3. L'abandon sportif dans une
« macro-perspective » : l'influence des rôles
sociaux liés au genre et du « typage » sexué
des activités sportives dans le cadre de la théorie de
Bem :
Certains cadres théoriques se sont appuyés sur
le concept du genre afin d'expliquer le phénomène de l'abandon
sportif. La théorie de Bem figure parmi les approches les plus
célèbres. Ces caractéristiques conceptuelles nous
amènent à améliorer nos connaissances sur le processus et
les variables qui aboutissent à l'abandon sportif. Héritier
(1996) avance que toutes les cultures humaines sont basées sur une
classification dichotomique des sexes. Même si les peuples
diffèrent entre-eux quant au contenu des perspectives et attributions de
rôles propres à chacun des sexes (Cross & Madson, 1997), tous
sont gérés sur ce principe organisateur majeur.
3.1. La construction sociale des identités
sexuées :
La distribution des hommes et des femmes dans les sports et
les différences de participation, d'investissement et d'engagement entre
les hommes et les femmes semblent davantage la conséquence d'une
socialisation des rôles sexués que d'une différence
d'aptitudes naturelles (e.g.,Bem, 1981). Nous sommes encore aujourd'hui dans
une « construction sociale, qui réglemente les
représentations et les pratiques « acceptables » du corps, et
perpétue la division des rôles. Aux hommes le« faire »,
aux femmes le « plaire » ». (Catherine Louveau-1981). Cette
sexuation est un processus historique toujours opérant. Certains auteurs
(e.g.,Davisse & Louveau, 1991) avancent que la socialisation se construit,
dans le cadre de différentes activités, à partir
d'encouragements, de découragements, de suggestions, de comportements...
Dans ce sens, certains chercheurs (Fontayne, Sarrazin & Famose, 2002)
postulent que le choix des activités présuppose un degré
de cohérence entre le sexe et l'activité. Bourdieu (1998) indique
que le processus de socialisation selon le sexe (le « typage selon le sexe
») aboutit à l'élaboration de schémas cognitifs qui
sont perceptibles dans les représentations sociales, les discours des
acteurs privés, publics et associatifs, mais aussi au sein des familles,
des écoles et des médias. Ces schémas guident le choix des
individus, au point que leur participation à une activité
dépend de leur perception de cette activité comme étant
appropriée ou non à leur sexe. Généralement, chaque
culture dirige et encourage certains comportements et activités
considérés comme des caractéristiques appropriées
ou non pour chaque sexe (Cross & Madson, 1997). De plus, elle donne
à voir les contours de la féminité et de la
masculinité (changeant selon les époques et les cultures) et leur
acceptation sociale. Maccoby et Jacklin (1974) avancent, que les individus
continuent d'apprendre les comportements masculins et féminins conformes
aux standards sociaux tout au long de l'enfance et de l'adolescence. Par
exemple, certains chercheurs indiquent que les filles, pendant leur enfance,
consacrent plus de temps à des activités interpersonnelles, aux
tâches domestiques, aux soins du corps, et ont moins d'activités
sportives (e.g.,Davisse, 2006). Conformément aux standards sociaux, il
est attendu ainsi de la part des femmes qu'elles se montrent sensibles et
tendres, alors qu'il est attendu des hommes qu'ils soient athlétiques,
autoritaires et qu'ils aient confiance en eux (e.g.,Bem, 1983).«
L'histoire des femmes a d'abord été une histoire de leur corps
» rappelait Michelle Perrot (1984), corps sexuel, de la
maternité» c'est pourquoi, les filles ne doivent apprendre un sport
qui exige de la force et de la puissance, puisque la référence
à la mère s'est peu estompée.
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