2.2. Les antécédents de
l'engagement :
L'un des postulats fondamentaux développés par
Thibaut & Kelley (1959) est de considérer l'individu comme un
calculateur rationnel des plaisirs et des souffrances, qui cherche à
gagner le maximum de profit avec un minimum de rendement autrement dit de
maximiser les expériences positives et à minimiser les
négatives. Dans cette perspective, les individus maintiennent une
relation ou continuent une activité aussi longtemps que les
résultats de la participation sont favorables. Le caractère
favorable ou non de l'activité est déterminé par la
balance entre les récompenses et les coûts.
Récompenses et coûts sont des termes génériques
utilisés pour faire référence à la
variété des conséquences potentielles. Dans le domaine
sportif, les récompenses peuvent représenter des
conséquences tangibles comme l'argent, ou les trophées, mais le
plus souvent, elles sont d'ordre psychologique, comme l'atteinte de buts
désirés, les sentiments de compétence et de
maîtrise, l'admiration et l'estime des autres (Smith, 1986). Les
coûts englobent également un ensemble d'expériences, comme
le temps et les efforts passés dans l'activité, les sentiments
d'échec ou de désaccord avec les autres, ou le sentiment d'un
manque d'autonomie. Dans la plupart des modèles, l'analyse
coûts/bénéfices est exprimée par une variable «
d'attractivité » comme la satisfaction (e.g.,Rusbult, 1980) ou le
plaisir (e.g., Scanlan, Carpenter, Schmidt, et al., 1993), résumant
l'expérience affective de l'individu pour une activité ou une
relation. Les individus seraient satisfaits ou aimeraient leur relation ou
activité, quand les bénéfices surpassent les coûts,
et l'insatisfaction surviendrait quand les coûts sont supérieurs
aux bénéfices. En retour, une satisfaction élevée,
est présumée être reliée à un engagement
important. Cependant, en accord avec Thibaut & Kelley (1959), la
décision de rester dans une relation ou une activité n'est pas
seulement basée sur le rapport entre les récompenses et les
coûts. Elle dépendrait aussi de la disponibilité et de
l'attrait pour des alternatives. Par conséquent, une personne
peut choisir de rester dans une activité sportive même si les
coûts sont supérieurs aux bénéfices, quand elle ne
perçoit pas d'alternatives disponibles. A l'inverse, un sportif peut
abandonner une activité même si les bénéfices sont
plus élevés que les coûts, dans le cas où il
perçoit des activités alternatives attirantes. Les
activités alternatives sont vastes. Il peut s'agir d'autres
activités sportives, d'autres loisirs, ou d'autres occupations (e.g.,
être plus souvent avec ses amis, etc.). Une troisième
catégorie d'antécédents de l'engagement réside dans
les « forces ou les barrières » qui sont supposées
retenir l'individu dans l'activité (Rusbult, 1980). Deux construits sont
inclus dans cette catégorie : les investissements personnels et les
contraintes sociales. Dans le domaine sportif, les investissements
personnels font référence aux ressources personnelles comme
le temps, l'effort, l'argent, que les individus mettent dans leur
activité, et qu'ils ne pourront plus récupérer s'ils
arrêtent celle-ci (Scanlan, Carpenter, Schmidt, et al., 1993). En guise a
conclure, que plus les investissements personnels sont importants, plus
l'engagement sera élevé. Autrement dit, plus un sportif a «
investi » dans son activité (en terme d'heure, d'année, ou
d'argent) plus il aura du mal à la quitter ; et inversement.
Néanmoins, l'importance relative de ces ressources peut varier d'un
sport à un autre. Par exemple, des sports comme le patinage artistique
ou l'équitation demandent un investissement financier beaucoup plus
conséquent que des sports comme le football ou la gymnastique. Les
contraintes sociales sont les dernières forces ou
barrières que l'on trouve dans certains modèles (e.g., Kelley,
1983). Ce concept fait allusion à la pression sociale qui peut pousser
un individu à participer à une activité ou à
maintenir une relation. Dans le domaine sportif, certains enfants ou
adolescents pratiquent uniquement pour faire plaisir à des autrui
significatifs comme les parents, l'entraîneur, ou les amis (Scanlan,
Carpenter, Schmidt, et al., 1993). Certains auteurs présument
l'existence d'une relation positive entre la perception d'une pression des
autrui significatifs et l'engagement, dans la mesure où l'individu ne
veut pas essuyer les reproches de son entourage, concomitants à son
arrêt (e.g., Kelley, 1983). Néanmoins, dans le domaine du sport,
des travaux ont montré qu'une pression excessive des autrui
significatifs induisait un stress excessif qui provoquait, au contraire, un
désengagement (e.g.,Scanlan & Lewthwaite, 1984). De plus, le
sentiment d' « obligation », vis-à-vis d'une activité
volontaire comme la pratique du sport, peut diminuer les perceptions de
contrôle et d'autodétermination (Vallerand, 1997), et conduire, en
retour, à un engagement plus faible. Par conséquent, la relation
entre les contraintes sociales et l'engagement est complexe, il apparaît
pertinent d'explorer davantage cette hypothèse lors de recherches
futures, d'où la présence d'un point d'interrogation entre ces
deux variables, en espérant à déterminer plus
spécifiquement l'importance de ce facteur.
En résumé, la théorie de l'échange
social a été utilisée dans certains modèles
théoriques afin d'expliquer l'engagement sportif et/ou l'abandon sportif
(Scanlan & Simons, 1992). Ces modèles ont pu mettre en
évidence certains processus et variables responsables de l'abandon
sportif. Ce dernier apparaît lorsque les coûts de la pratique sont
supérieurs aux bénéfices retirés de celle-ci chez
le sportif. L'abandon se déclenche également quand
l'athlète n'a pas réalisé l'équation
équivalente entre les coûts et les bénéfices, aussi
bien quand il a de fortes contraintes sociales et lorsqu'il a un niveau faible
d'engagement.
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