives dérogent au « féminin » quant au sport choisi, elles font « un sport d'homme ». C'est le cas par exemple pour le sport de combat, le rugby. La référence à la femme virile apparaît encore pour celles qui ont un signe sexuel secondaire habituellement, culturellement assigné aux hommes, « trop de muscles », les épaules « trop carrées », « pas assez de poitrine » ou bien des hanches gommées. Celles-là ont des apparences considérées au mieux comme « androgynes », elles sont immédiatement suspectées sur leur identité de femme : « Ce ne sont pas de vraies femmes », « Le sport menace leur beauté »,« Elles sont hommasses », ou encore, désignation banalisée et qui se veut parfois élogieuse, « des garçons manqués ». De nombreuses sportives posent, malgré elles, et de façon cruciale, la question des contours de la masculinité et de la féminité. Elles provoquent, involontairement le plus souvent, du désordre dans l'ordre des catégories et des rapports de sexe. Être pareil -- qui est bien autre chose que faire pareil -- est une perspective insoutenable et impossible.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire